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(Ce n'est pas moi qui a écrit ce roman mais Ernest cline  au éditions  Michel Lafon)


Les gens de mon âge se souviennent tous de l'endroit où ils se trouvaient et de ce qu'ils étaient en train de faire lorsqu'ils ont entendu parler du concours pour la première fois.Moi, j'étais dans ma planque et je regardais des dessins animés lorsque le bulletin d'informations était tombé, interrompant mon flux : James Halliday était mort pendant la nuit.

   Je savais qui était Halliday. Comme tout le monde. C'était lui qui avait conçu l'OASIS, l'énorme plateforme multijoueur en réseau à l'origine du système de réalité mondial dont la plus grande partie de l'humanité se servait désormais au quotidien.

Je n'ai pas tout de suite compris pourquoi les médias accordaient tant d'importance à la mort du milliardaire. Après tout, les Terriens avaient bien d'autres soucis : la crise énergétiquequi n'en finissait pas, le désastre du changement climatique, la famine, partout la pauvreté et la maladie, et puis une bonne demi-douzaine guerres en cours. Comme on dit, "chiens et chats ne font pas bon ménage...", et c'était l'hystérie générale. D'habitude, les infos n'interrompaient pas les sitcoms et autres séries interactives à moins que quelque chose de vraiment grave soit arrivé, comme une nouvelle épidémie virale mortelle, ou la disparition d'une grande ville sous un champignon atomique. Des trucs énormes dans ce goût-là. Halliday était certes célèbre, mais sa mort ne méritait  pas plus qu'un court reportage au journal du soir pour que la plèbe puisse secouer la tête avec envie au moment où les journalistes annonceraient le montant obscène qu'allaient toucher les héritiers du riches défunt.

Mais c'était justement là que ça coinçait. James Halliday n'avait aucun héritier. Il était mort à soixante-sept ans, toujours célibataire, sans aucun parent encore en vie et, d'après la plupart des témoignages, sans amis. Il avait choisi de passer les quinze dernières années de sa vie coupé du monde et, si l'on en croit la rumeur, ça l'avait rendu complètement marteau.

C'est pourquoi en  cette matinée de janvier, la vraie nouvelle qui décoiffait, celle que tout le monde attendait de Tokyo à Toronto en chiant dans son froc, c'était le contenu des dernières volontés de Halliday, et ce qui allait advenir de son immense fortune.

Halliday avait préparé un bref message vidéo. Il avait stipulé qu'on ne devait le diffuser dans le monde entier qu'après sa mort. Il s'était également arrangé pour que tous les utilisateurs d'OASIS reçoivent une copie de cette vidéo via un courrier électronique ce matin-là. J'entends encore le son si familier du carillon informatique signalant l'arrivée de son message dans ma boîte de réception, à peine quelques secondes après avoir visionné ce premier bulletin d'informations.

En fait, son message vidéo consistait en un court-métrage au montage méticuleux intitulé L'Invitation d'Anorak. Connu pour son excentricité, Halliday avait toujours été obsédé par son adolescence.  C'est pourquoi L'invitation d'Anorak était truffée de références obscures à la culture pop des années 80. J'en avais d'ailleurs loupé la plupart la première fois que j'avait visionné cette vidéo.

Le clip n'excédait pas cinq minutes, mais au cours des jours et des semaines qui avaient suivi, c'était devenu le film le plus étudié de l'histoire. Compte tenu du temps et des efforts qui avaient été consacrés à l'analyse de chaque image, cette vidéo surclassait jusqu'au film tourné par Zapruder lors de l'assassinat du président Kennedy. Tous les jeunes de ma générations n'allaient pas tarder à savoir par cœur le message de Halliday.


L'invitation d'anorak débute sur un solo de trompette. Il s'agit de l'ouverture d'une vieille chanson intitulé Dead Man's Party.

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⏰ Last updated: Feb 10, 2018 ⏰

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