𝗠𝗬 𝗦𝗔𝗡𝗖𝗧𝗨𝗔𝗥𝗬 ᵛᵐᶤᶰ .terminé

Chapitre 7

Mina a mal, terriblement mal. Ces monstres à la forme de poing rendaient trop souvent visite à son corps frêle. Les petites tâches violettes se formaient, voulant partager avec son beige naturelle sa peau sensible. Le souffle lui manquait. Elle se cachait le visage du mieux qu'elle pouvait. C'était le seul endroit qu'elle arrivait à protéger.

Sa voix était bloquée, elle n'arrivait pas à exprimer son mal-être, alors que lui, il arrivait à lui crier dessus sans problème.

Sa voix alcoolisée, le bruit de ses attaques et celle des coups que Taehyung mettait dans la porte pour pouvoir entrer se mélanger. Rien n'était distinct. Sa tête lui tournait, sa vue se brouillait de perles salées.

Comme toujours, Taehyung arriva à rentrer dans la pièce fermée à clé et se jeta sur son agresseur. Il lui fit rencontrer un coin de la commode, avant de se faire entraîner jusqu'au mur. Le plus jeune grogna, sûrement le dos en compote.

Mina tenta de se relever, gémissante.

L'hôtel de sa défunte mère attira son attention. Sa belle photo était cachée par une énième bouteille de soju. Une main sur les côtés, elle s'en rapprocha en rampant et la prit.

Ce monstre donnait des coups répétés à Taehyung, qui se débattait comme il le pouvait.

Les larmes de Mina disparurent.

Elle prit appui sur la table pour se lever.

Taehyung n'avait que treize ans.

Elle se rapprocha en boitant.

Son frère n'en avait que treize !

Elle assena un coup puissant sur le crâne de son géniteur avec et le vit tomber sur le sol, assommé.

Le souffle court, elle regarda Taehyung, dans le même état que lui et d'un commun accord, ils se prirent la main et se dirigèrent vers la sortie.

— Tu peux courir ? la questionna-t-il.

— Oui, ne t'en fais pas, sourit-elle pour le rassurer.

Ses poumons la brûlaient, elle était au bord de l'évanouissement à courir aussi vite.

Heureusement que leur destination n'était pas trop loin, le village n'étant pas si grand que ça.

Dans le silence nocturne, Taehyung tapa à la porte frénétiquement.

— Grand-père... Grand-père réveille-toi et ouvre ! suppliait-t-il, alors que Mina regardait de tous les côtés, le cœur battant.

Ils entendirent des pas précipités et la porte s'ouvrit à la volée.

Le vieil homme en peignoir les regarda avec effroi.

— Par le saint esprit, mes petits-enfants... Entrez, entrez n'attendez pas !

Il referma la porte derrière eux et les installèrent dans son salon modeste. Il alluma la lumière et le frère et la sœur s'assirent sur le canapé défraichi.

Mina remarqua que la seule décoration présente était les innombrables clichés sur les murs. Toutes avaient pour protagoniste leur mère, d'une bonne humeur contagieuse. Sur certains, il y avait Taehyung et Mina et ils affichaient ce sourire rectangulaire si singulier de leur famille. Sur d'autres, on voyait nettement qu'une partie était déchirée, sans aucun doute dû à la présence de leur monstre de père.

— Tenez, prenez un verre d'eau, leur dit leur grand-père.

Elle tourna son visage et se mit à pousser un petit cri plaintif. Taehyung la regardait avec préoccupation, alors elle reprit contenance.

Leur grand-père vint vérifier leur état. Taehyung s'en était bien assuré, enlevant un poids sur les épaules de Mina. Par contre, en son cas, elle devait de nouveaux porter de nombreux bandages. Elle remit son pull à col roulé pour cacher les hématomes et se mit à boire.

— Grand-père, on en peut plus, s'il te plaît, garde-nous chez toi. On ne peut plus vivre comme ça !

— Taehyung... soupira le vieil homme. Je ne peux pas vous garder, tu sais très bien qu'il le saura et viendra vous chercher.

Mina leva lentement son regard sur lui et détacha ses lèvres de son verre.

— Tu ne veux pas nous garder parce que tu sais qu'il viendra te punir en te battant à mort ou en te tirant une balle de fusil dans la face, lui reprocha-t-elle.

Taehyung fit de grands yeux alors que leur grand-père se crispait.

Elle ne détourna pas les yeux et ne ressentit pas une pointe de culpabilité à ses propos durs. Elle savait qu'elle avait raison.

Leur grand-père déposa son verre sur la table basse en bois et se mit à réfléchir.

— J'ai peut-être une solution. Ça ne se fait pas pour eux mais... Tant pis.

Il coula ses yeux épuisés sur ses petits-enfants, particulièrement sur la plus grande.

— J'ai les clés de la maison de la famille Park et elle ne vient que pour les vacances de printemps.

C'est comme ça que Taehyung et elle se retrouvèrent chez le fraîchement ami de cette dernière. Ce qu'ils faisaient été une violation de domicile mais Mina s'en fichait, si elle pouvait mettre son frère à l'abris, c'était tout ce qui comptait.

Il devait être vingt-trois heures. Leur grand-père avait dû repartir et leur avait laissé les clés.

Taehyung se promenait dans les couloirs, entrait dans les pièces, s'arrêtait pour observer le décor. Il avait cette lueur curieuse dans les yeux qui la fit sourire.

— Cette maison est géniale ! Elle appartient vraiment à ton ami ?

Elle acquiesça et se rendit dans une chambre, attirée par les bijoux et les parfums sur la coiffeuse. Mrs Park était folle de laisser ses bijoux ainsi. Ça devait vraiment être qu'un quart de son trousseau si elle ne prenait même pas la peine de le prendre avec elle.

Elle essaya les colliers, les boucles d'oreilles et bracelets. Elle vaporisa les arômes fruités sur ses poignées et les porta à son visage pour les sentir.

Mina était tout sourire. Cette demeure était un peu comme le repère du Père Noel.

Lorsqu'elle s'installa dans le lit des parents et que Taehyung se mit contre elle, elle se sentait si bien qu'elle oubliait la douleur sur son ventre, ses bras et ses jambes.

— On est bien ici... fit Taehyung d'une petite voix.

— Oui, on est bien.

Un silence s'installa, paisible, reposant.

— Je deviendrai fort pour te protéger Mina, je te le promets.

Elle le regarda alors, et vit qu'il s'était endormi. Elle lui caressa songeusement ses cheveux bruns et essaya d'en faire de même. Elle en avait envie et n'y arrivait pas.

Mina avait l'impression d'entendre son père toquer à la porte, comme il le faisait avant de la battre. Elle savait que c'était le fruit de son imagination, ce bruit successif et déplaisant tambourinant dans sa tête.

Elle tremblait, non par le froid ni par la peur, par une sorte de rage.

Cet homme détruisait leur vie, au point de la rendre paranoïaque.

Un peu agacé, elle sortit du lit, dans l'idée de porter plainte. Ou d'au moins prendre l'air. 

  Ƹ̴Ӂ̴Ʒ  

Cela commence à s'éclaircir, dis donc~

Je tenais à vous remercier pour ces plus de 300 vues ! Pour moi, c'est déjà beaucoup. J'espère que vous appréciez l'histoire. N'hésitez pas à commenter pour donner votre avis. :3

Bisous et à mercredi !