Seule et unique partie

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L'endroit queje préférais par dessus tout, était le petit marais qui setrouvait non loin de chez moi. C'était un endroit calme et paisible.Je m'y rendais tous les dimanches matin, au soleil levant. Je m'ytrouvais souvent seul, ce qui me permettait de profiter du chant desoiseaux. C'était, m'avait-on dit, le marais le plus profond de larégion. L'envie de m'y baigner ne m'avait jamais attiré, de partcar l'eau avait une couleur verdâtre mais surtout à cause d'unelégende qui y régnait. Une légende ridicule, je l'admets maismieux vaut ne pas tenter le diable. La légende disait qu'une jeunefemme s'y était volontairement noyée le jour de son mariage, nuln'a retrouvée la trace de cette jeune fille. Seul un gant de soieblanche avait été retrouvé au bord du marais. Il est vrai quec'est assez effrayant, mais les noyades sont fréquentes bien qu'engénéral, nous retrouvons le corps des victimes.

Aujourd'hui,mon ami, M. Debourg s'était porté volontaire pour m'accompagner àma balade matinale. J'aimais bien être seul lors de mes promenadesmais la compagnie de mon ami était loin d'être déplaisante.C'était un homme sérieux qui parlait énormément. Il aimait lanature tout comme moi. Cela faisait un peu moins d'une heure que nousmarchions, nous croisâmes peu de monde. Il faisait froid, je pouvais à peine bouger mes membres. Cette atmosphère glacée mefigeait l'esprit. Soudain, une jeune femme attira mon attention del'autre côté du marais. Elle était d'une incroyablebeauté, elle avait une robe de soie blanche, de long cheveux brunsqui cachait la moitié de son visage et un visage pâle. Elle donnaitune illusion de pure tristesse. Elle baissait letête ce qui m'empêcha de voir ses yeux. Elle était assise, sespieds trempaient dans l'eau. Je m'arrêtai quelque instants pour lacontempler et M. Debourg continua de marcher, pressé de finir sabalade. J'étais seul, les nuages qui recouvraient le ciel, donnaientl'impression que le soleil ne s'était pas levé. Il faisait sombre,le vent soufflait et de temps à autre, le tonnerre grondait, ce quiétait étonnant pour un matin de novembre. Le femme était toujourslà, je remarquai qu'un seul gant se trouvait sur sa main droite, levent avait du emporter le second. J'allais partir, car je ne sentaisplus mes jambes et le froid me fatiguait peu à peu, lorsque la femmeleva les yeux. Je pris peur, ses yeux rouges me fixaient. Ma gorge senoua, j'étais comme bloqué, mes pieds était comme fixés au sol.La mariée ! Non ce n'était pas possible, le froid et la fatigue mefaisaient halluciner, c'était certain. Ensuite l'effrayante fille,glissa, elle tomba dans la marais. Je crus voir une tornade se créerautour d'elle, seul son buste dépassait de l'eau. Son corpss'enfonçait dans l'eau et la femme ne paniquait pas. Son regardétait toujours aussi rouge et semblait vide.Aucune émotion neparaissait sur son visage. Je fermai et ouvrit les yeux pour voir sice que je vivais n'était rien de plus qu'un vulgaire cauchemar. Cen'en n'était pas un. La femme s'enfonçait peu à peu dans l'eautrouble et finit par disparaître totalement. Elle n'était plus là,je m'approchai de l'endroit de cette étrange noyade et essayaid'apercevoir le corps de la victime. Tétanisé par le froid, par lapeur, je ne pouvais, je ne voulais pas me jeter à l'eau pour unetentative de sauvetage que je sentais vouée à l'échec. J'accourusvers M. Debourg qui était déjà loin, dès que je l'eus rejoins jelui racontai l'événement incompréhensibleque j'avais vu. Bien évidemment, il ne me prit pas au sérieux, jedois avouer que même moi je n'y croyais pas. Je suppliai mon ami dem'accompagner à l'endroit où l'incident c'était passé. Je n'ytrouvai rien... seulement un simplegant de soie blanche laissé sur le bord du marais.

Le gant de soieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant