Elle était gentille, intelligente , mais s'ennuyait de la vie.
Il était heureux , avait la joie de vivre, mais il manquait quelque chose dans sa vie.
Elle avait été trompée par son fiancé.
Il n'avait personne.
Elle était malheureuse. Cela faisait 3 ans.
Il n'avait pas conscience de ce que les gens pouvaient faire sous le coup de la colère et de la tristesse.
Elle voulait mettre fin à sa vie, plus personne ne comptait, elle ne comptait plus pour personne.
Il marchait sur le grand pont pour rentrer chez lui. Il était tôt le matin.
Elle était sur le pont , mais du mauvais côté.
Il la vit.
Elle ne le vit pas. Elle ne voulait plus rien voir.
Il s'approcha d'elle , ne dit rien . Il la regarda.
Elle avait les yeux fermés.
Il la trouva belle. Il ne voulait pas qu'elle parte , il voulait au moins savoir ce qui la poussait à faire ça.
Elle sentit deux bras entourer sa taille , deux bras venant de l'autre côté de la barrière.
Il la tenait fermement.
Elle ne comprenait pas.
Il savait ce qu'il faisait.
Elle lui murmura de la lâcher, de la laisser partir.
Il demanda à quoi bon , il refusa de la lâcher.
Elle resta silencieuse pendant plusieurs minutes.
Il ne dit rien.
Elle se mit à pleurer.
Il lui parla pour la calmer.
Elle l'écouta.
Il avait raison.
Elle ne devait pas se suicider pour rien.
Il ne savait rien de sa vie , mais voulait la connaître .
Peut-être était-ce le coup de foudre ?
Elle lui parla , lui expliqua .
Il la rassura calmement.
Elle était redevenue calme.
Il l'aida à se hisser du bon côté du pont.
Elle le remercia.
Il était tôt , mais quelques bars venaient d'ouvrir . C'était courant à Paris.
Ils allèrent dans un café , en burent quatre , cinq.
Ils parlèrent longuement , elle se laissant aller et lui l'écoutant.
Il la ramena chez elle.
Elle le supplia de ne pas la laisser seule.
Il promis de revenir le lendemain.
Et c'est ce qu'il fit.
Elle ne serait plus jamais seule.
Il ne la laisserait jamais seule.
Au fil du temps , à force de parler , de vivre , de se connaître , on tombe amoureux. L'amour leur tombe dessus, d'un coup.
Il avait pour but de la protéger .
Elle était heureuse quand il était là.
Il l'était aussi.
Elle voulait lui avouer ce qu'elle ressentait .
Il voulait lui avouer ce qu'il ressentait.
Elle le lui dit, un soir de décembre, sur le canapé .
Il lui avoua à son tour.
Un baiser.
Ses mains dans ses cheveux.
Leurs mains sur leurs corps.
Leur amour dans leurs têtes.
Leur amour dans le lit.
Leur amour qui commença à durer.
Des jours.
Des mois.
Des années.
Mais la vie ne pouvait pas être si tendre avec ces gens.
La vie est cruelle. Ce n'était pas nouveau.
Il était engagé dans l'armée. Elle le savait maintenant.
Mais cela s'était toujours bien passé. Jamais de problème.
Il en fallait bien un.
Elle l'embrassa.
Il partit.
Elle l'attendit.
Il ne revint jamais.
Il ne reviendrais jamais.
On vint toquer à la porte de leur appartement.
Elle pleura.
Longuement.
Il était parti.
Elle mourait de l'intérieur.
Pas son homme , pas l'amour de sa vie.
Elle était triste .
Il n'était plus.
Elle revenait au point de départ.
Il n'était pas là pour l'arrêter.
Elle revenait au pont.
Du mauvais côté.
Elle revenait à fermer les yeux.
À ne plus vouloir voir le monde.
L'horreur du monde.
Cette fois, il ne se baladait pas .
Il ne serait pas là pour l'en empêcher.
Elle était seule , sur le pont.
Les cheveux au vent.
Les lèvres glacées.
La mort dans l'âme.
Les joues et les yeux noyés dans les larmes.
Les larmes sèchent.
Pas l'eau du fleuve.
Pas l'eau qui serait sa tombe.
Son corps vola.
Pendant un instant , elle volait , comme Rose dans Titanic.
Seulement , cette fois , il n'y avait pas que Jack qui mourrait.
Si il n'y avait pas de place pour Jack , alors Rose ne prendrait pas de place non plus.
Elle sentait le vent qui la fouettait.
Elle sentit le plat de l'eau la fouetter.
Elle sentit la mort la fouetter.
Quelques heures plus tard , on retrouvera un corps dans la Seine.
Une jeune femme morte.
On apprendra qu'elle était enceinte.
On ne saura jamais qu'ils étaient amoureux.
On ne saura jamais qu'ils avaient fini par trouver le bonheur, mais qu'on le leur avait enlevé.