Hybride

L'Assemblée de L'Acropole

Assemblée n*573
Programme officiel
- Remise en cause du statut des anciens
- Durcissement de la peine « rébellion »
- Accès au compte Argent non plus à 16 mais 18 ans

Que de mauvaises nouvelles ! Normalement aux assemblées sur l'ensemble d'un programme il n'y a qu'une seule réforme qui provoque la contestation. Ici les trois sont problématiques. Je sens autour de moi les murmures qui s'intensifient, les visages et les yeux des uns et des autres qui se cherchent, inquièts. Je prends une grande inspiration et serre la main d'Hallie tout en parcourant une seconde fois l'affichette du regard. La seule réforme nous concernant est la dernière. Dans quelques mois nous aurions dû pouvoir ouvrir un compte argent, c'est à dire le placer, le faire fructifier et surtout le mettre en sécurité. D'après ce qui est dit, nous devrions désormais attendre encore deux ans avant de pouvoir le faire. C'est embêtant, mais pas impossible.
Le visage d'Hallie reste néanmoins fermé et je suis obligé de la tirer à l'intérieur de l'esplanade. Nous nous asseyons à la place de notre couleur, le gris. Chaque caste a sa couleur : or pour les plus riches, rouge pour les classes aisées, vert pour les classes moyennes, gris pour les moyens-pauvres et marron pour les plus démunis. Il existe aussi la caste noire, pour tout ceux qui sont considérés comme hors la loi et recherchés par l'Acropole. Bien qu'il y ait une dizaine de sièges pour eux à l'Assemblée, aucun ne s'y est jamais montré de peur d'être arrêté, bien entendu.
Le silence se fait peu à peu autour de nous, chacun attendant l'arrivée des sénateurs. Ils apparaissent peu après, vêtus de leurs grandes toges d'or tandis que nous hochons la tête en signe de respect. Le plus âgé sonne alors la cloche, ce qui signifie le début officiel de la 573 ème assemblée. C'est Gip, le plus influent des sénateurs, qui commence à prendre la parole :

- « Très chère communauté. J'ai le plaisir de vous retrouver après deux semaines pour une assemblée quelque peu spécifique puisque porteuse de très nombreux changements et perspectives d'avenir. J'ai pu entendre vos soupirs avant même nos explications et je tiens à vous rassurer : rien de grave ne va arriver. Il s'avère simplement que notre communauté a besoin de nouvelles mesures, plus drastiques que les précédentes. Notre taux de pauvreté est immense. Des centaines de personnes meurent dans nos rues. Notre système est en crise et c'est pourquoi nous, sénateurs de l'Acropole, ne pouvons envisager que des mesures allant dans votre intérêt à tous. Comme vous avez pu le lire la première réforme remet en cause le statut des anciens. À partir de 60 ans pour les classes marrons, 65 pour les gris, 70 pour les verts, 75 pour les rouges, les or étant exemptés, les personnes âgées se verront privées de leur rôle de citoyen. Elles devront rejoindre une maison de retraite de quartier qui prendra soin d'eux et les visites seront permises. La deuxième réforme concerne le durcissement des peines rébellion. Quiconque participe à une manifestation ne risque plus trois mais cinq ans de prison. Quiconque distribue des tracts anti Acropole ne sera plus fouetté 10 mais 50 fois. Quiconque quitte la communauté et entre en rébellion ouverte à l'extérieur n'est plus condamné à la prison à vie mais à mort. Cela signifie que certaines personnes de la catégorie noire, étant rebelles, seront exécutées dès qu'elles seront retrouvées. Si vous les apercevez, outre le fait de prévenir les autorités compétentes vous êtes habilités à les dénoncer et à les exécuter vous mêmes. Enfin le compte argent n'est plus accessible à 16 ans mais bien à 18. Je vous remercie pour votre attention. »

Le doyen donne de nouveau la cloche et chacun commence à se lever de son siège. Beaucoup semblent choqués, j'aperçois même une vieille femme le visage baigné de larmes. Elle doit avoir dépassé l'âge limite et n'avoir aucune envie de quitter sa famille pour rejoindre une habitation forcée. Mon regard se tourne vers Hallie. Je m'y attendais, mais la fureur de son regard me surprend. Je le sais, ce n'est ni le sort des vieux ou de notre compte argent qui l'inquiète mais bien celui des révoltés. Je sens que nos débats à la maison ne vont pas tarder. Pourtant en sortant de l'esplanade je ne sais ce qui m'effraie le plus entre le durcissement des mesures et les envies de rébellion de ma sœur de cœur.