Chapitre 1

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Je cours le plus vite que je peux, j'entend déjà les sifflets retentir et les gens se font de plus en plus rares sur le quai. Tout le monde est déjà rentré dans le train, et leur taxi était peut être à l'heure EUX! Pendant que je transpire toute la mal bouffe que j'ai accumulé ces derniers mois dans mon ventre, je me maudis de ne pas avoir prévu un laps de temps plus long entre mon arrivée à la gare et le départ du train.
-Voiture 8, voiture 8...trop tard, le train est sur le départ, pas le temps de chercher la bonne voiture, je rentre dans un compartiment au hasard, gluant et haletant.Les derniers passagers à être entrés me regardent amusés en enfonçant leurs valises dans les râteliers prévus à cet effet.La mienne, je l'a met à côté de moi et m'assoit sur les escaliers, à côté des toilettes...Superbe!
Le monde se fait alors de plus en plus rare, dans cette petite parcelle où je vais passer 4:00, et je me retrouve  bientôt seul, assis là, sur la moquette dégelasse de la SNCF, à me maudire intérieurement d'être toujours juste, et non en avance.Je fouille dans mon sac de voyage,et y trouve mes écouteurs, et un bouquin que j'ai déjà lu plus d'une dizaine de fois...Le voyage va être long.Très long. J'observe de temps en temps les gens s'activer autour de moi, pour aller aux toilettes, ou pour se désaltérer et déguster le "superbe cookie michel et augustin" à 8€50 au wagon bar.

Un son bien familier me tire de mon sommeil.Je m'étais assoupis sur ma valise, serrant mon sac entre les bras comme une mère serrerai son enfant. Un homme d'une certaine corpulence sort de la petite porte aux bonnes odeurs, et l'a laisse ouverte.Une odeur immonde m'envahit les narines, monte jusqu'à mon cerveau et active le mode "sauve qui peut". En deux milli secondes, mon sac était sur mon dos, ma valise tirée par mon bras, et je me dirigeais vers l'étage, où je le sais, se situe plusieurs sièges à l'intention des entretiens téléphonique, pour ne pas déranger les autres voyageurs. Je peine à monter les escaliers à cause du pour de ma valise. Le miroir qui se toue en face des escaliers me ramène tout de suite à la réalité. Mon visage encore boursouflé par la cuite que je me suis tapé la veille, qui ne va absolument pas avec mon costume deux pièces du travail. Je pose ma valise et tente maladroitement de re faire ma coiffure un minimum, avant de croiser une quelconque personne qui pourrait sursauter de frayeur en voyant mon visage. Mes yeux verts sont encore endormi, et mes joues empourprées...Ah les effets de l'alcool et des fêtes universitaires! Je me retourne en direction de la place que j'étais venu trouver, et
manque de chance, une femme y a déjà pris place, avec un petit garçon endormis dans ses bras. Elle lui caresse les cheveux tout en fermant les yeux. Elle n'a cependant pas le moins du monde l'air d'un mère. Elle semble jeune mon âge environ, une vingtaine d'années, et un visage fin et gracieux, digne d'une jeune danseuse étoile. Ses yeux se relève pour m'adresser un regard interrogateur.En effet, j'ai l'air d'un psychopathe à l'observer comme ça. Elle arc un sourcil en ma direction, et tout son visage prend une position défensive.
-Tu veux quoi ?
Je manque de me tordre de rire. Le contraste entre sa voix et son expression est si différent, de ce visage si fermé et si hostile en sort une voix douce, gracieuse et féminine.
-Bonjour, ma place est occupée, menti-je. Je peux m'assoir en face de vous?
-Bah...Si tu veux... dit-elle hésitante.
C'est seulement au bout de cette phrase que je remarque son accent de l'est, russe ou peut être polonais, j'en sais rien.
Je lui souris, elle m'ignore.
Bon, ce n'est pas avec elle que j'aurai un quelconque rapport humain. Je sors donc mon livre, et le feuillette sans réellement faire attention à ce que je lis. Je tourne les pages, relis quelques passage, et essaye de me rappeler la première fois que j'ai lu ce livre. Je devais encore être un jeune adolescent. C'est un livre qui raconte plutôt bien ma vie, enfin, l'état dans lequel elle est depuis que j'ai perdu ma mère. Le personnage principal perd sa mère dans un accident de voiture, et le livre raconte tout le travail de reconstruction interne qu'il doit faire pour s'en sortir. La différence entre  la vie décrite dans ce livre et la mienne est sans doute le fait que  le héros à un papa, Et des amis qu'il l'aident à se relever. Le mien est parti dans une dépression alcoolique et semble avoir oublier mon existence, et je n'ai aucun ami à qui me confier. Uniquement max, qui a déménagé en suisse pour trouver un travail, et que je vois une fois par an. Les autres, c'est juste des "potes pompettes". On boit, on fume et ça s'arrête là. Ca me manque parfois de ne pas avoir d'oreille à qui parler et d'épaules sur qui me reposer, mais je me dis qu'heureusement.Heureusement pour la personne qui devrait me supporter quotidiennement.
Une sensation étrange m'envahit,et me sort de mes pensées, celle d'être observé minutieusement.Je relève les yeux de mon bouquin, et trouve la jeune Maman endormie, et le petit assis sagement à ses côtés, et qui m'observe de manière scrupuleuse.Il a de très gros yeux, comparé à la taille de sa petite tête, une bouche occupée par une tétine, et les cheveux bruns, sans doute jamais coiffés à en juger leur apparence désordonnée. Il me fixe, intensément de ses petites perles grises et me déstabilise complètement. Ça l'air d'être un enfant adorable et facile à vivre. Je lui souris et tente une première approche.
-bonjour ?  Le petit incline la tête, et ne semble pas comprendre ce que je lui ai dis.Puis je me souviens de l'accent évident de sa mère, provenant de l'est. Je sors donc mon téléphone, et tente de trouver "bonjour" dans la langue de l'enfant. Le polonais ne fonctionne pas, et le petit se met à rire, me dévoilant ses 3 petites dents blanches et pointues. Je tente le fameux "hallo" allemand, et le petit rit de plus belle. Il me semble qu'il se fout de moi, mais le défis de trouver sa langue natal est plus tentant que de m'outrer face à son arrogance. A ma grande surprise, il escalade la petite tablette qui nous séparait, et vient s'assoir à côté de moi.Il me regarde de plus belle, les yeux pleins de défis, et les sourcils arcés dans ma direction, ce qui me rappelle étrangement la jeune femme.C'est désormais une évidence, Il a exactement les mêmes traits qu'elle, ses sourcils, ses yeux, sa couleur de cheveux. Cette jeune femme d'une vingtaine d'année est donc la mère de cet enfant de 2 ans. Ca pourrai paraître  choquant, mais je trouve cela au contraire, attendrissant, et j'éprouve un grand respect pour la jeune femme. Mais malheureusement  je ne peux pas dire si ils ont le meme sourire, pour la simple et bonne raison, que je n'aperçoit aucune grimace sur le visage de sa mère qui pourrai nous faire penser à un sourire. Mon téléphone ne capte plus aucun signal de réseau, et le dialogue visuel entre l'enfant  et moi semble être rompu. Il fixe la fenêtre d'en face.Le train passe en sous terrain, ce qui explique mon problème de réseau et  qui crée un grondement sourd dans toute la voiture ou nous nous trouvons, qui fait trembler les valises de petites secousses qui passerai inaperçu si les tirettes en métal de celle-ci ne frottaient pas avec les râteliers de la même matière, ce qui crée un cliquetis qui se rajoute aux bruit continue du train et de ses vibrations...Pour un voyageur habituel, ce bruit sourd fait parti évidente du voyage. Mais pour cet enfant, à en voir ses yeux, c'est apeurant. Ses petits ronds gris se tournent dans tous le sens, ses petites mains se mettent à trembler et à marteler son petit bracelet où le prénom "Ludovic" y est inscrit.Et sans aucuns bruit, une larme vient rouler sur ses joues, se déposer sur son petit col, marquant son visage d'un petit trait humide. Il presse ses paupière les unes contres les autres, et d'autre petit ruisseau de larmes se déverse sur ses joues. Il me regarde des ses yeux rouge, apeurés, et me tend ses bras. Je le prend et le console comme je peux, avec maladresse et hésitation. Le sursaut de ses sanglots, s'apaisent, et le train remonte, nous permettant de ré-apercevoir la lumière du soir. Le petit se dégage de mon étreinte et vient se rassoir près de moi, en regardant sa mère, tout en tapotant sur la table. Le bruit de ses petites mains contre la tablette se fait de plus en plus fort, face au sommeil profond de celle-ci.
Pourquoi ne l'appelle-t-il pas ?
Suite à sa première tentative non fructueuse pour que sa mère se réveille ,il se hisse au dessus de la tablette et vient secouer sa manche, jusqu'à apercevoir un mouvement oculaire de la jeune femme. Elle ouvre enfin les yeux, et à ma grande surprise, leurs couleurs est absolument indescriptible.Fatigué et humidifié par son réveil, je décerne un œil qui semble gris, et l'autre est vert. Pour être étrange ça l'est, mais pour être magnifique, ça l'est tout autant.
Le paisible réveil de la jeune maman est vite interrompue par le fait que son fils s'est assis à côté de moi. Elle me regarde méfiante, et arc de nouveau son sourcil vers le haut pour me signifier son désaccord. Elle se penche au dessus de la tablette pour attraper l'enfant , ce qui laisse apparaître une partie de son décolleté, fort agréable, je l'avoue. Elle le prend dans ses bras, le câline, en lui massant doucement les oreilles. Il semble s'apaiser et redevenir le petit garçon que j'avais vu quelques minutes avant plein de malice.Son regard se tourne à nouveau vers moi. Il effectue une série de geste à l'intention de sa mère, ce qui l'a fit doucement sourire. Puis, elle s'adresse à moi.
-Vous avez apparement essayé de lui parler, n'est ce pas ?
La femme qui me parle, n'est plus la même que celle à qui je me suis adressé plus tôt, elle est apaisée, et souriante. C'est une très belle femme.
-euh...oui, il me regardait alors, j'ai tenté de lui dire bonjour, mais il ne m'a ps compris.
-Vous avez donc essayé d'autres langues, dit-elle comme si c'était habituel.
-eh bien...À en juger par votre accent j'ai essayé le russe, le polonais et l'allemand...
Elle se mit à sourire, tout en regardant l'enfant occupé avec sa tétine.
-Je suis tchèque, mais parle couramment français.Lui, en revanche, Il ne parle aucune langue connue.
Soudain je fis le lien: les l'armes silencieuse, le grondement du train qui devait boucher ses oreilles et le faire souffrir, ainsi que le fait qu'aucun son n'était sorti de sa bouche depuis le début du voyage.
-Les signes, n'est ce pas ?
Elle baissa les yeux, et sourit.Un sourire qui a souffert.
-Oui, il est sourd.il ne parle et ne comprend que la langue qui lui ai réservé.

Je l'a regarde, enfin, surtout ses yeux attendries et apaisés par son enfant, qu'elle
aime d'un amour maternelle, que moi même, je n'ai pas eu réellement le temps de connaître.

La douce mélodie de l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant