Sigrid le Téméraire

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Il était une fois, dans une de ces régions où l'été n'existe pas et où la nuit dévore la moitié de ta vie, une communauté d'oiseaux qui vivaient dans le désordre et les guerres. Depuis toujours gouvernée par des tyrans s'élevant au rang de dieu et réduisant les autres espèces en esclavage. Chacun était vite remplacé par un autre tyran plus fort et plus terrible encore que son prédécesseur et aucun despote n'arrivait à garder son trône plus d'un an. Cette situation affaiblissait considérablement la population et la révolte grondait mais chacun des soulèvements était​ tué dans l'oeuf par la milice du gouvernement en place. Toujours était-il qu'une peur encore plus grande que celle du tyran résidait dans le coeur du peuple ailé : la peur de l'humain. Cette créature qui tuait sans raison était la bête noire de tout oiseau normalement constitué et la règle d'or de la communauté était de ne pas s'en approcher. Arriva cependant un jour où se présenta au palais un jeune passerau nommé Sigrid. Le tyran au pouvoir était alors une grande chouette lapone qui avait ravit le trône par un coup d'État magistral à peine un an auparavant.

Le petit passerau demanda une audience auprès du dictateur. Le garde lui rit au nez mais demanda tout de même au dirigeant s'il daignait accorder une entrevue au petit impertinent. Amusé, la chouette accepta et Sigrid entra. La grande chouette le questionna alors :

"Alors, gueux, que veux-tu ?

-Votre grandeur, j'aimerais devenir roi.

Dans un hoquet de surprise, étouffant son rire à grande peine, le despote répondit.

-Rien que ça ? Que voilà un ambitieux vermisseau !

-Sire, je savais bien que vous alliez dire ça. Alors je suis venu vous provoquer en duel.

-En duel ?!

-Oui, votre majesté.  Lundi, dans l'arène. Le vainqueur gagne le pouvoir.

Le tyran, ayant peur de perdre sa crédibilité aux yeux du peuple, accepta le duel , sûr de sa victoire.

Le jour de la joute arriva bien vite. Le tyran, confiant, s'était prélassé durant les jours précédant le combat. Sigrid, quant à lui, les avaient passés à élaborer une stratégie sans aucune faille. En temps venu, les deux prétendants au trône se rendirent à l'arène, l'un imbu de lui-même, l'autre en pleine réflexion.

L'arène était constituée d'un large cercle entouré de gradins dans lequel était planté une multitude d'arbres. Les règles étaient simples : tous les coups sont permis, le premier qui touche le sol à perdu, les enjeux de la rixe sont irrévocables.

Les combattants entrèrent dans l'arène et allèrent se poser sur les stèles de départ. Au signal, chacun s'envola. Le petit passerau s'envola droit sur la fine branche d'un petit arbrisseau. Celle-ci​ se trouvait à un centimètre à peine au dessus du sol. Sans réfléchir, la grosse chouette lapone se précipita vers lui et, n'arrivant pas à porter ses coups à distance, se posa sur la brindille qui servait de perchoir à Sigrid. Celui-ci s'envola alors d'un coup et, surprise, la chouette n'eut pas le temps de réagir quand la branche se brisa sous son poids et l'envoya au sol. Sigrid était roi.

Lorsqu'il arriva au pouvoir, il abolit instantanément l'esclavage. Il redressa l'économie en un clin d'œil et fit peu à peu disparaître les inégalités. La population finit par l'adorer et lui donna un surnom : Sigrid le Téméraire.

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Ceci n'est pas la fin. Considérez plutôt que c'est une sorte de prologue...

Le royaume des oiseauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant