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Ça fait combien de temps Ana ?

Un mois déjà.

Un mois ? J'ai l'impression que ça fait une éternité que je suis enfermée dans ce centre, ou plutôt cet enfer.

Tu n'as qu'à crever.

J'aimerais tellement.

Alors fais-le.

Je n'ai pas le courage Ana, je n'ai pas le courage.

Alors ferme-là, c'est tout ce que j'ai à te dire Mia, tu ne sers à rien. Plus inutile que toi ? Ça n'existe pas, et je comprends tout à fait pourquoi.

Tu as raison. Tu as toujours raison et tu auras toujours raison.

Je suis allongée sur mon lit. Ça doit faire au moins trois heures que je suis plantée ici, à contempler le plafond.

Ça fait un mois que je me sens seule, je me sens désespérée. Au faite, je ne ressens plus rien.
Je me sens vide.
Sans vie.

Cela fait un mois que je n'ai pas parlé avec Josh, ni Eva.
J'ai vaguement parler avec Jordan mais je n'ai plus la force de rien. Il essaye de me pousser à me battre, il me répète sans cesse qu'il ne veut pas que je finisse comme sa soeur, mais je suis fatiguée, je n'en peux plus.
J'ai l'impression de me battre dans le vent, que mes efforts ne servent à rien, que rien  n'est pris en compte.

Je n'ai pas de signe de vie de mon père depuis qu'il m'a déposé ici. Il a du se renfermer sur l'alcool, je ne suis pas la fille qu'il a toujour voulu avoir, je ne suis qu'une perte de temps, un cas désespéré.

Mon alimentation ? Tout à chuter. Je n'ai plus de motivation, plus rien. Je suis un cadavre ambulant, oui, c'est ce que je suis.

J'attends juste que le temps passe. Les rendez-vous avec Docteur Hames ne servent absolument à rien, je ne parle plus, je ne dis plus un mot, j'ai perdu tout goût à la vie, je n'ai même plus envie de m'en sortir.

Jordan s'en sort bien, il fait des efforts. Il reprend petit à petit goût à la vie, meme si c'est dur pour lui.

J'aimerais être aussi forte que lui, mais je ne le suis pas, non, je n'ai plus la force.

Ça fait beaucoup trop longtemps. Je n'arriverais jamais à m'en sortir, je suis condamnée. Condamnée à être malade toute ma vie.

Est-ce que j'ai vraiment envie de vivre ainsi ? Non, bien sûr que non, n'importe quel être humain ne pourrait pas.

Puis, il y a tout ses gens, ceux qui pensent que tu fais exprès. Certains jeunes au centre me regardent mal, comme ci je faisais exprès de ne rien avaler, de me priver, juste pour attirer l'attention. Ils devraient savoir mieux que personne que c'est une maladie mentale comme les autres, mais non, ils préfèrent me juger.

Je suis fatiguée de tout ça, Ana, il est temps pour moi de partir. Ça y est, je le sens, le courage qui me manquait.

Hey Ana, je suis prête à m'en aller.

Il était temps.

Comment m'y prendre ?

Mia, chérie, avec un peu de volonté tu vas trouver toute seule.

Je me lève lentement de mon lit. J'ai le sourire. Il est temps pour moi d'abréger les douleurs, mes souffrances, de dire au revoir à ce monde, de dire au revoir à Ana.

Je me dirige vers la salle de bain. Je regarde autour de moi. Des médicaments. Voila ma délivrance. J'attrape mes cachets et ceux de Jordan. Ça devrait être assez.

Je retourne m'assoir. Je regarde l'heure. Jordan n'arrivera que dans une heure. J'ai le temps.

Une lettre. J'ai besoin d'écrire une lettre. J'ai besoin de dire adieu. Même si au fond, tout le monde s'en fout, j'ai besoin de laisser des explications.
J'attrape mon crayon et ma feuille et je me mets à écrire.

Je délivre tout ce que j'ai besoin de dire. Ça fait tellement de bien, j'y suis presque, je vais bientôt en finir avec tout ça.

Je pose la feuille à côté de moi.
C'est l'heure.
Je prend les cachets un par un, et les avale. Un palette, deux palettes, trois.

C'est l'heure.
Je vais enfin être heureuse.

C'est l'heure.
J'ai enfin eu le courage de le faire.

C'est l'heure.
Mais j'ai peur.

N'ai pas peur.

Ana j'ai peur.

Tout va bien se passer.

J'ai chaud Ana, je tremble, je ne me sens pas bien.

Ferme les yeux Mia, il est l'heure pour toi de dire au revoir à ce monde.

Ana aide-moi, je t'en supplie.

Adieu, grosse vache.

Il est trop tard maintenant, les battements de mon coeur ralentissent. J'attrape ma lettre que je sers contre moi malgré mon manque de force.
Je ferme les yeux.
Pour la dernière fois.

« J'ai le sourire en écrivant cette lettre. J'ai le sourire car je sais que c'est bientôt fini, je vais bientôt être heureuse, c'est ce que j'ai toujours voulu, le bonheur. Le bonheur, ce que je n'ai jamais eu.
Papa, je veux que tu saches que je t'aime, merci de toujours avoir été là pour moi, malgré le cas désespérée que j'étais, oui, je n'ai pas été la fille que tu voulais, mais j'ai fait de mon mieux. Papa, ne sois pas triste, ne pleure pas, dis-toi que je suis mieux là où je suis maintenant. Je t'aime papa.
Eva, je suis désolée de t'avoir cacher tous mes secrets pendant aussi longtemps, et je suis désolée que tu les apprennes à cause de la mort que j'ai décidé de me donner. Tu mérites beaucoup mieux que ça, tu es une personne intelligente et beaucoup trop gentille. Tu es belle, drôle, attirante, tu as tout pour réussir dans ta vie. Oublie-moi, oublie que nous avons été ami, et vis ta vie à fond. Tu le mérite tellement.
Jordan, merci. Merci d'avoir été là dans les derniers moments de ma vie, tu m'a fait rire, tu m'a fait jouir, mais surtout, tu m'a aidé, comme personne ne l'avait jamais fait. Malgré ta carapace de prétentieux, tu es une personne douce qui mérite d'être heureux. Ne finis pas comme moi Jordan, tu es sur la voie de la guérison, continue, bats-toi pour moi. Je suis désolée aussi, désolée de ne pas avoir eu cette force de me battre, désolée de finir comme ta soeur. Je sais que ce n'est pas ce que tu voulais, mais je n'ai tout simplement plus la force.
Josh, Josh, Josh. Tu avais raison. Je n'ai pas été capable de me guérir, mais grave à toi, j'ai été capable de m'en sortir, la mort c'est ma délivrance et je te remercie pour ça. Tout n'a pas été tout rose entre nous. J'ai attendu pendant des mois que tu me dise que tu avais besoin de moi, que tu voulais construire quelque chose avec moi, mais tu ne l'a jamais fait, c'est peut-être ce qui aurait pu me sauver, j'en suis sûre. Mais je ne t'en veux pas, et ne te déteste pas, rien n'est de ta faute. Même si je t'ai détesté, sache que je t'aime et ça même dans ma tombe.

Pour en finir, je vais parler de toi Ana, oui. Pourtant tu n'es qu'une voix dans ma tête, mais j'ai besoin de t'accorder un message. Je te déteste Ana, c'est de ta faute à toi, tout ça. Tu t'es installé dans ma vie, tu m'as raconté des mensonges me disant que tu voulais m'aider et me rendre belle. Regarde ce que tu as fait de moi, c'est ce que tu as toujours voulu, que je périsse. Tu as réussi à me détruire et je te déteste pour ça, tu n'avais pas le droit de me faire ça, à moi comme à n'importe qui. Je ne souhaite à personne de te connaître, tu ne mérites personne, tu ne mérite pas la mort de tant de personne. Je te déteste.

J'ai décidé de me donner la mort pour enfin trouver le bonheur que j'ai tant cherché. Il m'a fallut du temps, je vous ai fait souffrir, je me suis faite souffrir, mais j'ai fini par avoir la force de me laisser mourir.

Je vous dis donc adieu, et pour l'amour du ciel, oubliez-moi.
Je ne mérite pas vos larmes et votre peine, je ne méritais rien d'autre que la mort.

Mia Corven. »

AnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant