- EST CE QUE JE T'AIME ? -

~ 5 ~

] PDV ALICE [

Il est environ 21 heures. Mon père vient juste de rentrer, et moi j'ai fini de coucher les frères.
Emi sort de la douche, avec une odeur sucrée qui la suit partout : elle utilise toujours mon shampoing ! Le pyjama que je lui ai offert lui descends jusqu'au dessus des genoux , ça lui fait comme une petite robe, c'est plutôt mignon.
Nous descendons ensemble saluer Papa ( «Oh, bonjour Emi, ça va ?»/ «Très bien, merci Monsieur Lauren.» ) puis nous remontons en haut.
Je sors de la chambre pour aller me brosser les dents, et je vois du coin de l'œil Marie et Poppy entrer en douce dans la chambre de Lucas et Mathis : elles dorment toujours avec eux. Ce sont aussi des sœurs jumelles, des siamoises chocolate point. On a failli les appeler Si et Am, mais c'était des femelles...
Lorsque je reviens dans la chambre, je reçois un ourson en peluche en pleine figure : Emi a monopolisé mon lit avec Abu et Ali, et s'apprête à me renvoyer, cette fois , une girafe ( c'est ma grand-mère qui me l'a achetée, j'allais pas la jeter ! Puis, il est bien ce doudou-girafe. ) mais je me baisse juste à temps pour esquiver et lui renvoie l'ourson. Elle l'attrape au vol ( elle est imbattable ) et saute par terre, faisant fuir Ali et Abu qui se réfugient sous le lit. Comme je saisissais la girafe, elle abandonne l'ours et prends l'oreiller, et me frappe avec.
Je tombe sur la moquette en rigolant...et avec fracas.

- Les filles, moins de bruit , s'il vous plaît !, crie mon père depuis en bas.

Je vois Emi pouffer de rire et finit par m'assoir sur mon lit en la poussant sur le matelas gonflable à côté :

- Couchée !

En se tenant le ventre, elle tombe sur le dos. Elle se relève d'un coup, l'air tout à fait sérieuse :

- C'est pas drôle.

( Elle dit ça, en vrai elle en peux plus )
Elle bâilla puis ajouta :

- Balance mon sac.

- OK !

Je me penche de l'autre côté et je cherche son sac, je crois qu'il est passé sous le lit. Finalement, je le trouve ;

- Je l'ai !

Seulement, lorsque je l'attrape enfin, Abu y est accroché. Je rigole en le rendant à Emi.

- Wesh, Abu !, fait-elle.

Elle décroche le gouttière et le pose sur le lit, où le rejoint Ali, puis fouille son sac à dos et en sors des mangas :

- Tu lis toujours ça ?

- Bien sûr !

Je haussais les épaules, étant moyennement intéressée, et prends sur mon étagères Le Seigneur des Anneaux dans lequel je me replonge avec délice.
Après environ une heure et demie ( je crois ), j'ai fini par rompre le silence :

- On éteint les lumières ?

- Oui, si tu veux.

Je fait une encoche et repose mon livre et éteint la lampe. J'entends la fermeture éclair du sac d'Emi se fermer, puis elle-même s'installer au mieux sur le matelas :

- Tu veux la girafe ?

Sans attendre ma réponse, la peluche arrive sur ma tête. Bon, on se calme, il faut dormir quand même...
On entends plus rien que le ronronnement puissant de Abu et Ali. Tout semble plutôt calme, même si je sais qu'Emi ne dort pas.
J'ai hâte d'être demain, pour le deuxième jour de cour ! Je m'amuserais bien avec Emi.
Je sursaute lorsque justement, elle se met à demander :

- Alice ?

- Oui ?

J'ai une très mauvaise sensation de déjà-vu...

-  C'est qui ce Ferdi ?

Aïe, bizarrement, je m'en doutais. Et j'ai comme l'impression que quoi que je réponde, ça ne lui plaira sûrement pas.

- Et bien ...

Je réfléchis : comment présenter Ferdinand ? Bon, on va commencer par le plus simple :

- C'est un nouveau dans le collège , Ferdinand Luchino...

Je l'entends qui ricane légèrement en entendant ce nom. Il y a quelque chose de malsain dans ce rire, mais je continue quand même :

- Comme il est arrivé en retard ce matin, la prof l'a placé à côté de moi.

Le ricanement s'arrête enfin.

- Et ?

- Et alors, comme j'aime échanger, on a discuté et j'ai passé la journée avec lui.

Il y a un blanc. Je soupire et reprends :

- Il habite deux rues derrière chez moi. Tu sais, la rue du Merle...

- C'est bon, c'est bon, j'veux pas son phone non plus. Ça va, il te plaît ?

Ça m'étonne d'elle. Ce genre de conversation, ça ne l'intéresse pas plus que ça, mais je rougis.

- Mais, non !

- Allez !

La voix d'Emi tremble légèrement, elle doit être un mal à l'aise.

- Euh...

- T'sais quoi ? Bonne nuit, rétorqua-t-elle.

J'entends des couvertures et je sens qu'elle se retourne.
La pauvre, vivre toujours seule avec un père comme le sien, ça l'isole vraiment.