Partie 2 : Le shérif

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Emma quitta le campement à la première heure. Cette fois, elle prit le temps de l'embrasser. Deux fois, trois fois, quatre peut-être. Quand on aime on ne compte pas dit-on. Il s'appelait Gus. Il avait toujours ce regard ensorcelant. Le temps semblait s'étirer à l'infini. Soudain, Carson empoigna Gus et l'écarta d'Emma avec force. Elle protesta. Gus avança la main vers son revolver. « C'est mon père ! » cria Emma et il stoppa son mouvement. Carson l'entraîna, elle cria à Gus qu'elle le rejoindrait bientôt.


Au campement, Carson jeta violemment Emma au sol. Elle en fut choquée, jamais son père n'avait fait preuve d'une telle violence envers elle. « Papa qu'est-ce qui t'arrive ? Hurla-t-elle au bord des larmes

- On peut savoir à quoi tu joues ? Répliqua-t-il

- J'ai pas le droit d'aimer ?! Je suis libre putain !

- Arrête de te foutre de ma gueule, je vais pas te laisser fricoter avec un shérif !

- Quoi ?!

- N'essaye pas de me faire croire que tu n'as pas vu l'étoile de ce salopard ! Petite pute ! »


Emma resta interdite, prostrée. Gus était shérif ?! Il faisait donc partie de ces hommes qu'elle mettait d'ordinaire tant d'opiniâtreté à remplir de plomb ? Elle ne parvenait toujours pas à visualiser son étoile. C'était son regard qui revenait sans cesse à son esprit. « Je ne lui ai rien dit, affirma-t-elle.

- J'espère bien, grogna son père, quoi qu'il en soit, nous levons le camp dès ce soir »


A ces mots, Emma ne put retenir ses larmes. Les grosses goûtes goûtèrent le long de son nez, ses joues, sa cicatrice. Elle renifla et se mordit les lèvres pour ne pas hurler. Elle ne verrait plus Gus. Elle ne goûterait plus ses lèvres. Elle ne parlerait plus avec lui. Elle n'éprouverait plus cette sensation d'être seule au monde avec lui, que rien d'autre importait. Elle tourna son regard vers sa ceinture, ses colts. En serait-elle capable ?


Le vieux, Bill, qui avait lu Shakespeare, savait jusqu'où peut pousser un amour contrarié. Il prévint Carson : « Tu devrais la surveiller de près.

- A quoi bon, elle a passé sa vie à haïr les shérifs, si elle le recroise, je donne pas cher de la peau de ce fils de chienne. Ensuite elle pissera sur son cadavre comme ce vieux marshall qui lui avait attrapé le cul tu te rappelle ? HA HA HA ! »

Le vieux bill rit tristement...

EMMAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant