La légende de l'arc-en-ciel

Il était une fois une légende. « Il était une fois », c'est un début assez commode pour une histoire, vu et revu, existant depuis des siècles, mais lisez bien ce qui va suivre.

Cette légende racontait que le 19 juillet d'une certaine année – personne ne savait laquelle –, il y aurait un soleil éclatant à l'aube et une pluie battante au zénith. De ce fait, un gigantesque arc-en-ciel surgirait des cieux. La chute du mystère serait de suivre cet arc-en-ciel jusqu'à sa source et d'y retrouver une caisse remplie de pièces d'or. La boite s'illuminerait au crépuscule.
Bien évidemment, ce n'était qu'une légende.

Mais cette année-là, Bryan, Julie, Nino et moi, amis proches de longue date, nous nous sommes dit qu'il fallait tenter l'impossible. Bryan était celui qui y croyait le plus, il avait été passionné par les histoires légendaires depuis sa plus tendre enfance et celle-ci ne le laissait pas indifférent. Julie, sa petite amie et ma meilleure amie, avait été convaincue par le jeune homme. Quant à Nino et moi, nous n'avions nulle part où aller et il fallait mieux partir à l'aventure avec ses amis que de rester chez soi à ne rien faire.
Le 18 juillet de cette année-là, nous nous sommes tous rendus chez Bryan avec un sac de voyage de quoi survivre une semaine entière à travers le Monde.
Je ne croyais pas vraiment aux légendes, mais cette expérience entre amis me permettait de m'amuser alors j'en profitai.

Ce soir-là, nous avons vérifié si nous disposions du matériel dont nous aurions besoin : de quoi dormir, de quoi boire et manger, des cartes, des bottes pour la pluie, une trousse de premier secours et un peu d'argent. Le strict minimum pour notre expédition.
À peine l'horloge montrait vingt-trois heures que nous nous sommes dirigés sur une plaine non loin de chez nous. Bryan habitait à la campagne, cela nous permettait de ne pas être dérangés.
Julie et moi étions parties nous promener pendant que les garçons installaient deux petites tentes sur la pelouse usée par le temps. Lorsque nous sommes revenues, Nino et Bryan étaient au coin d'un petit feu qu'ils venaient d'allumer pour que nous puissions nous réchauffer avant de dormir.
Quand nous fûmes tous assis, Nino prit la parole :
– Les gars, vous y croyez vraiment ? Ce qu'on s'apprête à faire est absolument dingue! On ne sait même pas si nos efforts serviront à quelque chose.
– Évidemment, lui répondit Bryan. J'ai regardé les prévisions météo chaque jour pour demain et ils annoncent des averses. C'est pas beau ça ?
– Si, si, acquiesçai-je. Mais qui dit que parce qu'il y aura de la pluie, la légende se réalisera ? Je suis sûre que plein de gens ont essayé avant nous, et cela n'a rien donné. On se lance tout droit vers l'inconnu.
– Justement ! insista Julie. C'est pas beau de se lancer dans une quête sans trop savoir si ce que l'on cherche est vrai ? Personnellement, je trouve que Bryan a raison d'y croire, il garde son innocence d'enfant encore aujourd'hui et se laisse pousser par ses intuitions et son instinct. Puis, même si ce voyage ne nous mène nulle part, on l'aura fait et on aura profité. Je suis sûre qu'on apprendra beaucoup de choses.
– Oui, pas faux, dis-je.
– Je suis certain que cette légende est vrai, je me suis beaucoup documenté dessus, j'ai lu des livres sur le sujet et honnêtement, je suis persuadé que c'est possible, rétorqua Bryan.
– Si on trouve cette fortune, on partage en quatre du coup ? demanda Nino, en rigolant.
– Ah, non. Ma découverte, mon gain ! surenchérît Bryan.
– Joue pas l'égoïste Bryan ! cria sa petite amie.
Et nous éclatâmes de rire pendant que le feu s'éteignait petit à petit, parlant des folies que nous pourrions réaliser à l'aide de ce mystérieux trésor.

La nuit se faisait de plus en plus noire et vers une heure du matin, on partit se coucher le cœur rempli d'émotions et de rêves en tous genres.
Julie partageait sa tente avec Bryan – on les entendit roucouler encore quelques temps – et avec Nino, on occupait la seconde tente. Cela ne me dérangeait en aucun cas, c'était décidé dans le feu de l'action, dans la précipitation, et je préférais ça que de devoir dormir seule en pleine nature.
Personne ne savait où l'arc-en-ciel de la légende devait débuter, ni même s'il avait un début. Toute cette affaire était très vague.