Prologue

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Quand j'ai débuté l'écriture je n'avais que huit ans, à l'époque je n'étais qu'une petite fille tantôt introvertie tantôt extravertie – enfin, parfois je me situais au juste milieu – rien de bien particulier en soit ; au commencement quand j'écrivais, ce n'était que pour me confier à mon immense cahier de la taille d'un livre des records d'une couverture violette qu'on pourrait facilement assimiler à du daim avec une petite ceinture noire par-dessus en guise de serrure, il était plutôt curieux comme carnet secret pourtant je l'adorais étant donné que c'était un cadeau de mon défunt père. J'y inscrivais à l'encre d'un stylo orné d'une petite touffe de poils noir, tout ce qui touchait de près ou de loin à ma vie, de mes jours les plus heureux aux plus malheureux. C'en était même devenu un rituel quotidien. À mesure du temps, j'ai appris à m'intéresser à la littérature, pour moi lire une histoire était similaire à l'exploration d'un journal intime – bien qu'elle ne le soit pas du tout, car nombreuses sont celles qui ne relèvent pas de la réalité – d'une certaine façon, les idées d'écriture découlent de l'imagination qu'on pourrait facilement représenter de façon abstraite comme un jardin secret, alors cela va de soi, ma théorie tenait bien la route ! Le genre de lecture qui retenu le plus mon attention fut les histoires d'amour, j'en ai lu plusieurs : de Roméo et Juliette à Les Hauts de Hurle-vent en passant par Cinquante Nuances de Grey... Du moins, je les dévorais presque littéralement. Cependant, tous ces récits me faisaient longtemps cogiter dans mon lit sur ma propre condition d'existence jusqu'à ce que j'atteigne l'âge de quinze ans, je devenais une jeune femme qui rêvait du beau jeune homme supposé la faire vivre, ressentir, goûter le grand amour – bien que je n'avais jamais réellement pensé à ma première rencontre avec celui-ci – pour tout dire je n'avais aucune idée de ce qui était véritablement « tomber amoureux », mis à part cette illustration conceptuelle que je me fais : une jeune femme distraite qui manque de se casser la figure au sol exagérément humidifié par une pluie abondante sublimée par des coups de tonnerre dans le ciel, lorsqu'elle trébuche en se faisant rattraper de justesse par les mains de l'homme de sa vie... Hélas, ce n'était qu'une illusion car cette expression aussi étrange et plus ou moins absurde soit elle, ne se manifestait pas du tout dans ma modeste vie de jeune adulte que je suis maintenant.

J'ouvre les yeux puis me redresse sur mon lit pour m'asseoir, je soupire en me frottant le visage comme si cela pourrait m'empêcher de penser autant. Il faut que j'arrête de trop réfléchir à ce genre de trucs, je suis encore jeune j'aurai bientôt que dix-neuf ans.

Putain. Dix-neuf ans ?

L'âge de dix-huit ans passé, je pourrai définitivement me considérer comme étant pleinement adulte et je n'ai toujours pas encore eu de premier amour, je n'ai toujours aucune idée précise de ce terrible phénomène dont parle les films, les romans, les bandes dessinées et que sais-je encore... qu'on appelle l'amour. Je crains de mourir sans connaître ce fameux « coup de foudre » parce qu'il n'y a jamais eu de pluies et qu'il n'y aura sans doute aucune à l'horizon à l'allure où l'on va. En effet, pour moi la pluie ou l'orage signifiait l'amour. Lorsqu'il pleut des liens se créent et le coup de foudre pointe le bout de son nez les nuits pour rapprocher les gens ou les détruire. C'est même pour cette raison que je vénère décembre, qui est selon moi le mois le plus pluvieux de l'année mais aussi le plus chaleureux. Et l'amour est toujours au rendez-vous dans ces périodes-là.

Ça suffit, arrête d'y penser !

Je secoue la tête, puis me lève définitivement de mon lit déterminée à me retrouver dans ma salle de bain, je me rince le visage en étant courbée juste au-dessus du lavabo, mais lorsque je me relève, mon regard reste figé sur mon reflet dans la glace. Je m'observe simplement sans dire mot en tentant de décrire comme je le ferai si j'étais en train d'écrire. À travers ce miroir, j'aperçois une fille si insignifiante, si ordinaire – je dirais même trop. Je ne vois que le reflet de cette fille qui craint tout pour un oui ou pour un non. Une soi-disant jeune femme qui s'inquiète tout le temps de l'image que les autres ont d'elle. Ce n'est qu'une demoiselle, qui depuis toujours, a l'étrange impression de ne pas être comme tout le monde, d'être différente des autres individus de son âge. Est-ce bien ou mal ? Je n'en ai aucune idée.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 15, 2021 ⏰

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