Prologue :
Jamais je n'avais pu observer une lumière aussi intense dans ma vie. Elle m'absorbe et m'enveloppe de sa douceur et de sa chaleur.
Les rayons du soleil traversent la grande vitre de la pièce pour chauffer ma main ridée qui reste froide malgré tout. J'ai eu mon dernier souffle, il y a quelques minutes. Mon esprit s'est élevé dans les airs et j'ai pu observer ma famille assise à mes côtés.Mes enfants et mes petits-enfants sont venus me soutenir dans cette dernière aventure. Quand j'ai quitté mon corps, j'ai senti leur chagrin me traverser. Leurs larmes ont coulé devant mon arrêt respiratoire, je les ai vus avec leur mouchoir dans la main, les essuyer.
« Ne vous inquiétez pas, je veillerai sur vous »
Je suis née en 1933 dans un petit village au centre de la France. Mes parents étaient fermiers, j'ai grandi entourée de bétails et de volailles.
À cinq ans j'ai intégré la petite école du village. Des sabots aux pieds et habillée en blouse, je parcourais avec ma mère, les petits chemins de terre pour nous y rendre. C'était pour moi les balades que je préférais. Ma mère portait mon sac en cuir tandis que je courrais devant elle, ramassais les bâtons et cueillais les fleurs qui poussaient sur les grands talus. Ma mère me regardait tendrement, jouer, tout en avançant dans la brume du matin. Elle revenait me chercher pour le déjeuner et le goûter. Nous parcourions ce trajet plusieurs fois par jour, bien que mes parents étaient débordés de travail à la ferme.
Pour le goûter, je le prenais seule dans cette cuisine pourvue d'une longue table de ferme. J'avalais une grande tartine de pain tartinée de fromage frais que mes parents fabriqués. Aussitôt finie, je sortais les rejoindre dans les champs. Les grandes herbes me chatouillaient le ventre, mais j'adorais parcourir les prés et sentir les bonnes odeurs des fleurs qui se mélangeaient à mes narines. Dans l'étable, je regardais les vaches se faire traire à tour de rôle. Il m'arrivait même d'assister à une naissance en restant proche de mon père qui surveillait le bon déroulement de celle-ci.
Et j'ai grandi sous la bienveillance de mes parents. Avec leurs économies, ils m'avaient acheté un vélo pour me rendre à l'école. Le chemin que j'empruntais petite, je le faisais à présent sur deux roues, à grande vitesse, les cheveux dans le vent.
Tous les enfants du village se rassemblaient dans la cour de l'école.Nous jouions tous ensemble, garçons et filles avant de rentrer chacun dans nos classes respectives. J'avais hâte de sortir en récréation pour retrouver, Charles, ce garçon que j'observais depuis cette rentrée des classes. Il était nouveau dans le village,ses parents étaient cordonniers, des sabots qu'ils fabriquaient eux même sur mesure.
Pourtant tous habillés du même uniforme, Charles était différent des autres camarades à mes yeux. Quand il me regardait, il avait ce petit sourire et cette fossette qui apparaissait sur sa joue. Je ne résistais pas à son charme... si bien qu'à la sortie je récupérais mon vélo et allais me poster derrière la grille afin de pouvoir l'observer, sortant avec les autres camarades de sa classe. Ils rigolaient et se chamaillaient entre eux. Comme à son habitude, il mettait son sac sur le dos et partait avec le petit groupe qui se dirigeait vers le village tout en passant devant moi.J'aurais tant voulu qu'il vienne à moi et que l'on fasse le chemin ensemble...
Un jour, alors que j'étais à genoux devant mon pneu percé, il vint à moi en renvoyant ses copains à continuer sans lui. Il posa son genou à terre à côté du mien et face à mon visage, me demanda si j'avais besoin d'aide. Devant ses yeux vert clair, son teint clair, ses petits sourcils et ses lèvres que je regarde à tour de rôle, j'ai du mal à sortir un son de ma bouche. Je bégaye, pour finir par dire un petit oui en sourdine. Alors que j'ai le visage décomposé, il me sourit. Je ne me souviens plus de ce que j'ai fait après, mais je sais qu'il a roulé mon vélo jusque chez moi.Après un bref signe de la main pour le remercier, je suis montée dans ma chambre puis me suis laissée tomber sur le lit, rêveuse.Depuis ce jour-là, il voulut me raccompagner tous les soirs et ce n'était pas pour m'en déplaire ! Il y en avait des envieux et des envieuses...
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le chemin de l'amour
Short StoryUne nouvelle écrite pour la saint-valentin que j'offre aux lecteurs pour découvrir mes écrits