Ils arrivent, je me recroqueville dans une alcôve, ils se rapprochent, je recule encore, puis enfin la porte s'ouvre.
Un jet de lumière aveuglant me paralyse, je ne vois que des ombres, deux ombres, deux hommes qui me soulèvent ou plutôt soulèvent mon corps loqueteux dont je n'ai plus aucune maîtrise... Saurais-je encore parler? La solitude est bien la seule chose qui peut détruire l'homme en si peut de temps.
Mes genoux rappent le dallage mouillé, mes yeux s'habituent peut à peut à la luminosité du couloir lorsque le géant qui me cintre le bras droit lance à son acolyte:
-Penses-tu qu'il serviras de cobaye, comme les autres?
En guise de réponse, le brun s'arrête me tord le bras, renâcle et me crache dessus.
Ais-je tellement changé? Au point que l'on ne me reconnaisse plus?
Encore du noir... Cette fois, des douleurs qui me tiendrons éveillée plus longtemps: genoux, bras.
Une nouvelle, là, sur ma joue, elle descend jusqu'à l'encoignure de ma bouche, quelque chose me coupe, quelque chose ou quelqu'un, j'ai mal, j'ouvre les yeux, je hurle.
-Ha! Le petit salop! Tu t'es enfin réveillé! Je désespérais de trouver des information sur un cadavre: à deux la partie sera bien plus gaie!
Le bourreau tient une lame de rasoir, et porte de petites moustaches. Il a l'air joyeux -je ne savais pas que torturer des gens rendait heureux-, en rassemblant mes quelques forces je parviens à lancer:
-Où suis-je?
-Où tu es? Tu te demande où tu es? Qu'est-ce que vous lui avez fais, vous-autres? Se renfrogna le bourreau en s'adressant aux deux geôliers qui m'avaient conduite. Il n'était pas mentionné que Monsieur Fang Yin était amnésique!
Soudainement il se retourna vers moi:
-D'ailleurs, tu n'es pas Fang Yin: j'ai eu auparavant affaire à lui, et ce n'est pas un homme qu'on oublie. Il laissa tomber la lame, attrapa une chaise et se mit à califourchon devant moi.
Plusieurs hommes se rapprochèrent, la plupart une clope au bec, ils avaient un air triomphant de rapaces sachant le lièvre pris au piège. Et j'étais la proie...
La fumée me pique les yeux, un pecno se rapproche et me prend le visage dans sa main crasseuse:
-Je t'emmène en promenade, Hua. Je vais te faire rencontrer des gens passionnants. Il se retourne, puis en s'adressant à l'homme assis à califourchon sur la chaise demande: je prend les seringues? Celui-ci balance sa tête d'un côté, puis de l'autre et fait signe à trois hommes de nous escorter.
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Demoiselle
ActionSeule, dans ce sous-sol depuis trop longtemps, humide, froid... sombre. Soudain, dans ce calme que rien jusque là ne troublait, des pas, une multitude de pas: on viens me chercher.