"Je deviens fou"

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Je ne sais pas vous, mais je trouve qu'avoir un enfant est le plus beau cadeau que la vie puisse vous faire. Certes, le travail, l'argent et la santé sont des facteurs très importants, mais ce petit être, la chair de votre chair, le sang de votre sang, je n'ai guère les mots pour exprimer le bonheur que cela procure.

Depuis le décès de sa mère, Gabrielle, ma fille, est devenue mon unique raison de vivre. Cela doit faire approximativement deux ans que Luna nous a quittés, je vous avoue que je ne compte plus vraiment. Lorsqu'une personne qui vous est chère disparait, chaque jour vous semble durer une éternité. Chaque seconde passée loin d'elle m'est insupportable, mais je me force à ne pas y penser, c'est le seul moyen pour ne pas sombrer. Et je ne peux pas me le permettre. Il faut que je reste un modèle pour Gabrielle. Après tout, elle n'a que sept ans... et vivre sans mère, c'est comme vivre sans domicile, c'est très dur.

Nous ne parlons jamais de ce jour où notre vie à chaviré, et c'est peut être mieux comme ça. Et même si je sais qu'un jour nous devrons avoir une discussion à ce sujet, mieux vaut que cela arrive le plus tard possible. D'autant plus qu'elle n'est pas au courant que lors de son décès, Luna était enceinte. De six mois. Trois mois de plus et Gabrielle aurait eu une sœur. Nous avions déjà choisi son prénom : Azéa. Original, n'est-ce pas ? Un prénom à l'image de sa mère... et dire que tous nos projets ont étés réduits à néant par une simple fuite de gaz. C'est l'explication que les enquêteurs ont trouvé pour justifier l'effondrement de l'immeuble dans lequel elle travaillait. Depuis, je me donne corps et âme pour réaliser mon vœu le plus cher : rendre Gabrielle heureuse.

Mais depuis quelques jours, il se passe des choses plus étranges les unes que les autres, comme ce moment où  ma fille est revenue de l'école en possession d'une poupée très étrange, en chiffon, avec des yeux tout noirs, mais terriblement réalistes. Elle m'a dit qu'elle l'avait trouvée dans le coffre à jouets de la classe et que l'institutrice lui avait permis de la garder. Lorsque je lui ai demandé comment elle s'appelait, elle m'a répondu « Azéa ». J'en ai été foudroyé, mais j'ai mis cela sur le compte de son imagination surdéveloppée... encore quelque chose qu'elle tient de sa mère. Il y a deux ou trois jours, j'ai cru que la poupée respirait. C'est ridicule. Ce n'est qu'un bout de tissu ! Tout le monde sait que les poupées ne sont pas vivantes... Je dois avoir accumulé trop de fatigue... En même temps, cela fait un mois que je ne dors plus bien ! Quoi qu'il en soit, il faut que cela cesse. Il faut absolument que je me repose. Et hier, j'ai carrément cru qu'elle me parlait ! Comme si elle essayait de m'avertir de quelque chose... je deviens fou, ce n'est pas possible. Vous vous imaginez ? J'ai cru qu'un bout de tissu parlait ! Ce doit être mon travail qui me retourne l'esprit, je ne vois pas d'autre explication logique. Mais cela semblait si réel...

Depuis, la moindre chose qui soit légèrement différente de d'habitude me parait suspecte. Je deviens vraiment paranoïaque... Et si je prenais rendez-vous avec le docteur Diego ? Après tout, c'est grâce à lui si j'ai réussi à ne pas sombrer après le décès de Luna. Un médecin très compétent, si vous voulez mon avis ! Enfin soit, c'est décidé, il faut que je lui parle de ce qui m'arrive.

Réincarnation [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant