La salle d'attente

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C'est en ouvrant soudain les yeux, que je m'aperçois que je suis assis sur une chaise dans ce qui semble être une salle d'attente. Je vois rapidement que je ne suis pas seul, un vieux monsieur est en train de dormir face à moi. J'imagine que ça fait un moment qu'il attend puisqu'il a l'air de dormir profondément. J'ai probablement dû m'assoupir aussi, mais je n'ai aucun souvenir de comment je me suis retrouvé ici. En revanche, j'ai un mal de crâne horrible ! J'ai l'impression qu'on me frappe le crâne à coups de marteau... Bon peu importe, j'aimerais bien savoir où je me trouve et vite. Tiens, il y a une porte sur ma droite, allons voir si je n'ai pas moyen de trouver quelqu'un derrière. Bingo ! Une jeune femme qui semble n'attendre que moi !

- Bonjour Madame, vous allez certainement trouver ça bête, mais pouvez-vous me dire où je me trouve ?

-Bonjour Monsieur, ne vous en faites pas, vous n'êtes pas le seul à me poser cette question, à vrai dire c'est justement pour ça que je suis ici, pour les cas comme vous. Je peux simplement vous dire que vous avez pris rendez-vous avec nous hier soir et que vous devez attendre votre tour dans la salle d'attente. Ça devrait bientôt être à vous malgré la forte demande ces temps-ci !

- Vous ne pouvez rien me dire de plus ? Je veux bien retourner m'assoir mais si c'est trop long je m'en vais. En revanche vous devez vous tromper, je n'ai aucun souvenir d'avoir pris rendez-vous avec qui que ce soit !

- Merci monsieur, je vous assure que ça ne sera plus très long.

De retour dans cette salle d'attente, je décide de m'assoir sur une autre chaise en espérant que celle-ci me rafraichisse le postérieur. Il fait tellement chaud ici et ils n'ont même pas pensé à mettre une seule fenêtre...

- « Excusez-moi jeune homme, où sommes-nous ? » Me dit le vieillard tout juste réveillé.

- « Ah bah ça ! Vous non plus vous ne savez pas ? Je viens d'aller voir à la réception et je n'ai pas réussi à avoir la réponse. Elle m'a juste dit que j'avais pris rendez-vous hier soir, alors que je n'en ai aucun souvenir, mais que je devais retourner m'assoir car ça ne sera plus très long. » Lui répondais-je.

- « Ah bon, d'accord, je vais attendre encore un peu alors. De toute façon je ne me sens pas très bien, je pense m'être endormie dans une très mauvaise position sur cette chaise. J'ai comme une sensation de torticolis. »

- « Pour vous avoir vu dormir, vous sembliez plutôt confortable ! Ceci-dit, sachez que moi c'est au crâne que je souffre depuis mon réveil. A croire qu'ils nous ont emmenés ici de force ! » Dis-je en rigolant.

- « Oh, ne parlez pas de malheur, j'en ai déjà bien assez... »

Puis s'en est allé quelques minutes de discussion avec Claude, c'est comme ça qu'il s'appelle. On a échangé un peu chacun sur notre vie. Il m'a dit qu'il vivait seul depuis déjà quelques années et qu'il ne lui restait plus que sa fille unique. Il aurait tant aimé être grand père, seulement, sa fille vient d'être diagnostiquée, apparemment très tardivement, d'un cancer du sein. C'est une histoire horrible... Je comprends mieux pourquoi il ne voulait pas parler de malheur, même pour rire... C'est certainement l'une des pires choses de ce monde que d'imaginer son propre enfant mourir avant soit. J'espère sincèrement qu'elle va s'en sortir, foutu cancer !

- « Monsieur Lucas, c'est enfin à vous. Je vous prie de bien vouloir me suivre s'il vous plait » me dit la dame de l'accueil qui vient d'ouvrir la porte.

Après avoir traversé un petit couloir, me voici de nouveau assis sur une chaise, mais cette fois-ci un peu plus confortable que les précédentes. Elle m'a dit d'attendre une dernière minute car le directeur remplis quelques documents. Je vais enfin avoir des réponses !

- « Je vous prie de bien vouloir m'excuser pour cette attente, on va pouvoir commencer »

- « Et bien justement, on va commencer quoi ? Je ne sais pas du tout ce que je fais là »

- « Oui c'est tout à fait normal monsieur, souvent après une mort violente, les patients oublient les dernières heures avant leur décès. Laissez-moi vous remettre les idées claires. Ici nous sommes au département des suicides du purgatoire. Hier soir en apprenant le décès de votre femme et de votre fils de 2 ans lors d'un accident de voiture, vous avez mis fin à vos jours d'une balle en pleine tête. Toutes mes condoléances monsieur. »

- « Heu... pardon ? ... C'est... C'est une blague, ce n'est pas vrai !? »

- « Ne vous inquiétez pas Monsieur, j'imagine à quel point ça peut être difficile d'apprendre cette terrible nouvelle d'un coup mais rassurez-vous, après quelques documents administratifs vous pourrez les retrouver. »

- « Ah vraiment ? Je dois avouer être complètement perdu... C'est donc pour ça ce mal de crâne infernal depuis que je suis ici ? Et Claude !? Enfin, le vieux monsieur avec moi dans la salle d'attente ? Il s'est... tué aussi ? »

- « Normalement je ne suis pas censé vous en parler mais comme c'est assez rare qu'une personne se préoccupe d'un autre patient, je vais vous dire. Il s'est pendu, cette nuit, en apprenant le décès de sa fille. »

La salle d'attenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant