One shot

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《Il suffit d'un instant, une rencontre, un regard pour bouleverser une existence…
La bonne personne, le bon moment.
Le caprice du hasard...》
~ Guillaume Musso

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Combien de temps étais-je restée là, dans l'obscurité, à attendre, à attendre pour être libre, à attendre pour vivre. Cette image d'une adolescente recroquevillée sur elle-même, à deux doigts de se noyer dans ses larmes, était gravée dans ma chair. Cette souffrance incomparable qu'avait été d'obéir à mon persécuteur, ce mélange de peur et de haine bouillonnant dans ma tête, jamais je ne les oublierai. Lorsque ma mère s'était écroulée sur le sol desséché devant la maisonnette en bois de mon enfance, sans même avoir eu le temps de terminer sa phrase, je compris que ma vie ne serait plus jamais comme avant. Sur le moment, j'ai repensé à nos habitudes, à Belmer, Nojiko et moi, à notre quotidien dans le petit village de Cocoyashi. J'ai réalisé que plus jamais nous ne cueillerions de mandarines toutes ensembles. Le mot « jamais » avait résonné à mes oreilles au point de me rendre folle. Et puis j'ai fini par rejoindre Arlong et son équipage. Je ne pourrai pas non plus oublier la douleur que j'avais ressentie lorsque l'aiguille du tatoueur s'était plantée dans la fine peau de mon épaule. Parce que ce n'était pas un simple tatouage. C'était bien plus que quelques pigments de couleur libérés sous ma peau, ce n'était pas juste un simple dessin. Il s'agissait là de la preuve évidente que je leur appartenais, c'était ce qui marquait la fin de ma liberté, c'était leur emblème. Et tant que cette marque tacherait mon épaule, tant qu'elle ne disparaîtrait pas, je serais leur jouet, une pauvre marionnette soumise ruminant des mots de vengeance et de haine, sans oser les dire à voix haute. Et ce quotidien dura. Pendant huit ans j'obéis aux ordres, sans jamais faillir. Car la moindre erreur aurait été fatale.

Noir.

Et puis vint le jour où je découvris le plus beau trésor du monde. Le jour ou je vis son sourire pour la première fois. Ce n'était pas une cité d'or, ce n'était pas une rivière de diamant, mais avec le temps, j'ai réalisé que sa valeur était bien plus grande. Lorsque j'ai rencontré Luffy, j'étais loin de m'imaginer combien ma vie changerait en quelques jours. En acceptant de rejoindre son équipage, même en sachant que ce ne serait pas pour toujours, je me suis sentie libre pour la première fois en huit ans. Je ne pensais plus au tatouage dissimulé par une des manches de mon t-shirt. Le vent marin agitant mes cheveux, j'avais l'impression de pouvoir faire ce que je voulais. Et lorsque l'inquiétude parvenait à s'immiscer dans mon esprit, il me suffisait de jeter un coup d'œil vers le jeune et libre garçon au chapeau de paille pour que toutes mes peurs s'envolent. Rapidement, je me mis à rêver. Je me mis à rêver d'un monde sans tyrans, d'un monde où j'aurais été libre, et l'illusion que jusque là ma vie n'aie été qu'un cauchemar s'intensifiait. J'avais envie de croire que ces huit ans n'avaient existé que dans mon esprit, que sur mon île, Belmer et Nojiko m'attendaient, le sourire aux lèvres. C'était de la folie, c'était de l'inconscience de renier l'existence des hommes-poissons et le malheur qu'ils avaient apporté. Mais tel était les effets que Luffy et son sourire avaient eu sur moi, et ça faisait du bien. Tellement de bien.

Blanc.

Mais malgré tout, la réalité m'avait vite rattrapée, me frappant de plein fouet. L'avis de recherche d'Arlong m'avait ramenée sur Terre. Je ne pouvais pas fuir, je ne pouvais pas être libre. Je n'avais pas le droit de vivre comme mes nouveaux amis. J'étais prisonnière, prisonnière de ces chaines qui me reliaient aux monstres torturant mon village.Tandis que le petit groupe de pirates attachait le Vogue Merry flambant neuf au Baratie, où la faim et le désir de trouver un cuisinier les avait conduits, je luttais pour retenir mes larmes et me forçais à sourire. Avec du recul, je me rends compte que c'est à cet instant que ma peine commença à se transformer peu à peu en haine. La même haine profonde qui me consumait intérieurement depuis des années. Injustice. C'était injuste. Pourquoi ne pouvais-je pas rêver ? Pourquoi ne pouvais-je pas être libre ? Pourquoi ne pouvais-je pas vivre comme eux ? Pourquoi le sort s'acharnait sur moi et sur mon village ? Les visages radieux de mes compagnons de voyage me tourmentaient. Moi aussi je voulais voyager. Moi aussi je voulais être heureuse. Mais je n'en avais pas le droit.Lorsque j'ai pris la fuite avec la caravelle, laissant Luffy et les autres à la merci de Don Krieg, je ne pus m'empêcher d'être submergée par les remords. Je détestais l'idée de les trahir, de les abandonner. Alors je me répétais la même phrase « Ce sont des pirates. », dans l'espoir que cela puisse me soulager. Ils étaient des pirates, des pirates comme ceux qui avaient tué ma mère, des pirates sanguinaires. Moi, j'étais une voleuse, une voleuse de pirates. Je ne devais pas regretter mes choix. Tout ce que je faisais, je le faisais pour ma sœur, pour mon village, pour tous ceux que j'aimais. Je ne faisais rien de mal. Je devais faire une croix sur cette amitié naissante, et sur l'aventure que j'aurais pu vivre. Parce que je n'étais qu'un objet, un vulgaire objet de la propriété d'Arlong.

La vie est en noir et blanc... ~ LuNa One PieceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant