-Connerie...Connerie...Connerie!vociférait-il crescendo
Les dents découvertes acérées, Carl bazarda le revolver dans l'évier. Il se tripota le visage comme si une solution allait tomber du ciel. Obstiné, il ouvrit un tiroir et s'empara d'une lame de rasoir. Il l'ajusta verticalement sur son pouls. Là où le sang devrait gicler à outrance en cas de césure, il n'en fut rien. Il répéta l'action une demi-douzaine de fois en vain.
A bien y repenser, malgré un manque de peau non négligeable, il n'avait pas saigné une seul fois. Au-delà de sa stupeur Hal se résigna , il vivrait ainsi jusqu'à ce que la mort daigne le cueillir, si elle existait. A quoi bon lutter, si cela signifiait souffrir autant que dans son quotidien le plus abjecte. Si seulement il pouvait retourner en arrière. La seul chose qui lui donnait encore envie, s'appelait un lit. Sans se faire attendre, il s'était déjà emmitouflé dans ses draps. Qui aurait crû aussi facile de s'endormir l'orbite béant ? Il était à peine midi que le sommeil le submergeait. Avec un peu de courage, il rendrait sûrement visite à un médecin le lendemain.
La nuit ou plutôt la sieste, fut de bon aloi. Deux pupilles rougies avaient éclos en une seconde. Il fit clignoter frénétiquement ses paupières, car oui Carl avait de nouveau des paupières. Il éleva furtivement sa main droite au-dessus de son visage, admirant le miracle. Sa peau s'était auto-régénérée, de même pour l'entièreté de son corps. Il mit pieds au sol. L'unique fenêtre de la pièce indiquait un début de journée. Sur sa table de chevet le réveil proposait: "07:48 - 09/07/2077 - Soleil de plomb "
Une durée plus prolongée qu'attendu avait bercé son sommeil. Carl n'avait que faire des probabilités ou de la vraisemblance scientifique des événements. S'éveiller avec le poids de deux jours de retard, dans un corps nouveau revalorisait l'entame de la mâtiné. A la manière de ses dents, la vie lui souriait. Il ne voulait plus la quitter. A sept heures cinquante-deux, la porte toqua. Personne ne se présenta. Sur sa porte d'entrée était collé un post-it vert. Il lut rapidement:
"Payez ou partez, avant le 13 Juillet dernier délai"
L'effervescence le prit en traître. L'exaltation attendrait, puisque aujourd'hui il devait passer l'étape fatidique, retrouver son emploi. Carl, grâce à une clef anglaise, réussit l'exploit d'alimenter sa baignoire. Lavé, il s'affaira pour se brosser les dents et les cheveux, orna sa silhouette. Ce jour resterai à jamais graver dans sa mémoire comme celui qui lui redonna l'envie de vivre. Il comptait bien le célébrer à cœur joie dès son retour.
Il enfila un tee-shirt blanc, par-dessous un blouson brun. Un jean bleu marine, au-dessus de baskets noirs. Quant à ses yeux noisettes, une paire de lunette de soleil mauve convenait amplement.
Il quitta son appartement. Carl ressenti une plus copieuse habilité en ce qui concerne l'arpentage des quartiers damnés, oubliant peut-être les atrocités de l'avant-veille. Il prit l'hyperloope, s'acheminant dans son ancien lieu de travail.Il était localisé dans l'un des quatre cœurs industriels de la ville, celui des sciences bioniques. Les trois autres étant la banque Qlark Elvis, le quartier des affaires et la vielle ville visité par nombre de touristes.
L'endroit s'offrait de la sorte: Des hangars à foison; des building à n'en plus pouvoir; des étendues de goudron utilisées comme surface d'essais et enfin un monorail de grande envergure. Qu'on ai été un chevronné ou un néophyte, l'endroit nous faisait jurer que l'artificielle est naturelle."Idioties!" vous dites vous. Pourtant cela était réelle, plus réelle que les chances d'embauche de Carl. La tour J.L appartenait à son ex-patron, Jerry Leonard. La posture un peu moins stoïque qu'une pique, l'homme avoisinait les soixante ans. Les rides lui avaient déchiré les pommettes, son regard d'autruche déstabilisait quelconque imbécile assez téméraire pour soutenir son regard.

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SENTINELLE ONE
Mystery / Thriller(Warning! Cette histoire peut choquer un public non initié) 2077. L'homme et sa société ont évolué, mais ses craintes n'ont pas faibli. Carl Hal, jeune trentenaire sans problèmes, faible(pour ne pas dire lâche) vit la vie la plus insipide et monoto...