Redoutant Le Pire

425 46 86
                                    


J'attendais, un mauvais sentiment me rongeant les pensées alors que je regardais les fleurs de cerisier voler gracieusement dans le vent.
Je me relevai doucement et regardai les alentours.
Je voulais désespérément voir une petite silhouette portant une longue écharpe s'approcher du point de rendez-vous. Les secondes me paraissaient longues.
Je laissai nerveusement mon écharpe rouge glisser entre mes doigts et le vent faisait voler mon fin manteau blanc derrière ma petite figure. Je me retournai et scrutais l'horizon baignée de couleurs. Je m'approchai lentement de l'abrubte falaise qui surplombait les eaux profondes et teintées par les couleurs du ciel qui dansaient joyeusement dans les vagues.
Le silence était lourd et même le bruit des vagues et des feuilles qui frémissaient au vent ne pouvait soulever la tension dans l'air.
Je ne pouvais rien entendre à par ses mots qui résonnaient en boucle dans ma tête. Le bruit du monde extérieur était totalement inaudible à mes inexistantes oreilles. Je ne pouvais qu'entendre mes pensées qui se bousculaient dans ma tête.

Il n'était toujours pas là.
Il n'était jamais en retard, et le fait de ne pas le voir au point de rendez-vous avant moi, avait déjà fait tomber mon sourire.
À présent, une demi-heure avait déjà passé et je sentais mes mains trembler de peur.

Et si quelque chose lui était arrivé?
Et si il était en danger?

Ces questions, malheureusement sans réponses, faisaient mon âme battre la chamade.
Je soupirai et m'assis sur le petit banc en bois situé sous le cerisier. Je restai immobile, laissant ma capuche tomber sur mes épaules et l'air marin me fouetter le visage.
Je sentais l'orage arriver.
Des grands nuages noirs se propageaient dans le ciel, recouvrant les couleurs du coucher de soleil.
Je ne bougeais pas. Je regardais les minutes passer une par une et les aiguilles tourner autour du cadre en métal de ma montre.

Il disait que ce ne serait pas long. Il disait que c'était sans danger.
Je l'ai cru et je l'ai laissé partir.

Je commençai à avoir froid. Mon fin manteau blanc, mon t-shirt noir, mes shorts blancs et ma longue écharpe rouge ne pouvaient apparament pas me protéger du vent.
Je tremblais légèrement et des petites gouttes d'eau tombaient du ciel. Je regardai la pluie se diriger vers moi et ne pris même pas la peine de me protéger.
Les grosses gouttes d'eau s'abattirent sur les falaises et mes habits étaient déjà trempés.
Je tins faiblement mes manches et me recroquevillai sur moi-même. Je respirai lourdement et sentais un liquide chaud couler le long de mes joues. Je laissai mes larmes couler librement sur mon visage et s'écouler sur mon short.

Il n'allait peut-être pas venir...
Il n'avait peut-être pas envie...

Je secouai violemment la tête. Il n'aurait jamais fait ça, il était bien trop gentil et attentionné.

Je pouvais revoir son sourire alors qu'il me rassurait en me parlant doucement. Ses yeux verts et jaunes en forment d'étoiles me regardaient tendrement.
J'avais l'impression de fondre à chaque fois que son chaleureux regard se plongeait dans le mien. Il me frottai gentillement le bras et me répétait ce que je voulais entendre. J'étais rassuré.

Il m'avait promis de venir...

Le vent soufflait de violentes rafales et la pluie frappait brutalement le sol. L'eau coulait de la falaise déjà bien innondée et ruisselait sur la pierre grise.
J'étais tremper jusqu'aux os et tremblais comme une feuille. Mais je ne voulais pas quitter cet endroit, si cher à mon coeur.

Soudain, un sentiment atroce me traversa. Mon souffle se coupa, le battement de mon âme s'arrêta et ma seule pupille disparut laissant le noir complet envahir mes orbites.
J'avais mal, très mal.
Une douleur agonisante traversait mon âme et j'avais même l'impression de sentir mon propre sang couler le long de mes os.
Un nom me traversa l'esprit et je sentais ma gorge se nouer.
Je me levai avec précipitation et courus vers la forêt. Je quittai la falaise et m'engouffrai dans la forêt profonde à toute vitesse. J'ignorais du mieux possible la douleur que je ressentais et priais pour qu'il soit sain et sauf.
Son nom résonnait continuellement dans mon crâne et je respirait bruyamment.
Je ne pouvais pas avoir raison, cela paraissait impossible, je voulais que ce soit impossible.

Je voulais tellement avoir tort...

Shattered Star (Palette X Goth) [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant