Le Garçon qui crie au Loup - One Shot

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Chanson : Ryan Dan - Tears of an Angels

- C'est vous le médecin de JiYong ?

Je n'avais pas cherché à faire de détour par des formules de politesse, me fichant complètement de quoi je pouvais avoir l'air face à ce médecin. Je voulais simplement savoir comme est-ce qu'il allait.

Il se tourna vers moi, le regard un peu surpris en me voyant à ce point agité.
- Oui, finit-il par acquiescer, vous êtes de la famille ?
- Non, je suis son meilleur ami.
J'essayais au mieux de garder mon calme, de ne pas avoir l'air trop oppressant, mais je n'y parvenais pas. Je voulais des réponses, et je les voulais vite.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? lui demandais-je, dans un souffle d'épuisement suite à ma course jusqu'ici.
- Son récit n'est pas très clair mais... de ce qu'on a pu comprendre, me dit-il maladroitement, il serait passé par une fenêtre en perdant connaissance.
Je fermais les yeux face à cette nouvelle, glissant mes doigts entre mes cheveux dans un geste nerveux et inquiet avant de lui demander, n'étant pas vraiment sûr de comprendre la situation :
- Il a perdu connaissance ?
- Il ne se souvient pas vraiment de ce qu'il s'est passé, m'expliqua-t-il doucement, les évènements sont flous dans son esprit et nous ne sommes pas parvenus à comprendre les faits...

Je tentais de calmer l'agitation de mes doigts entre eux, commençant à avoir les mains moites à cause de l'angoisse grandissante en moi.
- Et comment est-ce qu'il va ? lui demandais-je, la voix chargée d'espoir.
Il semblait hésitant, comme s'il n'osait pas me répondre ou qu'il avait honte de quelque chose alors que de mon côté, j'étais prêt à tuer pour obtenir des informations. Je ne supportais pas de rester dans l'ignorance, encore moins lorsqu'il s'agissait de JiYong. Je ne pouvais pas l'abandonner, pas lui. Je n'en avais pas le droit.
- On a soigné ses blessures mineures, me dit-il, mais il a d'importantes lésions internes qui nécessitent une intervention d'urgence.
- Et qu'est-ce que vous attendez pour la faire ? hurlais-je presque, sans le vouloir.
Seulement c'est en voyant le regard de ce médecin que je compris immédiatement de quoi il retournait. Je connaissais JiYong mieux que personne... Le problème ne devait pas venir d'eux mais de lui. Et c'est ce qui me faisait peur...

- Il refuse qu'on le touche, finit par m'avouer son médecin, mais il ne nous a pas donné de raison... Il refusait également qu'on prévienne qui que ce soit, mais on a trouvé votre numéro dans son portefeuille, et on ne savait pas qui appeler d'autre...
Désormais, j'avais peur de comprendre. J'avais peur de comprendre la cause de son refus. Je sentais ma respiration accélérer ; je ne devais pas paniquer. Je ne pouvais pas me le permettre, pas maintenant.
- Il faudrait que vous arriviez à le raisonner au plus vite, reprit l'homme en blouse blanche, il a besoin de cette opération.
- Où est-ce qu'il est ? lui demandais-je.
- Je vous emmène jusqu'à sa chambre.
Je savais que je ne pouvais rien faire, je le savais. Du moins je savais que j'avais très peu de chance d'y arriver sans lui faire du mal. Mais si je voulais le sauver, je n'avais pas le choix.

Sans réfléchir davantage et d'un geste mécanique, je suivis le médecin jusqu'à la chambre de JiYong, traversant presque intégralement un couloir où résonnait un nombre incalculable de coups de fil avant de m'arrêter devant la porte d'une chambre d'hôpital que je supposais être la sienne.
Le médecin me fit un signe de tête pour confirmer mes soupçons et m'inviter à entrer, ce que je fis sans plus attendre, le regard chargé de doutes.

Seulement après avoir poussé la porte derrière moi, j'oubliais tout soupçon en le voyant. Allongé dans un lit d'hôpital, les yeux clos, il me paraissait si faible. Il avait plusieurs écorchures sur le visage, comme des marques de griffures, également sur les bras, et le droit était même bandé, me laissant supposer une blessure plus grave. J'ai passé ma vie à m'inquiéter pour lui, à faire attention à lui en permanence, et les quelques fois où j'avais baissé les bras face à ses paroles blessantes je n'avais pas pu lui éviter ses erreurs. Et aujourd'hui, je le regrettais une fois de plus.

Le Garçon qui crie au LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant