Voyage et trahison

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Tout ce remue-ménage est passé et j'ai une idée très précise derrière la tête. C'est une décision qui serait très compliqué pour la suite mais je pense que ça nous conviendrai et nous changerai la vie. Mais avant ça il faut que j'en parle à Emilie car se n'est pas sur qu'elle accepte. Elle rentre du boulot complètement épuisée, pour lui remonter le moral je l'invite au restaurant, moi qui déteste ça d'habitude, je profite de cette sortie pour lui annoncer mon idée. Nous entrons au restaurant, tous les regards sont braqués sur nous car elle me tient la main et est très proche de moi, c'est pour ça que je n'aime pas ces endroits car nous ne pouvons pas nous afficher comme nous le voulons, mais ça ne dérange pas du tout Emilie bien au contraire elle en joue. Nous nous asseyons. Nous prenons notre commande et commençons à discuter, elle me sent nerveuse car mes mains sont moites, mes jambes bougent sous la table et car je fuis sont regard. Elle m'arrête et me demande de lui annoncer ce que j'ai à lui dire, je le fais :
- Aller je t'écoute, de quoi veux tu me parler ?
- Enfaite, j'ai eu une idée mais elle est un peu compliquée.
- Dis toujours on verra bien.
- J'avais pensé qu'on pourrait déménager car depuis la dispute avec mes parents je ne veux plus rester ici, tout me rappelle nos engueulades et la bagarre avec mon père. Mais je sais que par rapport à nos boulots ça serai compliqué.
- Déménager ? Mais pour aller où ? Et ma maison te rappelle juste nos embrouilles ? Pas les moments de retrouvailles ou nos moments de tendresses ? Et moi je ne suis pas sûre de retrouver du boulot, surtout en ce moment.
- Partir loin, Londres ? Où aucune différence ne serai jugée ! Bien sûr que si je me rappelle de nos meilleurs moments mais j'en veux encore plus ailleurs ! Tu pourrais peut être faire autre chose ? Dans le domaine de la musique toujours mais autre chose ?
- Oui Londres c'est bien. Mon métier me plait très bien Lilia, je suis pas sure de vouloir partir.
- Je m'en doutais. Essaie au moins d'y réfléchir s'il te plait...
- Je vais y réfléchir mais ne t'attends pas à ce que je dise oui.

Je l'ai laissé réfléchir plus d'une semaine, j'avais vraiment envie qu'elle me réponde oui. Pour moi déménager me permettais de repartir à zéro. Un matin, avant d'aller à son travail, elle me dit qu'elle a une réponse à me donner mais qu'elle ne le fera que ce soir. Toute la journée je ne fais que penser à ça. Oui, non, qu'elle va être son choix ? J'ai tellement hâte. Je me presse de rentrer chez moi, Emilie m'attend mais sur son visage je ne détecte aucun signe positif ou négatif ce qui m'inquiète fortement. Mes mains tremblent et j'ai envie qu'elle crache le morceau, elle met une sorte de suspense qui me stresse énormément. Elle m'annonce enfin sa décision mon cœur ne fait qu'un tour, je suis tellement surprise, je ne m'attendais pas à cette réponse, elle même est encore sous le choc de ce qu'elle vient de m'annoncer. Elle vient enfin de me dire oui ! Elle a accepté qu'on parte ! Qu'on se casse d'ici, à moi la liberté ! A moi le nouveau départ en tant que lesbienne affirmée ! Je suis tellement contente, je saute partout et ne fais que sourire !

Le moment de partir est arrivé, nous avons tout préparé, Emilie et moi avons annoncé notre démission, nous avons cherché une maison, nous avons envoyé un camion de déménagement jusqu'à Londres ce qui entre parenthèses nous a coûté très cher, il faut traverser la mer, donc c'est à dire camion plus le bateau plus encore le camion qui arrivera devant notre maison ! Oui très cher ! Mais c'est pour la bonne cause. Et nous avons vraiment tout fait, il nous reste juste qu'à partir, dernier au revoir dans cet appartement rempli de bons et de mauvais souvenirs. Nous partons, en route pour l'aéroport ! Nous montons dans l'avion, le vol ne va pas durer trop longtemps, entre une heure et demi et deux heures. Nous sommes assises à côté d'un couple, la vingtaine, qui semble n'avoir jamais vu de couple gay. Ils nous observent d'une drôle de manière, ils se posent sûrement comme question, sont elles amies ? sœurs ? cousines ? Emilie comme à ses habitudes me prend la main et m'embrasse pour bien montrer que nous sommes ensemble. Je n'aime pas quand elle fait ça, j'ai l'impression qu'elle les provoque. Le couple bien sûr se regarde d'un air étonné et gêné et ne nous adresse pas la parole de tout le vol. Mais après tout je m'en fou complètement, si ça ne leur plait pas ce n'est pas mon problème je fais ma vie ! Nous sommes tellement heureuses d'être là. Nous arrivons dans cette magnifique ville qui est Londres. Je suis un peu stressée car c'est quelque chose de très nouveau pour moi, la langue, la grandeur de la ville, et la façon de vivre et de penser. Mais je suis très positive pour ce nouveau commencement. On arrive dans notre maison, elle est un peu plus grande que l'ancienne, je l'adore, je me sens vraiment chez moi ! Emilie aussi l'aime bien. On s'installe, on a des tonnes de cartons à déballer, ça va être un peu long. Nous décidons de sortir, après cette longue journée, on va fêter notre arrivée en visitant un peu la ville. Nous entrons dans un pub, un bar très branché sur l'avenue d'Oxford Street. L'ambiance et la bonne humeur sont au rendez-vous. On y voit toute sorte de gens, très différents les uns des autres, mais entre nous, différent ne veut rien dire. Nous essayons de trouver une place car il y a beaucoup de monde, nous nous asseyons entre deux tables. La table de droite est tenue par un couple de gothique, vêtu de noir il se fonde complètement dans la masse, en France tous les regards seraient jetés sur eux mais la personne, même eux ne font pas attention à nous. Je trouve ça cool. La table de gauche est tenue par un homme, seul. Il a son verre de whisky à la main. Son regard est assez lointain, comme s'il attendait quelqu'un. Il regarde souvent l'heure sur son portable et est très agité. La serveuse vient prendre notre commande, l'anglais est un petit problème pour moi, je laisse donc parler Emilie. Son accent français a dû plaire à la serveuse qui la regardée fixement et lui lancée des jolies sourires jusqu'au moment ou j'ai embrassé Emilie pour bien lui faire comprendre que malheureusement pour elle, elle n'était pas libre et que je n'étais pas une simple amie mais bien sa compagne. Nous ne l'avons plus revu de la soirée. La pauvre. Emilie me regarde avec insistance. Elle adore quand je fais ma jalouse et moi je n'aime pas du tout ça, mais la j'étais obligée de réagir ou je voyais bientôt ma chérie partir avec cette serveuse. De l'ironie bien sûr. Elle ne me quitterai pour rien au monde, du moins je l'espère ! Ce pub était aussi une boîte de nuit, nous nous levons donc et partons danser. Je laisse Emilie guider mon corps et la musique guider mon esprit. Je suis dans un état complètement dépassé, comme si je ne m'appartenais plus, sûrement l'effet des bières, de la chaleur et de la fatigue. Nous rentrons à la maison vers minuit. Je commence à ranger quelques affaires et au bout de vingt minutes je me rends compte qu'il n'y a plus aucun bruit dans la maison, j'appelle plusieurs fois Emilie mais elle ne répond pas je me dirige vers ma chambre mais un mot m'arrête. Il y avait marqué : "Il est temps d'inaugurer notre maison et plus précisément notre lit, je t'ordonne d'arrêter tout effort et de venir car je compte bien prendre soin de toi. Emilie." Ca ne m'étonnes pas d'elle ! Emilie et ses ordres complètements farfelus qui me font craquer, surtout pour cette activité. J'ouvre la porte, il n'y a personne, mais des mains couvrent mes yeux, je serai deviner entre mille les mains d'Emilie. Je souris légèrement. Elle me déshabille en commençant par mon haut, tout en douceur je reçois des baisers dans le cou. Je me retourne face à elle, je la regarde, admirative et heureuse d'avoir une femme aussi merveilleuse devant moi. Chaque baiser fait accélérer un peu plus mon cœur. A peine sa main glissée sous mon pantalon, le désir augmente. Ses caresses qui frôlent tout mon corps et qui finissent en griffures car oui, il le faut, ce côté sauvage, qui rend l'autre complètement accro. Ce côté sauvage, qui te fais frémir et t'agripper au drap trempé par la sueur des efforts produits. Elle a les deux, le tendre et le sauvage, le côté clair et le côté obscur, cette balance qui à la fin donne un résultat merveilleux, ce résultat que tout le monde attend mais qui n'arrive pas chez tout le monde. Ce résultat c'est l'orgasme. Car pardon pour la grossièreté mais merde ce que c'est bon ! Et oui elle me le procure à chaque fois. La fatigue nous arrête et nous emporte dans un sommeil profond. L'une et l'autre. Notre réveil est tendre et pleins de douceur, j'aime tellement ces moments de complicité avec elle, mais nous devons malheureusement allez travailler d'ailleurs Emilie a réussi à retrouver un métier dans le domaine de la musique qui la passionne, elle fait des castings pour des jeunes artistes, ce qui se rapproche de son ancien métier. Et moi, je fais toujours la même chose vu que kinésithérapeute est demandé un peu partout. Nous partons donc en route pour le boulot, je dépose Emilie car c'est sur mon chemin et pars vers le mien. Tout se passe comme d'habitude, la routine des clients qui se plaignent et les conseils redondants que je donne. En rentrant à la maison, Emilie me parle d'une nouvelle artiste qu'elle vient de recruter, apparemment très jolie et très talentueuse. Tant mieux pour elle. Son prénom est Jessy, elle a l'air de bien l'apprécier vu que son numéro s'affiche à peut près toutes les 20 minutes sur son téléphone. Ce qui commence à m'agacer. Je vais mener ma petite enquête sur cette fille. En attendant, Emilie me prépare un repas divin
Emilie est de moins en moins à la maison, aller/retour, tout le temps. C'est à peine si nous déjeunons ensemble. Je lui envoie des messages, elle les voit mais des fois ne répond même pas. Je n'existe plus, le boulot est presque plus important que moi. Intéressant pour une vie de couple. J'attend désespérément, qu'on sorte au cinéma, qu'on voit des amies, mais non, rien, maison boulot dodo, la routine et toujours la routine. Toujours la même réponse, je suis trop occupée, occupée à quoi ? Voir des gens chanter c'est tout. Je vois Emilie, un peu perturbée, elle voudrait me demander quelque chose mais n'ose pas vraiment. J'essaie de la mettre à l'aise pour qu'elle crache le morceau. Elle me demande, avec des petites maladresses si elle peut accepter l'invitation de Jessy au restaurant. Moi malgré ma bonne volonté, je n'ai pas du tout envie que cette Jessy approche de plus prêt Emilie. Mais insistant beaucoup, je finis donc par la laisser y aller. Je fais la tête. De quoi vont-elles parler, du boulot ? De leur vie actuelle ? De leur situation amoureuse ? Je n'en sais rien. J'attends désespérément qu'Emilie revienne de son rendez-vous. Au bout de trois heures, j'entends la porte s'ouvrir, tout doucement Emilie dépose ses clés et monte me rejoindre dans la chambre. A peine le temps de m'embrasser, elle part vite se doucher. Je n'ai pas envie de lui parler, mais j'ai des tas de questions en tête. Elle revient, s'allonge dans notre lit, me souhaite bonne nuit, et se tourne. Sans même m'expliquer comment c'était passée sa sortie. Je l'ai attendu toute la soirée, pour entendre un simple bonne nuit. Je me couche complètement surprise par sa réaction. Le lendemain matin est très tendu. Electrique je dirais. Emilie a pleuré toute la nuit, je ne suis même pas arrivée à la calmer. Le seul mot qu'elle prononçait était "désolé". Pourquoi m'a-t-elle dit ça toute la nuit ? Elle a dû faire quelque chose de mal. Mais quoi ? J'ai pleins de films qui répondrait à cette question, mais je ne préfère même pas les imaginer. J'essaie d'en savoir plus au petit déjeuné :
- Je te sers un café chérie ?
- Je veux bien.
- Ca va mieux que cette nuit ?
- J'ai pas envie d'en parler Lilia.
- Tu m'as déjà dis ça hier et je t'ai laissé tranquille, j'aimerai bien des explications maintenant.
- J'en suis pas capable, je suis juste désolée.
- Mais désolée de quoi ? Dis moi ce que tu as fais, me laisse pas imaginer tous ces trucs horribles que tu aurais pu faire !
- Des trucs horribles... C'est pour cette raison que je veux pas t'en parler.
- Mais parle moi ! On doit se dire la vérité, qu'elle soit dure ou joyeuse à annoncer.
- C'est au dessus de mes forces Lilia, je m'excuse je peux pas. Laisse moi maintenant.
- Tu n'assumeras jamais c'est ça ? J'y vais.

Je pars travailler en claquant la porte, les larmes aux yeux. Je ne suis au courant de rien. Elle me cache cette erreur dont je ne connais même pas le motif. Mon amour pour elle est tellement fort que ça me détruit de ne pas savoir ce qu'elle a fait. J'espère que ce soir, j'en saurai plus. Ma journée se passe très rapidement, je rentre chez moi en attendant des explications. En rentrant je vois Emilie assise à table, la tête dans ses mains, avec une lettre posée à coté d'elle. Je lui demande si cette lettre m'est adressée, elle l'est. Je me dépêche de la lire. Cette lettre commence assez bien, elle décrit l'amour qu'Emilie me porte depuis tout ce temps. Jusqu'à ce que j'arrive à cette partie où il y avait marqué : "Malgré tout l'amour que j'ai pour toi, j'ai fais une erreur, une très grosse erreur. Je n'arrive pas à te le dire en face alors je te l'écris. Je t'ai trompé, avec Jessy. Je ne vais pas t'expliquer les détails mais on a couché ensemble. Il n'y a pas de raisons précises, je t'aime toujours autant mais je ne sais pas ce qu'il m'a prit, je le regrette tellement mais je sais que c'est trop tard, et que tu ne me pardonneras sûrement pas." Je n'ose même pas finir la lettre, je m'écroule par terre en pleurs. Emilie aussi pleure. Elle me demande pardon, elle ne s'arrête pas. La seule chose dont j'ai envie c'est de crier, de crier de toutes mes forces la rage que j'ai envers elle. Mais je ne parle pas. Je reste par terre, complètement détruite par l'annonce qu'elle vient de me faire. Elle s'approche près de moi en me touchant la joue mais je l'évite. Elle me demande si elle doit partir, dormir et vivre ailleurs. Avec toute la haine que j'ai je pourrais la virer, mais c'est notre maison, elle est autant à elle qu'à moi mais c'est hors de question qu'elle dorme avec moi. Elle dormira sur le canapé le temps qu'il faudra mais en attendant je ne veux plus lui adresser la parole. Je me lève et m'enferme dans ma chambre. Je l'entends frapper dans le mur et crier, puis partir en claquant elle aussi la porte. Vers 20 heures je commence à me préparer à manger, Emilie n'est toujours pas rentrée, ça m'inquiète, mais après tout le mal qu'elle vient de me faire, je ne devrais même pas faire attention à elle. Je passe à table, seule, quand la porte s'ouvre, Emilie est complètement soule, elle ne tient même pas debout. Ayant pitié d'elle, je l'aide et l'assois à côté de moi. Elle est soule mais lucide, elle sait encore ce qu'elle dit. D'ailleurs elle me rabâche qu'elle m'aime, qu'elle s'excuse et que c'est une vraie conne. Je confirme sa dernière parole. Je l'amène sur le canapé, lui mets une couverture et pars me coucher en la laissant seule. J'essaie de ne pas montrer d'émotion la concernant, mais c'est dure pour moi de la voir dans cet état. Le lendemain matin, Emilie a la gueule de bois, elle a l'air mal à l'aise par rapport à hier soir. Je ne réagis pas. Je me sers mon café et ne la calcule pas. Elle essaie de faire quelques approches mais ça ne mène à rien. Je me préparer et pars travailler, sans lui adresser la parole. Elle est mal et je le ressens, mais j'ai mal aussi. Et je ne vais pas lui pardonner facilement. Je sais que mon amour pour elle sera éternel, mais cette erreur gâche notre histoire. J'espère qu'elle va faire des efforts, et va s'accrocher pour sauver notre couple. En la laissant rester à la maison, je fais un énorme pas vers elle, ça sera le seul. A elle de faire le reste.

Personnalité cachée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant