Chapitre XIV

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« On est toujours trop prêt quand on a du courage

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« On est toujours trop prêt quand on a du courage. » Pierre Corneille

- Peut-être que tu peux la chanter un ton en dessous comme ça tu pourras atteindre cette note aigue ?
- Je ne sais pas trop, DJ.
- Il faut que tu me fasses confiance mais surtout, il faut que tu te fasses confiance.

DJ avait disparu pendant une semaine. Sur le coup, je n'avais pas été capable de lui donner une réponse. Oui, je voulais retourner sur scène un jour ou l'autre, mais cela me paraissait prématuré. Je voulais m'assurer d'être psychologiquement prête à de nouveau faire face à mon public, à me faire épier et critiquer. Je voulais être certaine d'avoir un mental d'acier pour oser me présenter à eux. Sept jours plus tard, alors que je n'avais pas fait mon choix, Djami était revenu chez moi avec un matériel d'enregistrement professionnel à l'arrière de sa vieille camionnette. Il avait réussi à me rassurer en m'expliquant que nous n'allions faire que travailler et que si l'envie d'aller plus loin me prenait, nous aviserions à ce moment. J'avais donc accepté gaiement de laisser DJ installer son matériel dans la salle de bain de la chambre d'ami – un tout petit espace avec une acoustique à couper le souffle.
Il avait commencé par me faire des propositions sur certaines de ses productions que j'avais déclinées. Je voulais un son propre à moi. J'avais encore un goût d'inachevé après ne pas avoir pu participer au processus artistique de mon premier album. Je voulais faire quelque chose d'authentique. Je lui proposai de jouer de la guitare pour moi alors que j'avais décrété qu'une pause s'imposait. Sentant la mélodie m'emporter, j'attrapai deux stylos pour faire des percussions sur le bureau de la chambre, emportée par le son de l'instrument.
Nous nous sourîmes, comme pour sceller un commun accord, car nous avions compris que c'était le genre d'ambiance que je voulais sur ce CD. Il fallait que l'album reflète ma personnalité, mes convictions et mes idées. Je n'avais aucun intérêt à faire un album engagé mais je ne le voulais pas léger non plus. Chaque chanson devait délivrer un message. C'était une thérapie parfaite pour moi, une façon de me repentir. Après avoir trouvé les sonorités qui correspondaient à chaque morceau que j'avais écrit, nous essayâmes de faire les compositions qui allaient avec, et de poser ma voix dessus. Je suivais les conseils de mon ami, ne me fiant au final qu'à mon instinct.

- Sinon je peux faire le truc que t'as fait dans la chanson que Rik m'avait écrite, expliquai-je avant de fredonner She Got Her Own.

Je sentis DJ se contracter. C'est vrai que nous n'avions plus le droit de prononcer son nom, mais je devais avouer que sa chanson était une pure merveille et je n'allais pas me gêner pour m'en inspirer.

- Il faut que je te dise quelque chose. Cette chanson ...

Il se stoppa dans sa phrase et je voyais clairement qu'il débattait intérieurement s'il fallait qu'il m'en parle ou pas. Il se mit à faire tapoter son index sur son ordinateur portable.

- Oui ? insistai-je.
- Rob ne l'a pas écrite. C'en est bien moi l'auteur.
- Pourquoi tu ne me l'as jamais dis ? demandai-je interloquée.

Il soupira fortement et se leva pour faire les cent pas.

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