Fausse Colombe ~1~

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Pour Noël, depuis que j'étais toute petite, on avait toujours fait un grand repas familial sans que personne ne manque jamais à l'appel. Mais avec le temps, j'avais perdu mes quatre grands-parents avant le collège, et la sœur de ma mère, ma tante, avait suivi son mari en Amérique pour le travail avec mes deux petits cousins il y a deux ans. Je n'avais pas d'autres membres de ma famille à Londres, mon père était fils unique, alors les repas de Noël ne se faisaient plus qu'avec nous trois.

Parfois, ça me manquait, surtout mes deux terreurs de cousins de douze et neuf ans maintenant. Mais on avait trouvé la solution pour se voir tous les ans à l'occasion des grandes vacances d'été ; une année on allait chez eux pour un mois, et l'autre année c'était eux qui venaient chez nous. D'ailleurs, cette année, c'était à notre tour d'aller en Amérique.

En rentrant chez moi, je me dépêchais d'aller aider ma mère pour le repas, ainsi que pour mettre la table en attendant le retour de papa. Pour ce qui concernait les décorations et le sapin, je m'en étais chargée pendant que j'étais seule à la maison et j'étais plutôt fière de moi.

En deux heures tout était prêt, on put ensuite aller s'habiller pour bien accueillir papa. J'optais pour une jolie robe mauve avec des paillettes qui s'arrêtait aux genoux, des escarpins noirs avec des talons pas trop hauts, un pendentif en argent avec une petite bague toute simple également en argent ; et pour mes cheveux, je les coiffais en une tresse sur le côté gauche.

L'image que me renvoya le miroir me plut beaucoup, le résultat était là. Je fis juste attention avec mes escarpins, je n'avais pas l'habitude des talons hauts et le moment était mal choisi pour me tordre la cheville.

-Tu es très jolie ma chérie, me complimenta ma mère. Tu fais vraiment femme.

-Merci, ma petite maman.

Elle aussi était belle, elle avait mis cette robe fourreau bleu nuit sans manches qui lui allait si bien, des escarpins identiques aux miens-mais avec des talons plus hauts-, un beau sautoir doré et un ensemble de bracelets de la même couleur. Et pour compléter le tout, un chignon haut d'où s'échappait quelques boucles.

La sonnette retentit et on alla ouvrir à mon père avec de grands sourires qui nous regarda avec surprise.

-Bonsoir mesdames, nous salua-t-il en souriant. Je crois que je me suis trompée de maison, je cherche ma femme et ma fille mais vous êtes bien trop belles.

-Oh ! Sale mufle !

Ma mère lui frappa l'épaule et je l'imitais en riant. Ça ressemblait bien à papa ce genre de blague, c'est ce que j'adorais chez lui, ce sens de l'humour qu'il avait toujours que ce soit avec nous ou au travail.

Contrairement à nous, il ne se changea pas pour le dîner, gardant son pantalon gris et sa chemise blanche. Maman tiqua mais ne dit rien, c'était une autre extravagance de mon père dont elle avait l'habitude. Elle servit le repas qui fut plus que copieux : une dinde aux marrons accompagnée de patates douces grillées, suivi d'une belle bûche au chocolat, le tout arrosé de champagne que j'avais enfin l'autorisation de boire sans exagérer pour autant.

-Ivy ? m'interpella mon père à la fin du repas.

-Oui, papa ?

-Avec ta mère, on est désolés de t'avoir laissée tomber comme ça, ce n'était pas prévu. On aurait dû y penser avec les fêtes, on a pas été très malins pour le coup. Mais là, on a bien pris la fin de la semaine, on ne reprendra pas le boulot avant le 2 janvier.

-Super ! m'exclamais-je ravie. Par contre, cette semaine, je suis prise pour toute une journée le 27. Mais on peut s'organiser autour.

-Tu vas voir ton petit-ami ? me demanda soudainement ma mère.