Chapitre 4

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Lola :

En me réveillant, je me rends compte que Paul n'est plus là. Je me dis que finalement, je me suis encore faite avoir. Je monte à l'étage pour prendre une douche, mais je remarque que la porte est fermée.

-Paul ?

-Oui ! Désolé, j'ai cru que tu dormais encore alors j'ai fait comme chez moi. Je sors dans deux secondes.

-Prends ton temps, je vais préparer à manger.

Je redescends les escaliers et entre dans la cuisine. Je découvre des croissants ainsi que du Nutella sur la table. Je souris et vais vers mon chien.

-Alors Pepper, il t'a sorti aussi ou pas ?

J'entends quelqu'un descendre les escaliers en bois de chêne et Paul répond :

-Oui maîtresse, je suis allé avec lui chercher le petit déjeuner.

-Merci Paul, c'est vraiment gentil.

-Ton frère n'est pas là ? Je ne l'ai pas vu.

-Mon frère est parti quelques temps.  

Son regard interrogateur se fige sur moi, mais il ne dit rien. Il sait que je ne dirai pas un mot de plus sur lui. J'apprécie le fait qu'il soit resté près de moi. J'aime le fait qu'il ne cherche pas plus loin et qu'il me laisse dire les choses quand elles doivent être dites. 

-Merci d'être resté cette nuit.

-À vrai dire, tu t'es endormie sur moi, je n'aurai pas pu partir bien loin. De plus, j'avais pas envie de te laisser seule.

-Pourquoi ça ?

-Parce que je t'ai entendue crier cette nuit, tu as fait un cauchemar. Je t'ai serrée fort contre moi et tu t'es rendormie calmement.

J'ai encore fait ce putain de cauchemar... Je ne comprends pas, d'habitude, personne n'arrive à me calmer dans ces moments là. Mais qui est-il ? Pourquoi lui ?

-Comment tu as fait ?

-Fait quoi ?

-Comment tu m'as calmée ?

-Je t'ai simplement prise dans mes bras. 

Il marque une pause et réfléchit avant de reprendre.

-Tu fais souvent des cauchemars ? 

-Oui. 

-Depuis combien de temps ?

-Un bon moment, ça fait 2 ans maintenant.

-Toujours le même ?

-Ne cherche pas plus loin.

Je me lève et me place en face de lui.

-Prends-moi dans tes bras s'il te plaît.

Il me serre fort dans ses bras. J'aime être près de lui. Il me regarde et je ferme les yeux. Je niche ma tête dans son cou et le serre, moi aussi. 

-Mon frère est en prison. Il sort dans 1 année de là-bas. Mes parents nous ont virés de la maison le jour de mes 18 ans, selon eux, on était pas assez indépendant. Donc j'ai dû me trouver un travail pour pouvoir payer le loyer étant donné que mon frère ne peut pas m'aider pour le moment. Je dois me démerder chaque fin de mois pour trouver le reste de l'argent pour les factures.

-T'as pas besoin Lo'.

-Si, j'en ai besoin. J'en peux plus de tout garder pour moi. En ce qui concerne mes cauchemars, mon petit ami est mort il y a deux ans dans un accident de moto. Un enculé l'a percuté en voiture et il ne s'est pas arrêté. Plus tard, ils ont retrouvés le gars. Ce chien était défoncé et alcoolisé et dans la panique, il a préféré fuir. L'homme n'a même pas été en prison... à vrai dire, j'étais enceinte à ce moment là et à force de ne plus manger, de boire comme un trou et de fumer comme un pompier, j'ai perdu la seule chose qui me restait de lui... 

-Tu l'aimais ?

-C'est une question vraiment débile. Je l'aimais à en crever. On était ensemble depuis mes 13 ans, soit pendant 3 ans. Lui, il avait 3 ans de plus que moi. On avait beaucoup de projets en communs : vivre ensemble en Australie, élever l'enfant que je portais, un mariage à mes 18 ans, et tant d'autres choses. Pepper, c'est le chien que mon copain... enfin, mon ex a offert à mon frère. J'aime ce chien plus que tout au monde, c'est pour ça que je lui donne autant d'amour et qu je suis heureuse de le voir. Malheureusement, c'est aussi lui qui me rappelle que mon copain est décédé et ça me tue. Je n'arrive plus à penser à autre chose. C'est pour ça que je déteste les gens. Ils me rappellent tous que les gens sont égoïstes et ne sont pas là quand il le faut. Lorsque Maxime est mort, je n'ai eu aucun soutien. Personne ne m'a écrit, personne ne m'a demandé de mes nouvelles, personne n'était là. C'est pour ça que je préfère n'approcher personne et ça me va très bien.

-Il est décédé avant l'entrée du gymnase ?

-Oui, 1 semaine et demi avant.

-C'est pour ça alors que tu pleurais ?

-Oui voilà, c'est pour ça que je me foutais de tout, il était ma seule pensée.

-Tu as encore des contacts avec sa famille ou ses proches ?

-Oui, je vais les voir aussi souvent que je le peux. On était très proche de base et depuis, c'est vrai que de temps en temps, on se perd de vue, mais on revient toujours l'un vers l'autre. Sa famille m'aide beaucoup financièrement autant que moralement, dès qu'ils savent que j'ai un soucis, ils me viennent en aide. C'est un peu ma deuxième famille.

-Tu n'as jamais réessayé avec quelqu'un depuis ?

-Non, je me suis toujours dit que si vraiment, ça viendrait à moi. Je me disais que la personne qui me ferait me sentir vivante sera la bonne personne.

-Et donc ?

-Et donc, c'est toi cette personne. 

On se regarde mais rapidement je cache mon visage avec mes mains. Je n'ose plus bouger ou encore moins parler. Cette situation est gênante. Je viens de dévoiler ma vie à un inconnu et vient limite de lui dire qu'il était l'homme que j'attendais. Je dois me rattraper rapidement.

-Mais ne crois pas que je suis tombée sous ton charme, t'es juste un bon copain, sans plus.

Il prend mon visage entre ses mains et m'embrasse avec autant de passion qu'il le peut. Je ne le repousse pas, loin de là. J'ai l'impression d'avoir libéré un énorme poids, ça me soulage. J'ai enfin parlé avec quelqu'un alors que pendant 2 ans je n'ai pas ouvert ma bouche. Je parlais à mon chien et aux caissiers, mais pas aux gens qui m'entouraient. 

-On en est à quoi alors toi et moi ? me dit Paul avec un petit sourire gêné.

-Tu me poses une question sans réponse. Pour le moment, ce que je retiens, c'est qu'on s'est rencontré dans un bus, que tu m'as offert un Mc Do et une clope, qu'on s'est embrassés, qu'on a dormi ensemble et que je viens de te raconter limite toute ma vie.

-Mais ?

-Mais j'ai bien l'impression que je vais foncer droit dans le mur avec toi.

-Et tu veux qu'on arrête tout ?

-Je pense que je veux surtout que tu restes près de moi très longtemps.

C'est ici que tout a commencé. 

Pourquoi toi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant