Je l'ai fait...

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   -Alors, comment ça va aujourd'hui? Vos cauchemars ont cessé? Que ressentez-vous?

Toujours les mêmes questions, les habitudes, les cauchemars et les remords...
Cet homme ne méritait pas ce sort, il n'était qu'ivre, sans conscience de ses actes, contrairement à moi...
Et maintenant me voici, tous les vendredis soirs, chez le psychologue...

   -Je... C'est... Comme d'habitude...

Il écrit ma réponse, qui est toujours la même, autant d'hésitation et d'incertitude. Mais depuis quelques temps j'ai décidé de tout déballer et je sens que ça va être aujourd'hui!

   -Vous savez que je ne peux pas vous aider si vous ne me parlez pas de ce qui ne va pas ou de l'incident...

Je prends une grande inspiration et relève la tête, comme si je voulais assumer mon regard face à la glace...

   -Je vais ni bien ni mal, mes cauchemars non pas cessé, je ressens du dégoût lorsque je me regarde dans le miroir, mais je m'oblige quand même à le faire. Je me dis que plus je me regarde, plus mon regard sur moi va changer, mais ça ne c'est jamais passé comme je le voulais...

Je relève ma tête encore une fois, je sens alors des larmes ruisseler sur mes joues. Le psy ne parle pas, il attend simplement que je continue mon récit.

   -Le jour de mes 16 ans, mes proches ont voulu me faire une surprise. Ils avaient réservé une salle de bal, la décoration était superbe! Dans le ton de mes couleurs préférées. La soirée était parfaite, mais j'ai voulu aller m'aérer la tête et puis cet homme ivrogne est arrivé, je n'ai pas fait attention mais lorsque je mettais la main sur la poignée de la porte, il m'a tiré contre le mur en face. Sa paume est atterrie sur ma joue et ses coups continuaient, alors j'ai cherché quelque chose pour me défendre et je ne voyais qu'un couteau et je... Je l'ai poignardé... Je l'ai tué... Tous les soirs, cette vision du sang sur mes habits et du corps à terre hante mon esprit... Et puis lorsque je me réveille, cette phrase tourne en boucle: "Je l'ai fait..."

Je me replie sur moi-même et pleurant. Le médecin se lève et prend place à mes côtés. Dans la pièce, seul le bruit de ma tristesse se fait ressentir.

   -Vous n'avez fait que vous protéger, ça peut arriver à n'importe qui! L'heure est passée je vous suggère donc d'aller donc directement chez vous et de parler à quelqu'un qui vous met de bonne humeur et vous fait rire. Je suis heureux que vous ayez décidé m'en parler... Après 2 ans, mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas?

La dernière phrase me fait sortir un petit rire...
Je sors alors de son bureau et prends la route pour la maison.

Bad girl, good boy!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant