Chapitre 1

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Octobre. Ma saison préférée. Elle me comprend, je trouve. La nature meurt petit à petit, comme chaque parcelle de mon esprit.

J'aime m'asseoir sur un banc (mon banc) dans le parc de cette petite ville affreuse pour dessiner les arbres presque nus, les tourbillons de feuilles orangées...

Je n'aime pas l'hiver, il fait trop froid.

Je n'aime pas l'été, il fait trop chaud.

Je déteste le printemps, parce que elle, cette foutue nature, elle revit,reprend des couleurs, alors que moi non. Je reste l'adolescente froide comme une légère brise glacée qui caresse ta nuque. Je reste l'adolescente triste comme une fleur fanée.

Oui, c'est ça :

Je suis une fleur fanée.



***


Lundi matin,6h50. Le réveil sonne, comme tous les jours. Je lui donne un coup machinalement pour qu'il cesse de crier. Je retombe sur mon oreiller, les yeux en feu. Naturellement, je n'ai dormi que trois heures, ayant dessiné jusqu'à point d'heure. Qu'est-ce-que je regrette de ne pas avoir plongé dans les bras de Morphée plus tôt.

Avant que je me rendorme, je me lève, et ouvre les rideaux, pouvant ainsi laisser entrer la lumière du soleil dans ma « chambre ». Sérieusement, je comprends Harry Potter quand il vivait dans son placard, c'est à peu près l'impression que me donne cette pièce. Neuf mètres carré tout au plus, je ne me suis jamais amusée à calculer. Un lit une place, une petite armoire, un bureau, une chaise, une commode qui me servait de « tu ranges ton bazar »et ... Voilà. Charmant n'est-ce-pas ? Ça donne envie, je sais.


Je m'habille, coiffe mes cheveux châtains ondulés ( j'ai absolument envie de tout raser dans ces moments de lutte ) et vais à la cuisine. Le silence règne dans l'appartement. Ma mère n'a pas beaucoup de moyens, elle est seulement vendeuse dans une petite boulangerie. Je n'ose pas me plaindre car je vois bien qu'elle fait son maximum pour moi. Et oui, je suis fille unique. Je me sens encore plus seule, mais j'essaye de me consoler en me disant que ça m'évite de nombreuses disputes avec un frère ou une sœur.

Oui, je vis seule avec ma mère. Elle a chassé mon père il y a six ans. Je ne sais pas ce qu'il était devenu et je m'en fiche royalement. C'est un salaud. Je le déteste depuis que je suis toute jeune. Lorsqu'il rentrait ici, il était complètement ivre, violent avec ma mère. Je me souviens très bien du pire jour de ma vie. Quand il l'a battue et qu'elle s'est effondrée, inconsciente.Il rentrait, ayant perdu son travail, son patron avait remarqué qu'il buvait de l'alcool toute la journée. Je me rappelle très bien de quand il a ouvert la porte brutalement. Il a titubé jusqu'à la cuisine, où il s'est appuyé à l'encadrement. Ma mère est arrivée jusqu'à lui, ayant l'habitude de ce genre de situations. Ellen'avait pas remarqué qu'il était ivre-mort. Pas que bourré comme d'habitude. Lorsqu'elle a levé sa main vers lui pour le faire asseoir, il a empoigné son avant-bras. Ses yeux bleus comme l'océan se sont écarquillés, et elle a balbutié des paroles inintelligibles de là où j'étais. Sûrement qu'elle lui demandait ce qu'il se passait. Je ne sais pas. Par contre, ce que je sais,c'est qu'il l'a poussée violemment contre le mur derrière elle et lui a asséné une grande gifle. Le coup avait été sec, précis. Et moi, j'étais pétrifiée, regardant la scène avec effroi. Il a recommencé, une fois, deux fois, trois fois. Ma mère le suppliait,pleurant à chaudes larmes sous la douleur. Elle disait : « John je t'en supplie, je ferai tout ce que tu veux... » Mais,ce monstre ne l'a pas écoutée et l'a rouée de coups, jusqu'à ce qu'elle soit tombée au sol, sans bruits, sans cris. Il lui donnait des coups de pieds, l'insultait, et moi, impuissante, je pleurais.

RainbowWhere stories live. Discover now