Il nous semblait que chaque jour était déjà écrit.
Le lundi, on allait à la falaise, elle était assez haute et se trouvait en dessus d'une plage, à une heure de route du village. Là, on s'asseyait, l'un contre l'autre, main dans la main. On observait l'océan. Il s'étendait à perte de vue, on était si petit comparé à l'immensité du paysage que l'on admirait. Mais on s'en foutait, car l'un pour l'autre, on avait pas besoin d'être grand pour exister.
Assis contre l'arbre qui nous servait de support, on ne parlait que très peu. Les mots ne valaient plus rien comparé à la beauté du silence.
Puis on rentrait, lorsque le hibou proche de notre arbre nous faisait part de sa présence, par son hululement, qui résonnait dans la forêt.Le mardi on allait s'asseoir au bord de la jetée. On regardait les bateaux amarrés, et nous leur inventions une histoire. Parfois, elle sortait de notre imagination, alors que d'autre fois, tu me parlait des héros grec des histoires que tes parents te racontait, lorsque tu était petite, et nous imaginions que ces bateaux aient vécu ces épopées, mené par ces vaillant héros dont tu me parlait avec tellement d'amour que j'en devenait jaloux. Et tout les mardis, alors que nous inventions les passés des bateaux, M. Jean et sa femme passait et nous saluait par une phrase qui ne changeait jamais. Et nous lui répondions toujours, le sourire aux lèvres.
Le mercredi, on allait au restaurant du phare. On buvait un thé que le patron nous servait dès notre arrivée, et nous montions en haut du phare. Nous restions là des heures, il arrivait que nous apercevions des bateaux arriver au loin; on leur faisait de grand signes en criant, mais jamais les passagers des navires répondirent à nos hurlements.
Lorsque venait les heures ou les ivrognes sortait du bar, on les regardait s'en aller, chantant à tue-tête des chansons de marin, mais ne sachant plus marcher autrement qu'en formant des zigzag irréguliers, il y avait de quoi se foutre de leur gueule. Lorsque le bar redevenait calme, nous y retournions, et retrouvions le patron lavant la vaisselles de la soirée. Nous proposions notre aide, et il l'acceptait avec plaisir. Nous partions lorsque nous n'étions plus d'aucune utilité, un sou dans la poche, en guise de remerciement.Le jeudi, on prenait nos vélo et on partait faire le tour de l'île. Nous chantions des musiques que nous connaissions tout les deux, des musiques typiques d'ici. On rigolait. Je me souviens que ton vélo était blanc, avec des décorations oranges par ci par là, alors que miens était noir, mais que de la peinture s'était décollé vu que je n'étais pas très soigneux. Tu me le disais souvent, que je n'étais pas très soigneux, parce mes affaires était souvent sales et cassés. Mais tu rajoutais toujours que tu aimais mes petits défauts, et que celui-là était l'un de mes meilleurs.
Le vendredi, on allait au marché de la place du village. On connaissait tout le monde, alors on discutait, on prenait des nouvelles des habitants du village. On écoutait les récits des aînés, qui nous racontait des anecdotes sur les habitants, ou des mythes sur l'île.
Le samedi, on passait l'après-midi à la boulangerie, où nous aidons M. Lorry, le boulanger, à servir ses clients, et ensuite, on allait chez moi, et nous nous inventions des histoires que l'on essayait de rendre effrayante, mais cela finissait plutôt en éclat de rire.
Le dimanche, on se promenais au bord de l'eau, sur les plages bordant notre île, et le soir, on allait chez toi, et l'on regardait les étoiles,à travers la lucarne de ta chambre. On restait silencieux, et l'on finissait par s'endormir, dans les bras de l'autre.
Mais un dimanche, alors que l'on se promenait, je voyais bien que tu n'allais pas bien. Tu était triste. Alors je t'ai demandé ce qui n'allait pas. Tu m'as expliqué, en pleurant.
Tes parents avaient pris la décision de partir, en dehors de l'île, à bien des kilomètres, vivre dans une grande ville, sur le continent.
Tu n'avais pas le choix, tu es partie avec eux.
On avait eu notre petite vie pendant trois ans. Trois ans, à notre âge, c'était long, mais pour nous c'était court. On s'aimait. On s'aimait vraiment.
Le jour où tu es partie, on avait passé la journée ensemble. On était resté silencieux. Les mots n'auraient plus aucun sens dans ces circonstances.
Puis tu as embarqué dans ce bateau. Tes yeux était deux horizons remplis de larmes. Je me souviens encore de tes cheveux. Ils étaient bouclé, roux, magnifique. Il t'arrivait jusqu'au nombril.
Tu était magnifique.
Mais tu est partie.A partir de ce jour là, ma routine repris, mais je suis seul.
Le lundi, je vais à la falaise, j'observe l'océan. Je suis si petit comparé à l'immensité du paysage que nous observions autrefois.
Le mardi, je m'assieds au bout de la jetée, et je me remémore les histoires des bateaux, mais quand elles ne sont pas raconté par ta voix, elles perdent toute leur beauté. M.Jean et sa femme passe toujours . Ils me saluent, je leur réponds, mais je ne souris plus.
Le mercredi, je bois une ou deux bière que le patron me sers automatiquement, et ensuite, je monte en haut du phare. J'observe l'océan, espérant voir arriver ton bateau, mais il ne reviendra jamais.
J'observe aussi les ivrognes sortir du bar, ils ne sont plus si amusants.
Lorsque le bar est vide, j'aide le patron à laver la vaisselle, et repart avec ma pièce dans la poche.Le jeudi, je prend mon vélo, qui a perdu presque la totalité de sa peinture, et je fais le tour de l'île en chantant. Mais sans toi, les chansons perdent tout leurs sens.
Le vendredi, je vais au marché sur la place du village, et j'écoute les aînés raconter leur histoire, mais elles sont si ennuyeuses.
Le samedi, j'aide le boulanger, et le soir, je m'endors en repensant à nos ridicules histoires d'horreur, elle n'ont plus rien de drôle.
Le dimanche, je me balade sur les plages, seul. Je me perds dans mes souvenirs. Et le soir, je me rends seul devant la maison que tu as abandonné avec un écriteau "A Vendre" accroché à la fenêtre de ta chambre.
Chaque soir, j'essaie d'entrer, mais la porte est fermée à clé. De toute façon, y aller sans toi ne me rapporterait rien.
Je passe donc mes dimanches soir à observer la maison dans laquelle tu habitais autrefois, essayant de me souvenir de toi, mais ton visage est chaque fois plus flou dans mon esprit.Je ne sais pas si j'ai pleuré après ton départ.
Mais à quoi bon? Tu est partie. J'ai repris ma vie, avec le sourire en moins.
Toi aussi, tu as repris ta vie. Ton magnifique sourire était-t-il resté? Je ne le saurai jamais.