"Aller, une dernière clope avant de rentrer dans ce lycée." se berna Adam avant de passer les grilles de l'établissement. Le brun aux yeux noir savait pertinemment que, comme à chaque année, il n'arrêterait pas fumer de si tôt, mais à chaque rentrée il se bernait avec cette phrase d'illusion pour se donner du courage. En vérité, il ne voulait pas vraiment cesser de consommer ce truc, vu que la cigarette lui permet d'évacuer son stress et de se vider la tête, cependant il ne comptait pas attraper un cancer et crever à vingt ans. Cette merde lui fumait sa vie (sans mauvais jeu de mot) un peu plus à chaque fois, alors qu'il ne spéculait qu'à une longue existence paisible et banale.
Car oui, on ne pouvait pas dire que ce jeune homme soit de ceux qu'on qualifie de "normaux" (si on ne commence pas à débattre de ce qu'est la normalité et sur cette société). Il a acquis, au fur du temps, ce défaut de ne pas pouvoir accorder sa confiance. Il s'emmure d'illusion en affirmant que sans confiance, on ne peut être déçu, mais cela ne le blesse plus qu'autre chose. On ne peut pas dire que cela le rend triste, mais plutôt horriblement seul : il appelle "amis" tous ceux qui lui ont adressés la parole plus de cinq fois, mais il ne leur demande jamais rien, ne prend pas non plus de nouvelles. Il se dit qu'il a l'habitude, étant comme cela depuis ses douze ans, mais il cherche parfois une épaule sur laquelle se reposer, sans succès.
Il se réveilla de ses songes lorsqu'il entendit la cloche des cours retentir, annonçant que les élèves devaient se regrouper devant leurs classes. Il retira ses écouteurs de ses oreilles en franchissant enfin le portail de ce bâtiment qui sera, à partir de ce jour et jusque la fin de l'année scolaire, son lieu d'apprentissage principal. Pendant qu'il marchait vers salle, tout en fredonnant "Let Her Go" de Passenger (ce fut la dernière musique qu'il pu écouter avant de se faire interrompre), il remarqua les regards interrogateurs et les chuchotements sur son passage. Il n'en était pas vraiment étonné, il faut dire qu'une nouvelle personne se remarque facilement dans ce genre de petit coin, d'autant plus si elle se balade dans un lycée avec un plan dans les mains en essayant de trouver son chemin. Mais il n'en avait rien à faire, ce n'était ni la première, ni la dernière fois qu'il vivait et vivrai ce genre de chose, alors il avait appris à passer outre.
Lorsqu'il trouva enfin cette pièce tant désirée (comment dire qu'il s'était perdu pas mal de fois, son sens de l'orientation laissant à désirer), il rangea son plan dans une de ses poches de son pull Allan Walker en déposant son sac noir aux lanières de cuirs marronnées au sol. Il faisait bien attention de ne poser son regard sur personne, ne voulant pas s'attirer les fureurs de qui que ce soit son premier jour de cours (cela lui était malheureusement déjà arrivé), en continuant inconsciemment de fredonner la même chanson que plus tôt. A vrai dire, ce n'était pas forcément au malheur des autres autour de lui : il n'était pas spécialement doué en musique, en chant ou quoique ce soit, mais il y avait quelque chose dans le grain de sa voix qui enivrait. Ce "quelque chose" n'était pas assez présent pour faire de lui une star, mais au moins cela lui permettait de faire régner une petite ambiance calme et musicale à ses alentours. Et cette atmosphère collait bien avec son caractère posé, malgré que cela le rende sociable à ses dépends. Peu de personnes étaient d'ailleurs au courant, mais pour accompagner cette voix mélodieuse, il avait appris, en autodidacte, à jouer de la guitare, ainsi que quelques musiques au piano. Une jeune fille tenta de s'approcher, mais au moment où elle ouvrit la bouche pour le saluer, le professeur les fit rentrer dans sa salle. Adam lâcha un léger soupir de soulagement le plus discrètement possible, non pas qu'il voulait être seul une année de plus, mais depuis l'apparition de son "problème", ses relations sociales s'étaient pas mal détériorées et manquaient de beaucoup de pratique.
Son premier cours dans ce lycée se trouvait être de l'art plastique. Il n'adorait pas cette matière, mais comprenait son intérêt et donnait son maximum. Après tout, l'art permettait de s'exprimer, de se confier, parfois d'hurler en silence. Adam pouvait mettre dans ses travaux tout ce qu'il ne pouvait partager, tout ce qu'il était "obligé" de garder pour lui. C'est donc avec un petit sourire que le brun se dirigea vers une place près d'une fenêtre, avant de se faire intercepter par la professeur, Madame Kzanecki. Elle le prit doucement par le poignet pour le mettre devant le tableau, tandis que les étudiants s'installaient en discutant entres eux et zieutant le petit nouveau. La première chose que releva Adam, et qui fut la seule à laquelle il daigna de donner de l'intêret, fut que la place qu'il convoitait avait été prise par la fille qui avait tenté de l'aborder précédemment. Cela le frustra un peu, mais il se dit qu'après, ce n'était qu'une place, et qu'il n'aura qu'à poser son cul autre part. Quelques minutes plus tard, la classe, en sombrant dans le silence (ce qui était une première), patientait pour la présentation de cette nouvelle personne inscrite à leur établissement. Tandis que la femme allait commencer à parler, Adam couvrit sa voix de manière à se présenter lui-même, craignant un faux pas de la professeur, ce qui le désespéra lui-même : encore une fois, il ne faisait pas confiance, alors que ce n'était qu'une présentation.
"Bonjour, je m'appelle Adam," démarra-t-il, "et je serai votre camarade au cours de cette année. J'espère avoir l'occasion de faire plus ample connaissance avec nombre d'entrevous (ce qu'il n'espérait en fait réellement pas), et je suis enchanté de vous rencontrer.»
-Merci Adam, j'attends de passer une bonne année avec toi et ta classe durant les trois trimestres qui arrivent. Tu peux aller t'asseoir à une place libre." lui répondit en souriant Madame Kzanecki.
A ces mots, le jeune garçon parti s'asseoir à côté d'un autre jeune homme, vers le fond de la classe. Il détailla rapidement son voisin, qui se trouvait être blond avec quelques mèches brunes, et doté de yeux verts mélangés à du doré. Adam ressenti une sorte de sentiment désagréable lorsque leurs regards se croisèrent, mais il n'y prêta pas attention, ne se sentant vraiment à l'aise avec personne, ses parents inclus.
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Trust Me.
General FictionDepuis ses douze ans, Adam n'est plus capable de faire confiance à personne. Il n'a même plus foi en ses parents, professeurs, et amis. La paranoïa diraient certains, mais il n'en est rien, cela le conduit juste à l'isolement et au renfermement. C...