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C'était un soir de tempête. L'eau était sombre et les négriers, encore plus féroces. Le capitaine commençait à paniquer en voyant que le bateau, mal grès les manœuvres, ne cessait de tanguer. Il criait aux autres gars qu'il maîtrisait la situation mais la lueur de frayeur qui scintillait dans ses yeux ne mentait pas. Il n'avait aucune idée de ce qu'il allait advenir de nous. Mes mains noirs et vielles étaient sur le points de lâcher les rames, je savais que si je faisais ça le négrier juste derrière n'hésiterai pas à me donner un coup de fouet. Mes bras fatiguées commençaient à ralentir le rythme et les autres gars de ma ranger peinaient avec une personne en moins. J'étais en bout de file et plus le temps passait et plus je lâchais involontairement les rames. Mon corps ruisselait, ma respiration était haletante. La seule solution qu'il me restait c'était de tenter d'attaquer un garde pendant qu'il me restait encore un peu de force. Alors que j'avais quasiment lâché les rames, cette idée me donna envie de chanter. Je posais mes mains fermement sur la rame et me redressait de toute ma fierté comme si c'était la dernière chose que j'aurais a faire. Je me mit a fredonner une chanson. Une chanson que tous mes frères connaissaient. Le gars qui était à ma gauche se redressa et fut comme parcouru d'un profond espoir. Il me regarda quelques instants et commença a fredonner avec moi. Puis comme si on avait mis le feu a une forêt bientôt tous mes compagnons chantèrent cette chanson. Les gardes semblaient ne pas aimer ce genre de chant mais peu importe puis ce que ce serait mon dernier. Nos voix résonnaient dans les planches déjà grinçantes du bateau. Un négrier s'approchait de moi tandis que nous chantions tous dans notre langue natale : « Le soleil se lève sur le village, la journée vient de commencer. Mes frères ! Restez vaillant devant n'importe quel danger. » Il y eu un bref instant de silence lorsque la chanson s'arrêta. Je recommençais à chanter mais cette fois-ci des paroles différentes. « Aidez moi mes frères ! Nous allons nous échapper. Aidez moi mes frères ! Ce garde qui arrive je vais l'attaquer. » Il y eut encore un silence et le négrier qui s'approchait fit enfin son dernier pas. Il posa fermement sa main sur mon épaule et me fit pivoter. « C'est quoi que vous chantez ? » il avait le regard froid et cruel. Je répondis d'une voix faible. « L'espoir » Il ricana et sortit une dague. Il la pointa vers mon œil. « La prochaine fois que tu chantes l'espoir t'ira chercher ton œil dans l'eau compris ? ». Je fis oui d'un signe de tête et recommençait à ramer en regardant devant moi. Je regardait autour de moi et tous les autres me regardait avec un sourire de fierté. Ils étaient d'accord avec moi.

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⏰ Last updated: Jul 20, 2020 ⏰

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Une si longue nuitWhere stories live. Discover now