HADES.

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12 OCTOBRE 2012

11 : 52

Wilson College, Pennsylvanie

Interaction : Hadès et Cookie


« Arrête ça. » Me dit Cookie, une mine désapprobatrice sur le visage.

Je lève les yeux au ciel.

« De quoi tu parles ? »

Elle me donne un coup d'épaule, et esquisse un grand sourire, une main posée sur le volant de Jessi, en tapotant distraitement le cuir de celui-ci.

« Arrête de te sous-estimer. Sérieusement, si quelqu'un doit réussir cette rentrée, c'est bien toi. »

Je me mords la lèvre. Depuis mon accident, et depuis que j'ai rencontré Cookie, c'est la première fois que je retourne au lycée. En fauteuil roulant. Les médecins ne savent pas encore si je pourrais remarcher. Ils disent que je manque de motivation, et que cela est probablement dû à un choc post-traumatique. J'avais perdu bien plus que mes jambes, dans cet accident.

« Qu'est-ce qui te fait dire que j'y arriverai ? »

Cette fois-ci, c'est à elle de lever les yeux au ciel. Elle sait que je ne suis aussi confiant que je ne devrais l'être. Elle en connaît également la raison. Je n'ai pas envie de retourner au lycée, et de recroiser mes anciens coéquipiers de notre équipe de Basket-ball. Je ne veux pas les voir baisser les yeux sur les roues qui m'aident à avancer et les laisser me regarder dans les yeux en se disant que je ne passerai pas la prochaine saison avec eux. Je ne veux pas rencontrer Uldir, mon ex-petite amie, que j'ai larguée sous le coup de la colère, et un peu parce que je pensais qu'elle ne voudrait plus de moi après avoir compris que je ne remarcherais peut-être pas. Je ne veux pas parader dans les couloirs de ce qui fut un jour un de mes endroits favoris, et rencontrer les regards compatissants et endeuillés des gens qui furent autrefois mes amis.

Cookie connaissait chacune de ces raisons, mais aucune n'étaient vraiment valables, pour elle.

« C'est à cause du fauteuil, hein ? » Elle demande, et je claque la langue contre mon palet.

« Ne pose pas de questions stupides, Cookie. Quoi d'autre, si ce n'est le fauteuil ? » Mon ton involontairement venimeux semble la vexer, et je m'en veux aussitôt.

Cette fille est bien la dernière personne à qui je veux faire du mal.

Poussant un profond soupir, je me passe la main dans les cheveux.

« Merde, Clarke, je suis désolée. Cette situation me fout complètement en l'air... » Et, avant même que je ne lui réexplique la raison de toute mes craintes, Cookie a lâché le volant et a posé ses mains contre chacune de mes joues, enserrant mon visage, et le sien si proche de mien qu'elle pouvait probablement sentir mon souffle.

Son regard sombre plongé dans le mien, elle a froncé les sourcils.

« Bon sang, Hadès. Quand vas-tu comprendre que cet engin en ferraille ne définit pas ce que tu es ? » Dit-elle d'un ton si douloureux, que j'ai l'impression qu'elle souffre autant que moi de cette situation.

Mon cœur rate un battement. Je n'ai aucune réponse à sa question. J'ouvre la bouche, mais elle me coupe ;

« Tu n'es pas un putain d'assemblage de roues et de boulons, d'espoirs perdus et de jambes brisées. Non, Hadès, tu es tellement plus que ce à quoi tu essaie de te rabaisser.. »

Je déglutis.

« Tu es le garçon qui m'a sauvé de moi-même. Tu es cette personne courageuse qui va faire cette putain de rentrée parce ce qu'elle se fout que la moitié de ses anciennes connaissances se demande si elle a eu mal, quand elle s'est prit la tête dans le goudron d'une autoroute. Et, merde, tu es Hadès Blackstorm, alias Lois Lane. Meilleur amie de Cookie Don Bauer, alias Clark Kent. Est-ce que j'ai besoin d'en dire plus ? »

Je plisse les yeux. Elle et moi, on est comme les deux faces d'une même âme. Elle me comprend mieux que personne, et je n'ai même pas besoin de voir son visage pour savoir qu'elle a les larmes aux yeux. Ouais, Clarke et moi, on est pareils, et je n'ai jamais aimé quelqu'un aussi fort qu'elle.

Je souris. Je ne sais pas comment Cookie fait pour faire ce genre de chose. Je ne comprends pas comment elle peut faire disparaître chacune de mes peurs. Ma mère était comme ça, elle aussi. Elle aimait mon père si profondément que la carapace de l'homme froid qu'il était se fissurait toujours un peu, lorsqu'elle l'accompagnait. Ma mère était spéciale, pour lui.

Cookie était ma personne spéciale.

« Tu pense vraiment que je peux le faire ? »

Elle s'éloigne, lève son pouce en l'air, et son immense sourire m'offre une vue imprenable sur ses dents. Elle a raison, elles sont vraiment blanches.

« Je pense que tu peux faire n'importe quoi. »

Krypton project.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant