Troubles

15. Du présent au passé

⠀Mes yeux s'ouvrent délicatement, mais ma vue est assez brouillée. Je n'ai aucune idée du lieu où je me trouve, ni même de combien de temps j'étais dans les vapes, inconsciente.

⠀Ma tête me fait horriblement mal, et lorsque j'essaie de la toucher de ma main, je me rends compte que je suis attachée.

⠀Je me racle la gorge en apercevant une silhouette floue s'approcher de moi.

⠀— Il était temps que tu te réveilles, t'es inconsciente depuis deux jours. J'aurais dû doser la quantité, mais bon m'en veux pas, c'était ma première fois.

⠀Il dépose un plateau sur une petite table en bois posée à côté de moi.

⠀— Je t'ai apporté à manger, j'imagine que tu dois avoir faim.

⠀J'hallucine, ou bien l'un des mecs qui m'a enlevé, m'incite à manger ?
⠀C'est le pompon sur la Garonne.

⠀— Depuis quand les kidnappeurs offrent à manger à leur otage ? Mis à part, s'il y a du poison dedans, bégayé-je avec difficulté.

⠀Je l'entends glousser de rire tandis qu'il s'accroupit devant moi en posant ses bras sur mes genoux, tranquillement.

« T'en as de la chance, je suis le plus gentil du groupe, ma douce. »

⠀— Endormir quelqu'un avec un produit toxique, c'est une nouvelle forme de gentillesse, alors, dis-je d'un ton sarcastique.

⠀Il se relève et attrape une chaise qu'il pose face à moi, pour ensuite s'y asseoir.

⠀— C'est les règles, ça. Je préférais faire ça, plutôt qu'assommer une si belle fille.

⠀— Pas le temps pour les compliments, qu'est-ce que vous me voulez ?

⠀— Moi, je ne te veux rien, en fait. Mais mon boss m'a donné l'ordre de te capturer, je ne sais vraiment pas ce qu'il te veut, avoue-t-il.

⠀— M'ouais, j'ai du mal à y croire. Si t'es si gentil que ça, pourquoi tu ne me laisses pas partir, hein ?

⠀J'arrive à percevoir un sourire s'allonger sur son visage.

⠀— Ah non, ça c'est impossible, même si j'en avais envie. Si t'es là, c'est pour une raison, et peu importe laquelle, je tiens à ma place. Je suis loyal envers mon boss et mes coéquipiers.

⠀— C'est ridicule, et absurde. Tu sais quoi ? Ta bouffe et tes compliments, tu te les mets dans le fion, bâtard !

⠀Il se relève d'un seul coup, laissant la chaise tomber au sol, tandis qu'il caresse ma joue.

« Je ne veux pas te faire de mal, alors ne m'oblige pas à changer d'avis. »

⠀Son pouce caresse mes lèvres, je grogne en reculant mon visage le plus possible. Tout ça, c'est de la faute à Andrew, j'aurais préféré ne jamais le rencontrer. Je le déteste.

*

⠀Quelques heures sont passées, enfin je suppose, vu que le temps paraît long lorsque tu ne peux pas bouger. Ma vue est à présent intacte, depuis environ une heure.

⠀J'essaie alors de distinguer la salle dans laquelle je suis retenue prisonnière.

⠀Je déduis que je suis dans une sorte de garage immense, où se trouvent quelques boîtes en carton empalées les unes sur les autres, une toilette immonde, un robinet à moitié cassé, deux matelas dégoûtants, ainsi que plusieurs affiches usées étalées par terre.

⠀La porte en fer s'ouvre à nouveau, et un homme blond s'approche de moi.

« Ella Paradis, c'est ça ? »

⠀— Qu'est-ce que ça peut te foutre, idiot ?

⠀— Nous t'apportons un nouveau copain qui a été transféré ici, dit-il d'un sourire sournois.

⠀Un autre homme rentre dans la salle, tenant quelqu'un fermement par les bras, un sac cartonné sur le visage.

⠀— Amusez-vous ensemble, à distance, précise le blond en sortant de la pièce.

⠀L'autre homme dépose la personne sur la chaise, et l'attache à celle-ci, tellement fort que des traces rouges se dessinent sur ses poignets.

⠀Je reconnais alors le tatouage d'un lézard dessiné sur ce poignet, celui de Carter.

⠀L'homme lui retire son sac cartonné et se dirige vers la sortie, refermant la porte brusquement.

⠀— Carter, soufflé-je. Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Quelle horreur, dis-je en l'observant précisément, qui est-ce qui t'a fait ça ?

⠀Son visage est recouvert de bleus, de griffes, de sang, c'est horrible. Ses bras sont recouverts de traces de mains devenues presque violettes.

⠀Je ne retiens pas mes larmes, voyant cette horreur indescriptible.

« Carter, tu m'entends ? »

⠀Il hoche la tête tout doucement. Il est épuisé, et vu tous les coups, je ne peux qu'imaginer ce qu'il a subit.

⠀— Mais, pourquoi es-tu là ? Je ne comprends pas. Ils me voulaient moi, pas toi, si ?

« Andrew, réussit-il à bégayer. »

⠀Comment son propre grand frère a pu l'enfermer ici et le laisser subir toutes ces atrocités ? Peut-être même que c'est lui qui a contribué à cette horreur sanglante ?

⠀Les larmes coulent de plus en plus, ne sachant plus s'arrêter. Je ne suis même pas sûre de sortir d'ici un jour, ou même d'en sortir vivante, avec Carter à mes côtés.

⠀Au bout de quelques minutes, la porte s'ouvre une fois de plus. Décidément, ils comptent bien nous faire chier ceux-là.

⠀Un homme en costume, accompagné de deux hommes qui restent à l'entrée, s'approche lentement de moi, me scrutant de l'œil.

⠀— Ma petite Ella, j'aurais voulu te rencontrer dans d'autres circonstances.

« Qui êtes-vous ? »

⠀— Tu n'as pas, ne serait-ce qu'un petit souvenir de moi, l'homme de ta vie ?

⠀— Que quoi ? L'homme de ma vie ?

⠀— Plus précisément, l'homme qui t'a donné la vie, dit-il avec sûreté.

« PAPA ? »

À suivre...

*

J'espère que ce chapitre vous aura plu.
Le père d'Ella de retour dans sa vie ?
xoxo, gossip girl 🤍