Pour tout le monde, elle apparait comme la femme la plus extraordinaire à qui tout réussit, amour, argent, famille, travail. Cependant elle cache un lourd secret. Un secret qu'elle n'a même jamais confié à ses enfants, un secret qui pourrait bien fi...
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La Range Rover couleur blanche passa devant une, deux, trois maisons toutes plus grandes les unes des autres. Elle emprunta une allée qui la mena droit devant une grande et imposante demeure de style victorien de trois étages. Chose qui était rare dans cette ville, bien qu'elle fût située dans l'un de ses quartiers les plus huppés. A quelques mètres du portail elle klaxonna. Quelques secondes après, un gardien aux dents jaunies par le tabac vint ouvrir le lourd portail noir en fer forgé haut de trois mètres qui empêchait la belle voiture de faire son entrée. Il leva son bonnet tout fripé en guise de salutation au conducteur qui le répondit par un klaxon avant de se garer dans un garage qui était assez grand pour accueillir cinq voitures. Le conducteur la gara à côté d'une luxueuse Volvo grise et d'une Citroën C4 bleu pâle.
Halimatou Kourouma laissa échapper un profond soupir avant de retirer la clef du contact. Elle se calla plus profondément dans son siège qui sentait le cuir, l'air de ne pas vouloir quitter l'habitacle. La journée avait été très rude, elle venait de perdre un procès. C'était la première fois que cela se produisait en cinq années de dur labeur depuis dix ans déjà qu'elle était procureur pénal. Pour elle qui avait toujours mis un doigt d'honneur à mettre toute personne qu'elle pensait coupable pendant un procès derrière les barreaux, c'était bien raté pour aujourd'hui. Elle s'était faite respectée par ses collègues à travers son pragmatisme mais surtout par sa volonté de toujours gagner et réussir ce qu'elle entreprend. Ce qui avait fait d'elle l'une des personnalités les plus redoutées et les plus en vues de la cour. Elle s'attendait à voir paraitre le lendemain dans les journaux locaux un article parlant d'elle comme toujours quand elle finissait un procès. Mais seulement cette fois la fin serait différente, elle venait de se faire battre, elle était sûre d'avoir perdu la face devant ses collègues pour qui elle incarnait l'image même de celle qui était imbattable. Elle sentait que le week-end allait lui paraitre très court, ne se sentant pas du tout prête à revoir ses collègues trois jours après ce lamentable procès. Le pire c'est qu'elle était vraiment sûre que l'accusé était coupable, « toutes ces longues nuits sans sommeil pour avoir un résultat pareil, lamentable » lâcha -t-elle d'une voix morne en cherchant son sac à main à l'arrière de la voiture. Bien sûr, il y'avait eu des procès où l'accusé n'était pas du tout coupable, dans ces cas là elle faisait tout son possible pour aider à blanchir l'innocent, jusqu'à même collaborer avec son avocat. C'était ce côté de sa personnalité qui lui avait valu tant de succès, on la savait redoutable quand elle voulait rendre justice qu'on soit coupable ou innocent.
Après de longues minutes, perdue dans ses pensées, elle se décida enfin à descendre de sa voiture sans pour autant jeter un regard à ce qui l'entourait. Elle entra directement dans la maison par la porte de derrière parce qu'elle n'était pas du tout d'humeur à échanger des banalités avec le gardien comme elle le faisait habituellement. Tout ce qu'elle voulait c'était se retrouver au plus vite dans sa chambre et réfléchir à comment se rattraper, même si dans un sens elle savait qu'elle avait tenté tous les recours possibles, tous s'étant soldé par un échec. Par manque de preuves solides, la haute cour d'appel lui avait clairement fait comprendre qu'elle perdait son temps sur cette affaire et que tant qu'elle n'aura pas de nouvelles preuves pouvant incriminer l'accusé, c'était perdu d'avance. Autrement dit, on lui demandait poliment de lâcher l'affaire. Il ne lui restait plus donc qu'à oublier, oublier tout de ce procès, de cette journée...
