Touche pas à ma voiture

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Le tournoi du Port vit aujourd'hui sa phase ultime. La finale oppose les Vagabonds du Parc à l'équipe de l'Institut Riffler ; elle doit avoir lieu place Pierreccia, en plein centre de Port-Marie.

Pour Tag et ses amis, la compétition a commencé par une victoire sur les Fantômes de la Cité. Elle se termine cet après-midi, après plusieurs autres matchs gagnés, par une finale qui les placera face à l'équipe de Laclass, un jeune joueur d'origine sud-africaine particulièrement doué.

Requin, organisateur du tournoi et arbitre autodésigné de la rencontre, est déjà sur les lieux. Cartoon, son coéquipier et ami, aura pour rôle de guetter une éventuelle intrusion de l'ennemi : les pratiquants du foot de rue doivent toujours être sur leurs gardes.

- Faudra ouvrir l'œil ! Lui glisse Requin à l'oreille. Les flics nous ont dans le collimateur en ce moment.

Il est encore un peu tôt pour faire enter les équipes sur le terrain. . .

Le marché hebdomadaire vient de s'achever et certains commerçants remballent encore leur marchandises, qu'ils chargent ensuite dans des camionnettes.

- Il vont bientôt déguerpir, oui ! peste Cartoon. On a un match, nous ! Allez ouste ! Zou-zou-zou ! Une famille africaine, composée d'un couple et de leurs trois enfants traverse la place. La mère porte un boubou multicolore ; son mari semble un peu perdu. Il demande son chemin à un vendeur de fruits et de légumes.

- L'agence du Centre ? mais c'est juste en face de vous ! répond celui-ci en désignant une boutique située à quelques pas de la porte cochère où Requin et Cartoon attendent un retour au calme.

- D'ailleurs voilà M. Gretti qui en sort ! ajoute le commerçant. Dépêchez-vous, on dirait qu'il va fermer !
    M. Gretti est le directeur de l'agence immobilière du Centre.   Fervent supporter de l'Olympique de Port-Marie, il a décoré sa boutique aux couleurs de la célèbre équipe de foot.
   Le père de famille africain se précipite vers lui.
- Qui êtes-vous ? Qu'est ce que vous voulez ?  lui demande sèchement Gretti.
- Je cherche un home, répond l'Africain dans un français hésitant, mêlé de mots anglais. 

Mais son sourire n'attendrit pas l'agent immobilier.
-Pas le temps, répond-il, j'ai un rendez-vous.
- Vous avez beaucoup de home, insiste l'Africain, moi je travaille j'ai besoin de home pour les children...
  Gretti l'écarte de la main et ouvre la portière de son véhicule, une magnifique voiture de sport au rétroviseurs duquel pend un mini drapeau de l'Olympique de Port-Marie.
- J'ai rien de libre en ce moment lâche-t-il froidement. Au revoir.
  Le fils aîné de la famille, un garçon d'une douzaine d'années, est sous le charme. Il ne peut s'empêcher de caresser de la main le capot rutilant de la voiture, ce qui n'est pas du goût de M. Gretti.
- Hé ! Touche pas à ma voiture, toi ! s'écrie-t-il. Tu vas abîmer la peinture !

Puis il se tourne vers mon père :   - Je vous dis que j'ai rien pour vous ! Maintenant dégagez votre marmaille et laissez-moi passer !   - Bien parlé, monsieur Gretti ! lance une voix pointue derrière eux

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Puis il se tourne vers mon père :
  - Je vous dis que j'ai rien pour vous ! Maintenant dégagez votre marmaille et laissez-moi passer !
  - Bien parlé, monsieur Gretti ! lance une voix pointue derrière eux.
  Le commentaire est signé Mme Verrat, une petite dame bien en chair tenant une boutique sur la place. Elle se dirige à grandes enjambées vers la voiture de l'agent immobilier, en compagnie de son voisin le coiffeur, lequel porte dans ses bras Marcel, son inséparable bulldog français.
  - Mes amis, dépêchons-nous  ! leur lance Gretti. M. le Maire n'aime pas attendre... Que voulez-vous ? On ne peut plus faire un pas sans être dérangé. Par des étrangers, en plus !
  - Il faudra également parler de ce problème à M. Maroni, suggère Mme Verrat. Cette ville devient invisible.
  - Ce n'est pas le plus urgent, proteste le coiffeur avec un fort accent espagnol. La tranquillité de la ville est plus importante.

J'ai un chien cardiaque, moi, monsieur !  N'est-ce pas, Marcel, mon trésor ? M

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J'ai un chien cardiaque, moi, monsieur !  N'est-ce pas, Marcel, mon trésor ? M. Gretti invite ses collègues commerçants à monter dans sa voiture et celle-ci démarre sur les chapeaux de roue.
Depuis sa porte cochère, Requin serre les mâchoires. Il observe la voiture de sport s'éloigner, laissant la famille africaine dans un épais nuage de poussière et de fumée.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 15, 2017 ⏰

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