Je courais. Je courais à une vitesse incroyable. J'avoue que mes parents avaient raison lorsqu'ils disaient que je devais faire un sport, n'importe lequel, afin d'entretenir mes conditions physiques. Ce n'était sûrement pas pour me préparer à ce genre d'évènements, mais ça avait réussi à me faire échapper au diable lui-même.
J'avais la vie sauve.
Pourtant, je n'arrêtai pas de courir pour autant. Mes jambes continuèrent de m'emmener jusqu'à l'autre bout de la ville en grandes enjambées. Je descendis rapidement les marches des remparts et m'engouffrai sous ceux-ci afin de sortir de la vieille ville, mais à la seconde même où j'avais atteint la sortie, une grande main bâillonna ma bouche et un bras qui semblait immense me ceintura à la taille. Je me débattis comme je pouvais, mais c'était tout simplement impossible de me libérer de cette étreinte – cette personne était trop forte.
Je sentis un souffle chaud s'écraser contre ma nuque et me tus – crier ne me servirait à rien, et me débattre non plus, d'ailleurs.
Alors que la personne – le jeune homme, puisque je pouvais sentir son torse musclé contre mon dos – me lâchait, je pus discerner les bruits de talons qui claquaient sur le pavé s'estomper. Elles étaient parties. Elles ne me chercheraient plus, du moins, cette nuit.
Je me retournai alors, l'envie de découvrir mon sauveur étant trop ancrée en moi, mais je ne pus rien voir. Je scrutai seulement la pénombre. Je tâtai alors les murs devant moi et découvris un petit renfoncement, ce qui avait pu permis de nous cacher. En fait, ce n'était même pas un renfoncement puisque lorsque je fis un pas en avant, je sentis mes pieds se dérober sous mon corps. C'était des escaliers. Des escaliers qui menaient aux remparts. Voilà pourquoi il avait disparu. Tant pis, après tout, c'était un inconnu – je n'allais pas le regretter.
Après un moment passé à écouter les sons qui se répercutaient sur les grandes maisons et sur les murailles, je décidai de rentrer chez moi. J'y serais bien mieux qu'ici en pleine nuit. J'avais à peine cinq minutes de marche si je passais par la plage, et j'espérais bien entendu que la marée ne soit pas haute, sinon je devrais emprunter la route et ce n'était vraiment pas sûr – les filles qui m'avaient poursuivie tout à l'heure pourraient très bien revenir...
Heureusement pour moi, la mer redescendait. Je ne mis donc que quelques minutes à rentrer chez moi, courant à petites foulées jusqu'à découvrir une grande maison rougeâtre qui dominait la plage. Je montai rapidement les escaliers qui permettaient de rejoindre la digue et passai par dessus le petit muret de l'arrière-cour. Ma maison se dressait devant moi telle une chose que je ne pouvais pas atteindre. Cela me semblait ridicule de venir ici... Je ne savais pas pourquoi.
Je balayai mes pensées d'un revers de la main et poussai la porte, entrant ainsi dans cette maison qui appartenait à mes parents. Immédiatement, je retirai mes chaussures et me dirigeai ensuite vers le salon. Toutes les lumières étaient éteintes et je comptais bien les laisser ainsi. Je m'allongeai sur le canapé en vieux cuir marron et je m'endormis comme cela à peine dix minutes plus tard. J'étais bien trop fatiguée pour traîner plus longtemps.
J'entendais des murmures autour de moi... C'était presque assourdissant. Il y avait plusieurs voix près de moi qui ne faisaient que de murmurer. Des choses incompréhensibles en plus. J'ouvris les yeux difficilement et c'est là que je vis mes parents. Ils avaient l'air tellement inquiets... Je les comprenais, rentrer aussi tard le soir et surtout, dormir dans le canapé ne me ressemblait absolument pas.
Ma mère tordait nerveusement ses mains pleines de bagues. Elle eut l'air assez soulagée lorsque je me relevai, et me serra dans ses bras avec une force incroyable. Moi, je restai là, dans ses bras, sans vraiment comprendre grand chose – je venais de me réveiller et ma nuit avait été effroyable.
