C'est ainsi

Partie 1 sans titre

Il était assis, devant le brasier, il ne comprenait pas, pourquoi, pourquoi le feu était sorti de son briquet et avait enflammé toute cette école, ce gymnase où elle s'entraînait... Il regardait les débris de bois tomber du plafond, il ne comprenait ce qu'il avait fait, ses yeux pleuraient à cause de la fumée, il était les bras croisés, il entendait les sirènes de pompiers au loin, personne ne faisait attention à lui. Il clignait des yeux, dubitatif, qu'est ce qui lui avait pris ?

Il la regardait par la fenêtre, elle tapait dans un sac, il suivait sa transpiration qui tombait jusqu'à sa brassière, elle fronçait les sourcils, sa queue de cheval desserrée bougeait dans tous les sens, elle frappait, elle frappait, elle s'essuya le visage avec un serviette, elle but... Il observait sa gorge, il se souvenait... Ses baisers sur cette gorge, sa langue sur ces seins, ses yeux brillants sur ce visage, ces mains pales contre son torse nu, ces lèvres rosés sur sa langue, ces hanches entre ses mains... Le sac tremblait sous ses coups, ses poings serrés qui revenaient devant son visage...

Le feu.

Elle courut vers la porte, verrouillée, la fenêtre, close, elle frappait encore, encore, sur la porte, elle dirigea vers la fenêtre mais elle croisa son regard, assis en tailleur, le regard vide, il l'observait se débattre avec la porte, elle voulut briser la fenêtre mais se ravisa, elle le regarda pour la dernière fois. Elle reprit sa position, elle hurlait, elle frappait avec rage, sans peur, elle tapait contre le sac, elle se tut, elle frappait, la fumée l'entourait, elle suffoquait, elle toussait, s'efforçant de rester pour frapper, encore, toujours.

Il était assis devant la fenêtre, il regardait la fenêtre, elle commençait s'étouffer, elle titubait, elle s'appuyait contre le mur, ses mains brûlaient, elle hurlait, elle tremblait, ses longues cheveux s'enflammèrent, il regardait toujours, elle était sur le sol, elle ne pouvait plus, sa peau se calcinait, elle cessa de bouger, il fixait la salle, la fumée avait tout envahi, il ne la voyait plus, il ne regardait plus.

Sa tête était tombé vers ses genoux, qu'est-ce qui lui avait pris ? Il n'avait pas peur, il attendait, il regardait les morceaux du bâtiment se détacher, peu à peu... Il restait stoïque, il avait relevé la tête, il était collé à la fenêtre, les brûlures lui attaquaient la peau, il colla ses mains contre la vitre, cherchant à l'apercevoir une dernière fois sans se préoccuper de la chaleur qui lui brûlait progressivement la chaire. Il voulait la voir, il voulait la voir écroulée sur le sol, le visage difforme, ses habits calcinés, ses cheveux brûlés, les flammes qui continuaient à lécher ses tissus fondus...

Il ne vit rien, seulement la fumée acre qui réchauffait la vitre, il entendit un bruit sourd, le sac qui tombe, le corps écrasé, la fumée dansait devant ses yeux. Il n'entendait plus que le crépitement du feu et parfois, se débris tombaient sur le sol.

Il prit une bouteille de sa poche, avec lenteur, à cause de la brûlure de ses mains, il la déboucha... Avec précaution, il la versa sur son visage, déterminé, il imbiba doucement ses habits d'alcool. Il alluma son briquet, il prit feu, il se laissa tomber contre la vitre, face à elle...