Tout était parfait. A cet instant précis, je ne regrettais rien. Rien ne devais changer. Chaque petit détail me plaisait. La neige délicate qui mouillait mes vêtements, le bruit du silence, le vide du parc, la noirceur de la nuit. Je soupirais en fermant les yeux, le froid laissant échapper un nuage de fumée blanche de ma bouche. Mon téléphone indiquait deux heures sept. C'était mon passe-temps favori : passer des heures et des heures allongé au beau milieu de ce petit parc, en particulier la nuit, lorsque le village dormais. Je me plaisais dans ma solitude. A vrai dire, je n'aimais pas partager mon temps avec d'autres personnes que moi même. J'étais le genre de personne qui n'aime pas le contact physique, qui préfère ne pas écouter les gens quand ils parlent. Le genre de personne qui aime boire et fumer. Vous pensez probablement que je suis un drogué ? Haha, non. Enfin si, on peut le dire. Et vous savez ce qu'est ma drogue préférée ? La scarification. Elle était l'unique chose dont je ne pouvais me passer. J'aimais abîmer mon corps, voir ma peau s'ouvrir, admirer les cicatrices laissés sur ma peau. Elles faisaient parties de moi et me provoquer un sentiment de bien-être. Ma vision est peut-être contradictoire mais peu m'importe.
Je me laissait emporter par mes rêveries chaque soir dans ce même parc.Un fracas me fit sursauter et me redresser. Mes yeux balayèrent le parc. Je me tournai et me retournai de nombreuse fois mais ne pu percevoir que la lumière des réverbères, l'obscurité de la nuit et un silence de mort. J'avais pourtant bien entendu. Le fracas avait eut lieu près du parc, proche de moi. Je me levai, prenant soin de frotter mon jean, et l'arrière de ma tête trempée, couverte de flocons blancs. Tout le monde se connaissait dans ce village. Je n'étais peut-être pas quelqu'un de sociable, mais néanmoins, j'étais curieux et empathique. J'avais cru entendre un vélo s'enfoncer dans... je ne sais pas, des poubelles ?
Effectivement derrière les grillages du parc, je vis un vélo, enfoncé dans un gros tas de sac. C'est tout. Je ne vis que ça. Personne dessus, personne à côté. J'escaladai le portail et me rapprochai doucement, regardant des deux côtés de la rue... Toujours rien. Je savais pourtant que je n'étais pas seul. Que j'étais surveillé, fixé. Il étais temps de rentrer chez moi, l'angoisse était trop forte.
Je descendit la rue, me retournant à chaque mètre parcourut. J'y étais presque, ma maison était au tournant. Mes pas s'accélérèrent, leurs bruits raisonnaient dans ma tête, je voyais l'écart entre ma maison et moi se réduire. Je courus, tournai, je me retrouvai brusquement face à une silhouette noire, et sans que je puisse comprendre quoi que ce soit, une lame s'enfonça dans mes côtes. Je tombai à genoux, puis une pierre me cogna l'arrière de la tête et l'obscurité m'envahit.