Jours après jours, une mélancolie impérieuse s'installait chez moi. Contaminant toute chose l'entourant, elle voguait sans ne jamais prendre le large. Rien ne semblait pouvoir l'éloigner.
Ou presque rien.
Il existait un remède, bien qu'assez prenant : le sommeil.
Le seul fait de m'abandonner aux bras de Morphée m'aidait à ne plus penser. Pouvoir retrouver un néant réconfortant à la fin de la journée m'était presque devenu orgastique.
Ainsi, posant mes muscles meurtris sur le lit, le sommeil su m'emporter rapidement.
Seulement, le néant ne m'y attendait plus.Mon réveil fut soudain et beaucoup trop inattendu.
Je n'étais pas où j'étais censé être, rien m'avait de sens car plus rien n'était réel.
Comment était-ce possible ?
Allongé sur l'herbe fraîchement coupé, ses pointes me caressaient doucement le visage. À côté de moi s'élevait le puissant tronc du Saule Pleureur, dont les majestueuses branches volaient dans le ciel.
J'avais souvent observé ce spectacle étant enfant. Aussi bien qu'il était devenu, au jour d'aujourd'hui, l'un de mes tableaux préférés.
Un tableau que je pensais ne plus jamais revoir.
Pendant quelques secondes, la simple recherche de la réalité et du fantasme n'avait plus raison d'être.
Le miracle que j'avais devant les yeux me réchauffait le coeur de façon exponentielle, plus rien d'autre n'avait d'importance.
Jusqu'à ce que tout me revienne en mémoire.
Ainsi, je m'assis et tourna la tête.
Le stupéfaction me prit lorsque je vis qu'elle était bien là. Elle me l'avait promis, elle était là !
Je me leva et fonça vers elle, aussi vite que je le pouvais.
Je sauta alors dans les bras de ma grand mère tel l'enfant que j'avais pu être.
Son petit rire sonnait à mes oreilles à la façon d'une musique qu'on se remémore après de longues années._ "Bonjour mon petit Soleil." me souffla t elle à l'oreille.
Je la regarda fixement, prêt à la voir s'évaporer, comme si elle n'avait jamais était là.
Mais rien ne se passa. Et le soulagement que je ressenti à cet instant fut d'une puissance que je m'avais encore jamais connu.Prenant ma main, elle m'emmena vers la balançoire. Vers notre balançoire.
Chacun de nous reprit sa place originelle._ "Que se passe t il grand mère ? Est ce que je suis ...mort ?"
_ "Oh non, tu n'es pas mort !" me répondit elle en riant doucement.
_ "Je ne comprends pas."
_ "Je tiens toujours mes promesses, mon petit Soleil."
_ "Comment est ce possible ?"
_ "Est ce vraiment important ?"
_ " Tu m'as tellement manqué grand mère..." continuai-je, alors que mes yeux humidifiés laissèrent échapper une simple goûte d'eau.
_ "Je ne suis jamais vraiment partie, j'ai tout vu." me répondit elle, en m'essuyant le visage.
_ " J'ai tellement mal."
_ "Je sais mon petit Soleil, je sais."
_ "Est ce que tu m'en veux ?"
_ " Jamais ! Es tu devenu fou ? Rien de tout cela n'a jamais été de ta faute ! Tu m'entends ?"
_ "Comment peux tu toujours continuer à me soutenir après ce que j'ai fait ?" dis-je, alors qu'un sanglot me prit à la gorge.
_ "Rien ni personne n'aurait pu arrêter cet accident..."
_ "J'ai tué Maman. J'ai tué ta fille."
_ "Tu n'as tué personne. Il était temps pour ta mère de partir, sans quoi tu n'aurai pu devenir qui tu es aujourd'hui."
_ " Je ne veux pas être ce que je suis aujourd'hui grand mère ! C'est un raté malheureux, seul, amer, porté sur les médocs, dont le corps est pourri jusqu'à l'os."
_ " Et bien ce n'est pas ce que je vois.
Je vois un homme en souffrance, qui recherche simplement une lueur d'espoir. Je vois un homme fort et courageux, qui a su se battre jusqu'ici.
Je vois un homme avec tellement d'amour a donné. Il a peut-être des défauts, mais il a aussi tellement d'autres qualités.
Personne n'est parfait mon petit Soleil." affirma t elle en me souriant calmement.
_ " Je n'y arrive plus."
_ "Bien sûr que si puisque tu es là, tu l'as au fond de toi. Observes autour de toi et vois ce que tu oublies de voir. Cherches l'espoir." murmura t elle, en posant sa main sur ma joue.
_ "Qu'ai je au fond de moi ?"
Dès lors, elle me parut tellement floue ...
_ "Le désir de vivre" se fut entendre dans le creux de mon oreille, tel un simple coup de vent.Elle n'était plus là. Elle avait disparue.
Tout autour de moi commençait doucement à disparaître, et une panique s'éprit de moi. Je ne voulais pas partir. Pas encore....
Seulement, rien ne pouvait arrêter le néant.La première chose que je sentis fut la chaleur du soleil sur mon visage.
Ouvrant alors les paupières, le rayon de soleil me caressant le visage me brûla les yeux.
La douleur était toujours là mais une chose insoupçonnée se produit : un sourire se dessina sur mes lèvres.