Raptor Dreyfus et les reptilluminazis

150 17 5
                                    

Bonjou, bonjour.

Woui, ce titre est totalement putaclic. Et alors ? On est là pour apprendre en s'amusant, non ?

Bref, aujourd'hui, pour ce cours d'histoire, nous allons parler de l'Affaire - avec un grand "A" - comme ils l'appelaient à l'époque, la plus grande erreur judiciaire du XIXe, la créatrice du Drama ultime, précurseur en matière de théorie du complot, j'ai nommé...

L'Affaire Dreyfus !

Résumons déjà l'Affaire - oui, c'est long.


France, ambassade d'Allemagne, le 24 Septembre 1894.

Une femme de ménage travaillant pour le service de renseignement français trouve un document - bientôt affectueusement nommé le "bordereau" - qui prouverait qu'un officier de l'état-major serait un traître livrant des informations aux Allemands.

Les soupçons se portent rapidement sur le capitaine Alfred Dreyfus, officier stagiaire - oui, apparemment, ça existe - à l'état-major. Pourquoi lui, me demanderez vous ? Eh bien une petite partie parce que trois experts - un peu véreux quand même - graphologues sur les cinq consultés considéraient que l'écriture du bordereau était celle de Dreyfus, et en énorme partie éclipsant tout le reste, parce qu'il était juif, et qu'à l'époque, l'antisémitisme était monnaie encore plus courante qu'aujourd'hui.

Bref, le capitaine est bien vite arrêté, jugé en huis clos par un tribunal militaire, puis condamné sur la seule preuve du bordereau, auquel s'ajoute une lettre - ne prouvant rien du tout - transmise à l'accusation sans que la défense n'en soit informée. Dreyfus doit être déporté à vie sur le terrible bagne de l'île du Diable.

Le malheureux continue - à juste titre - à crier son innocence. Sa famille se démène pour faire reconnaître qu'il y a eu erreur, mais rien n'y fait.

Jusqu'à ce que le lieutenant-colonel Picquart remarque la similarité entre l'écriture du bordereau et celle du commandant Esterhazy. Aidé de Scheurer-Kestner - le vice-président du Sénat - et de Mathieu Dreyfus, le frère du condamné, ils rendent publique le nom du vrai coupable.

L'Affaire Dreyfus éclate à nouveau.

Malgré les preuves, l'armée refuse d'admettre son erreur. Les antisémites se déchaînent.

Les "dreyfusards" et les "antidreyfusards" se livrent à une guerre, notamment au travers des journaux. Un article est resté célèbre : "J'accuse !..." de Emile Zola. Le texte fait l'effet d'une bombe, augmentant encore d'un cran la tension entre les deux camps, faisant connaître de tous l'Affaire Dreyfus, et déclenchant des vagues de violence antisémites.

En effet ; dans "J'accuse !...", Zola dénonce - à quelques approximations près que le manque de preuves ne pouvaient éviter - les véritables coupables.

Suite à quoi l'armée poursuit dans son entêtement en acquittant Esterhazy, en démettant Scheurer-Kestnerde sa fonction, en plaçant aux arrêts Picquart et en condamnant Zola à un an de prison agrémenté d'une forte amende. Pas fou, l'écrivain fuit en Angleterre.

Pendant ce temps, en France, on essaie toujours de prouver la culpabilité de Dreyfus. On découvre qu'une des pièces à conviction pesant contre le condamné était encore un faux, dont le responsable se suicide.

Peu après, Esterhazy fuit en Angleterre - sans doute pour faire un peu de compagnie à Zola - et quelques mois plus tard, en 1899, la révision du procès de Dreyfus est ouverte, et Zola peut rentrer en France.

Malgré le manque total de preuves, le nouveau procès se conclut par une sentence absurde : Dreyfus est condamné avec "circonstances atténuantes" à dix ans de réclusion. Mais, heureusement, il est gracié quelques temps plus tard par le président de la République.

Dans le même temps est promulguée une loi empêchant tous les faussaires et autres menteurs de l'Affaire d'être condamnés.

Finalement, ce n'est qu'en 1906 que le jugement du procès de 1899 est cassé, et que Dreyfus est réhabilité. Il peut donc reprendre son poste au sein de l'armée.

Il aura passé quatre ans dans l'immonde bagne de l'île du Diable, alors qu'il était parfaitement innocent et n'avait rien demandé à personne. Sans doute que sa plus grande faute était d'être de la mauvaise religion au mauvais moment...


BON ! En vérité, j'ai déjà pas mal simplifié. J'ai basé mes dires sur deux sources - woui, seulement, mais elles sont assurément fiables, alors c'est suffisant... -, un livre consacré à Zola et l'Affaire Dreyfus, et un livre parlant d'Histoire.

Il y a encore beaucoup à dire sur cette affaire, mais ce serait trop long à détailler ici, donc je vous encourage si le sujet vous intéresse à faire vos propres recherches complémentaires. Je n'ai pas parlé de nombreux acteurs de l'Affaire, mais vous en savez le principal, et je ne pense pas que c'était utile de vous surcharger d'informations.

Bref, j'ai trouvé le livre traitant de Zola et l'Affaire Dreyfus, qui était en fait un recueil - annoté - d'extraits de lettres, de journaux, d'interviews, très intéressant, surtout quand on le lit avec la mentalité d'un personne "pacifique" de maintenant, et avec tout ce qu'on sait sur l'Affaire et qu'ils ignoraient à l'époque.

Il serait presque drôle, si ce n'était pas aussi triste, de constater que les mentalités n'ont pas tellement évoluées depuis cette époque. Toujours la même haine contre des minorités qui n'ont généralement rien demandé, et si c'était l'antisémitisme qui était à la mode au XIXe siècle, on peut facilement transposer ce rejet à celui dont sont victimes les musulmans à notre époque, par exemple.

C'était aussi amusant de lire des journalistes antidreyfusards jusqu'à la moelle insulter Zola, le dénigrer, lui dire que le finalement pas-si-grand auteur qu'il était se couvrait de honte en protégeant ce sale juif, ce traître, qui était coupable, ça ne faisait aucun doute. Un journaliste, dont je n'ai pas retenu le nom, a même osé dire quelque chose comme : "On verra bien de nous deux qui la Postérité retiendra !".

Eh bien, petit anonyme, ce n'est pas sur toi, fervent antidreyfusard, que l'on écrit des livres pour louer ton combat contre ce "traître".

Ah, et j'ai failli oublier, mais ce qui m'a donné l'idée de ce titre, c'est que les antidreyfusards étaient allés jusqu'à prétendre que tous les juifs s'étaient rassemblés en une communauté, et qu'ils faisaient des pieds et des mains pour libérer Dreyfus, en soudoyant tout et n'importe quoi, parce que c'est bien connu, les juifs sont tous des banquiers.

La théorie du complot, ça ne date pas d'hier.

Et l'antisémitisme non plus.

Et sur ces belles paroles, dites-moi si vous avez des questions, je me ferai un plaisir d'y répondre si je le peux, et puis zoubizou !

Clem.


Le Cours d'Histoire-GéoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant