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Chapitre 3

Ce moment, elle l'avait rêvé. Il était 17h00, elle était enfin seule, dans la salle de musique du lycée. Jouer de la guitare n'était pas seulement une passion, elle en avait besoin pour vivre. Comme une personne en manque, ses doigts tremblaient le long de la fermeture éclaire de sa housse. Une fois l'instrument en main, elle ne réflechissait plus, ses mains et sa guitare ne faisait qu'un, et  ses doigts se baladaient sur les cordes qui laissaient s'échapper une sonorité différente selon l'humeur du moment. Après quelques notes, sa voix douce, fragile et sensuelle se mêla au son abrupt de sa guitare accoustique.

♫  This is a man's world, this is a man's world
But it wouldn't be nothing, nothing without a woman or a girl

You see, man made the cars to take us over the road
Man made the trains to carry heavy loads
Man made electric light to take us out of the dark
Man made the boat for the water, like Noah made the ark

This is a man's, a man's, a man's world
But it wouldn't be nothing, nothing without a woman or a girl

Man thinks about a little baby girls and a baby boys
Man makes then happy 'cause man makes them toys
And after man has made everything, everything he can
You know that man makes money to buy from other man

This is a man's world
But it wouldn't be nothing, nothing without a woman or a girl

He's lost in the wilderness ♫ ~

Derrière la fenêtre qui n'avait pas dû être lavée depuis plus 5 ans quelqu'un l'observait. Quelqu'un qui découvrait son secret. La première personne qui découvrait son secret. La voir chanter une chanson sur l'Homme dans le monde le faisait sourire. Comment un petit bout de femme innocent pouvait-il bouleverser ainsi les esprits ? Il n'avait pas la réponse, pourtant il le faisait à merveille. Ses yeux verts cernés d'un émeraude plus foncé le regardait sans le voir, sûrement trop concentrés à ne pas perdre le fil de la partition posée sur ses genoux. Quand sa voix commença à baisser, quand les cordes commençèrent à cesser de vibrer, l'ombre de Akio-sohan n'était plus là. Elle se plongea à nouveau dans un autre morceau, personne n'entendit le son de sa guitare et de sa voix, elle était la dernière lycéenne à ne pas avoir franchi le portail pour rentrer chez elle.

***

-C'est mon anniversaire ! C'est mon anniversaire ! C'est mon anniversaire ! hurlait Nino dans toute la maison

Line venait seulement de franchir la porte d'entrée et son frère l'exaspérait déjà. Cependant elle ne lui fit pas de remarques. Ses yeux étaient attirés par de grandes banderoles en papier crépon qui glissaient le long des murs du salon et de la salle à manger. Des ballons volaient dans toute la maison à cause des allers-retours mouvementés du petit frère. Une odeur de poulet au curry et de gâteau au chocolat se répandait dans toute la maison. Même si Line refusait de fêter les anniversaires car elle trouvait mal de célebrer un nouveau pas vers la mort, un sourire se dessinait sur son visage, appréciant particulièrement la douceur et la chaleur du foyer familial.

-Il est tard ma chérie, tu as eu un problème sur la route ? s'inquiéta sa mère.

-oh..euh...non juste un petit problème de bus mentit-elle.

-Je propose que l'on se mette à table et que l'on fête mes 12 ans immédiatement ! Car il est vrai que nous avons 12 ans une seule fois dans notre vie s'émerveillait Nino

-Nous avons tous les âges qu'une fois dans notre vie de toute manière grommela Line qui n'aimait pas se mettre directement à table dès son retour du lycée.

La mauvaise humeur de l'ainée se dissipa dès que Mathieu arriva avec 3 coupes de champagnes et un plateau de toasts aux saumons. Les bulles d'alcool montait à la tête des trois plus âgés mais pourtant le seul qui ne tenait pas en place était Nino, le seul dont la coupe était remplie de champomy. Les toasts furent avalés en 5 minutes, le temps que mis Line à raconter son cours de philosophie. Le poulet indien ne dura guère plus longtemps même si les estomacs commençaient à se remplir. Agnes commençait à couper le gâteau mais Nino ne tenait plus, il n'osait pas le dire car, en tant que petit garçon bien élevé, il avait appris à ne rien réclamer, cependant il n'avait qu'une envie : ouvrir le gros cadeau rouge et l'enveloppe blanche posés sur la table basse.

-Bon, nous n'allons pas te faire mijoter plus longtemps... déclara le père

Line se leva et pris dans ses mains le paquet rouge qu'elle avait emballé avec soin 5 minutes auparavant. Malgrè ses mains de petit garçon, le papier ne resista pas plus de 2 secondes

-Une malette de chimiste ! Merci merci merci grande soeur ! Tu es la meilleure !

Il l'embrassa avec une telle force que Line fit mine de tomber de sa chaise.

-Voyons voir ce qui se cache dans cette enveloppe maintenant...dit Nino sur un ton de défi.

Mais là Nino n'avait plus les mots, il avait seulement les larmes aux yeux et un rire incontrolé qui sortait de sa bouche. Il tenait entre ses mains 3 places pour aller voir Eagles of Death Metal son groupe préféré. Le mot calin serait trop faible pour décrire l'amour que portait Nino à ses parents à cet instant précis. Line était heureuse pour lui car pour son premier concert il allait voir son groupe fétiche. Line se souvenait de son premier concert comme si c'était hier. Pour ses 13 ans elle était allée écouter Hans Zimmer au piano et avait pu revivre, le temps du concert, ses films préférés.

-Ma chérie nous avons pris seulement 3 places pour aller voir le concert car c'est ce vendredi et nous ne voulions pas que tu rates une journée d'école, c'est l'année du bac elle est très importante.

-Oui ne vous inquietez pas ce n'est pas grave ! Je regarderai un petit film sous ma couette.

-En plus je vais aller à Paris ! Au bataclan ! Je suis le petit garçon le plus heureux du monde ! s'écriait Nino. C'est le 10 novembre le plus réussi de toute ma vie ! Dans trois jours je pars à Paris assister au concert du groupe le plus cool de l'univers !

Il faisait chaud chez les Martelle. Non pas à cause du four qui tournait depuis 4 heures, non pas pour les bougies soufflées 15 minutes plus tôt. Il faisait chaud car chacun était heureux, souriait, riait, et profitait de l'instant présent.