Chapitre 2 : La tour

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― Réveeeille-toi. Réveeeille-toi. RÉVEILLE-TOI !

Quelque chose d'humide caresse ma joue. Ce doit être un chien. Oui, un chien qui me lèche la joue pour me réveiller, comme me le demande son propriétaire. Je lève la main pour repousser son petit museau humide.

― J'veux dormir... marmonné-je.

Il continue. Il me lèche la joue, les oreilles, les paupières. Et son propriétaire ne dit rien. Excédée, j'ouvre les yeux, me redresse et... hurle. Ce n'était pas un chien qui me léchait si joyeusement le visage, mais un homme. Un homme répugnant, trapu, à la peau jaunâtre couverte de pustules qui dégoulinent de pus. Ses deux yeux exorbités me scrutent, tandis que sa langue pendouille sur son menton.

― Qu... J... V...

J'ai tant de questions à poser qu'elles restent coincées au fond de ma gorge. Tout en restant assise, je me traîne dans un coin de la pièce en jetant de grands regards effrayés à ce qui m'entoure.

― Attention ! Tu vas l'écraser ! s'écrie le petit homme, affolé.

Je regarde derrière moi mais ne vois rien, alors je continue de reculer.

― Mais attention, je te dis ! s'énerve-t-il.

Mes mains se mettent à trembler et j'éclate en sanglots car je suis enfermée entre quatre murs de pierre qui sentent le moisi, avec pour seule compagnie un fou hideux qui s'est trouvé un ami imaginaire ; car la douleur dans mon bras vient de se raviver ; car cet endroit pue les effluves de merde et car je n'ai absolument aucune idée de l'endroit où je me trouve.

Je préférerais être morte.

― Non, ne pleure pas, me dit l'homme en s'approchant de moi à quatre pattes. Je te présente Yoku. Tu ne peux pas le voir, il est invisible. Mais lui te voit, alors dis-lui bonjour !

― Bonjour Yoku... murmuré-je dans un filet de voix.

Des bruits de pas qui résonnent retentissent. Le petit homme bondit et court s'asseoir à l'autre bout de la pièce, tandis qu'une brique disparaît dans le mur pour laisser passer une main couverte de plumes noires tenant trois bols blancs empilés les uns sur les autres. L'homme se lève, les prend et la brique réapparaît instantanément. Il ne bouge pas jusqu'à ce que le bruit des pas ait totalement disparu, puis s'exclame :

― Tu veux nourrir Yoku ?

― Non, je...

Puis, voyant qu'il fronce les sourcils et que ses bas-joues se mettent à frémir, j'ajoute :

― Oui, avec plaisir.

Il me tend un bol, et voilà comment je me retrouve à nourrir un animal invisible de vers gluants et frétillants.

J'ai envie de pleurer.

Mes parents doivent s'inquiéter.

J'aurais dû attendre au feu rouge.


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⏰ Dernière mise à jour : Oct 25, 2017 ⏰

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