Prologue

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Tout le monde devrait faire attention à tout le monde. Regarder avant de traverser, demander avant de faire , parler avant de mourir. Ou pas.

Il y a deux jours, mes parents ont été brisé.

Il y a deux jours, J'ai été brisé.

Il y a deux jours, mon frère est mort.

Je n'explique pas l'incompréhension qui m'engourdit. Je n'explique pas la douleur qui me ronge les os, me serre la poitrine, et donne à ma tête l'impression de brûler. Je n'explique pas pleins de choses et j'aimerais tellement avoir des mots dessus mais

Je   N'ai  Pas   Les   Mots

Et puis de toutes façon, je laisse à mon frère le droit d'avoir son secret. Parce que il s'est suicidé, et qu'il avait sûrement une raison de le faire. Alors je me dis que si il avait voulu me parler, il avait tout le temps de s'exécuter ( sans mauvais jeu de mot ). Je lui laisse son secret à lui. J'espère que personne ne découvrira jamais à cause de quoi, à cause de qui il s'est tué.
Alors je me lève, ouvre la porte de ma trop grande chambre, dans laquelle on peut se perdre. Longe le couloir, arrive devant la porte de SA chambre. Est ce que je dois y rentrer ? Personne ne l'a ouverte depuis que l'on a appris la nouvelle. J'ai mal.
On a pas vu le corps. C'est la police. Qui nous a appelé. Oui allo. La police ? Qu'est ce qu'il se passe ? Mon fils ? Vous êtes sur ? C'a n'est pas possible ! Il allait très bien ? Enfin... je crois.
Oh non, maman, crois moi, tu n'as jamais été réellement la. Une simple ombre. Tu ne sais pas ce qu'il se passe. Ce qu'il se passait. Mais moi non plus, alors je ne t'en veux pas trop.
Peut être que je me répète, mais personne ne doit jamais savoir pourquoi.
Parce que.
Je pose la main sur la poignée qui autrefois était dorée. Elle ne brille plus, et parfois on doit même forcer la porte pour réussir à l'ouvrir. Pourtant, cette fois, le verrou se déverrouille tout seul, et la porte s'ouvre sans grincer. Rien n'a changé.
Le bureau où trône le dernier ordinateur sorti par le maître de la technologie. Un grand lit. Défait, le lit. Mais moi aussi.
Des feuilles roulées en boules jetées par terre un peu partout dans la pièce. Je me baisse, en attrape une, me relève. Je l'observe longtemps, en me demandant si c'est parce que le mot ou le dessin qui doit être inscrit dedans est raté. Je déplie la feuille. Il n'y a que trois mots inscrits à l'encre bleue claire.
JE T'AIME

Il n'y a aucun mal à ce qu'il ai eu une admiratrice secrète, mais quand je reconnais l'écriture de ma seule amie, ça m'a fait un
choc supplémentaire.
Et quand cette amie est morte elle aussi, c'est pire.
Morts tous les deux dans un accident de voiture.
La tête encastrée dans le volant, les pieds comme avalés par le moteur.

La meilleure façon de dire a quelqu'un qu'on l'aime c'est de rester en vie pour elle.

PriscaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant