Last Dance

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Quand il était enfant, Park JiMin n'avait pas le profil du danseur. Petit, rondouillet, timide, et peu musclé, il n'avait aucune prédisposition pour ce sport qui demandait beauté, finesse, grandeur, et grâce.

Bien sûr, il avait toujours voulu essayer de s'y mettre. D'abord, il avait supplié son père, qui avait refusé que son fils pratique "un sport de fillette" et l'avait inscrit au foot à la place. Mais jamais JiMin n'était satisfait. Bien sûr, il était avec ses petits camarades de terrain, mais il rêvait plus que tout d'être danseur. Souvent, il allait dans la chambre de sa mère et piquait les vidéos anciennes de sa grand mère, sur les spectacles de ballet, alors qu'elle était encore jeune, et essayait de faire pareil.

Bien sûr, il n'avait pas la même grâce, ni la même grandeur, ni la même beauté, mais il s'amusait. C'était très différent du foot, et il eut envie de le faire de son mieux. Il commença à s'entraîner dans le grenier, sur le vieux tourne-disque de ses parents, apprit par coeur les pas de Gisèle, et les exécutait de son mieux, tant qu'il le pouvait.

Quand il eut une dizaine d'années, il décida de le montrer à sa mère. Il lui fit ces mouvements si beaux et si fins pour qu'elle comprenne. Et elle comprit. Elle comprit qu'il lui fallait le laisser faire de la danse. Que c'était sa vraie passion, son vrai talent, son vrai domaine. Il commença les cours avec une vieille femme aigrie qui n'avait pas l'habitude d'avoir des petits garçons dans son cours. Elle remarqua de suite son talent, elle l'aida de son mieux pour arriver à le faire monter, encore et encore plus haut dans son art.


Il passa sa première audition à 14 ans. Mais il fut recalé. Trop petit. Trop gros. Ces mots se plaquèrent sur son esprit et il se sentit obligé de maigrir. Il perdit un kilo. Puis deux. Puis trois. Puis dix. Puis il s'évanouissait lors des entraînements, et malgré les cris de Madame Gah, sa professeure, il ne cessa son régime que lorsqu'il intégra l'école de danse de Busan, à 16 ans. Là, il commença à se faire suivre par un diététicien qui lui fit reprendre un poids normal, et où il devint l'un des meilleurs dans sa catégorie.

Si bien qu'à 18 ans, il fut recruté par l'Opéra de Séoul, où il fit ses premiers pas avant de devenir le plus jeune danseur étoile de la compagnie, à l'âge de 21 ans.

Depuis, chaque jour, un peu plus, il forçait sur son corps, lui faisant réaliser des prouesses de talent, de force et de travail, pour arriver à faire mouvoir son corps au rythme de l'impressionnante musique.


Dans le milieu, Park JiMin était une star. Un génie comme on n'en voit qu'un tous les 100 ans. Il envahit alors les plateaux télés, puis les interviews dans les magazines. Il était parfait. Toute sa vie se tournait autour du ballet et de son amour pour la danse.

Et les spectacles s'enchaînaient, de plus en plus de monde venait les applaudir, les voir se mouvoir tels des serpents pour suivre le rythme de la musique.

Gisèle, Le Lac des Cygnes, La Belle Au Bois Dormant, Roméo et Juliette, Casse Noisette, Don Quichotte, Petrouchka, tous. Tous les ballets, devenant ainsi le meilleur parmi les meilleurs.

Ses partenaires étaient folles de joie rien qu'à l'idée de travailler avec lui.

Elle était loin, cette époque, où il ne pouvait pas danser parce qu'il était trop gros.


Mais les choses n'auraient pu se continuer éternellement. Comme pour tout danseur, le pire arriva. Il se blessa. Violemment. Se brisa deux vertèbres. Il prit peur de ne plus jamais pouvoir marcher.


Six mois en fauteuil. 12 de plus pour retrouver une mobilité normale. Et on ne saura jamais combien de plus pour pouvoir danser.

Dans l'ambulance, JiMin pleurait, mais pas seulement de douleur. Il pleurait de rage, devant sa carrière à jamais terminée. Que pouvait-il faire désormais ? Il n'était plus rien. Sans sa souplesse, sans sa musculature, sans la danse il n'était plus rien. Il ne savait rien faire d'autre que ça.


Last Dance - HopeMinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant