Partie Réminiscence, évanescence, renaissance

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Yule... Yule et ses célébrations... Je n'aime pas cette période de l'année, je n'aime pas Yule. Du moins je n'aime plus Yule, plus depuis quelques saisons.

Je regardais les enfants se courir après en se lançant des boules de neiges, glisser, tomber et rire aux éclats. Ma tête résonnait de leurs cris de joies.

« Que prendrez-vous ? » me demandait Dame Sybille. « Cognac ?, Whisky ? Brandy ? Ou plus doux peut-être ? J'ai un merveilleux Tokay à vous faire gouter, je sais que vous adorez cette boisson...

- Ce que vous avez de plus fort, je ne bois plus de Tokay, c'est fini et je n'en boirai plus jamais.

-Oh ? Pourquoi cela ? C'était pourtant votre boisson préférée, s'étonna mon hôtesse. Cocoroco ? Je l'ai fait importer, vous ne trouverez rien de plus fort.

Comme je regardais le liquide remplir mon verre, et m'enivrais rien qu'à en sentir l'odeur, je lui racontais :

- Cela remonte à longtemps. C'était il y a huit ou neuf cycles déjà. J'avais passé l'après-midi entière à trouver le meilleur costume trois quarts pour le bal de célébration qui avait lieu ce soir là. Mes souliers étaient cirés de frais, mon veston en ordre, ma cravate bien mise. J'étais élégant. J'étais amoureux, j'étais heureux. Je devais aller chercher ma cavalière pour 19h. Nous nous serons rendu au bal en calèche que j'avais louée spécialement pour elle, afin d'arriver pour l'ouverture à 20h.

En arrivant sur le perron, je lui tendais l'immense bouquet que j'avais fait composer pour elle. Rougissant légèrement et ne sachant que dire, elle le prit. Je lui tendais ensuite mon bras en parfait gentleman pour l'aider à descendre. Posant sa main droite sur mon bras, elle prit délicatement un pan de sa robe de la gauche et commença à descendre les marches.

Je pouvais apercevoir ses escarpins. De magnifiques chaussures blanches. Plusieurs lanières réunies par un cabochon luisant laissaient à la vue du monde ses si jolis orteils. Elle les avait peints avec soin. Une fine bride fermait sa cheville, gracile et légère. Un talon aiguille finissait le tout.

Ne voulant risquer qu'elle tombe, je la soulevais, légère comme une plume, et la portait tendrement jusqu'à la calèche. La déposant, je prenais le temps de détailler sa tenue.

Elle portait une robe en mousseline et satin. Le corset lui faisait un ravissant décolleté, rehaussé par son collier de perle. Le jupon tout en volants semblait voler derrière elle quand elle marchait. Si on prenait le temps de bien regarder, on pouvait distinguer les broderies du jupon. Des roses en boutons et quelques feuilles diverses. Toute de blanc vêtue, sa ceinture dorée contrastait et finissait d'enjoliver le tableau. Un bracelet de perle faisait écho au collier et en portant le regard au niveau de son cou, je pouvais voir qu'elle avait aussi les boucles assorties. Ses cheveux relevés en chignon laissaient échapper quelques mèches rebelles. J'en soulevais délicatement une pour la lui remettre en place. J'en profitais pour lui susurrer à l'oreille qu'elle était ravissante. La délicieuse enfant se contentait de sourire timidement et de rougir, mais au changement de rythme de sa respiration, je savais que je la tenais...

Pendant le trajet, je lui contais fleurette, usant de mes charmes pour tenter de la séduire. Qu'il y avait-il de plus romantique que de commencer une amourette le jour de Yule ? J'avais tout prévu.

Sortant ma montre à gousset, je regardais l'heure. Nous avions encore le temps avant d'arriver. Je la remis en place puis rabattis la capote de la calèche.

« Il va pleuvoir, protégez-vous »

Et de facto il se mit à pleuvoir. Un orage, brusque. Des éclairs, le tonnerre et la foudre. Les éléments se déchainèrent d'un coup. Sentant ma virginale amie trembler, je lui posais mon veston sur les épaules.

Réminiscence, évanescence, renaissanceWhere stories live. Discover now