Le collectionneur

l'enfant Timide

Aujourd'hui, un petit garçon aux yeux vitreux, attira mon attention. Était-ce sa démarche hésitante et fragile ou encore ce cou long qui portait une petite tête dont le front était baissé, semblant calculer des faits improbables ou des leçons qu'il n'aimerait pas réciter tant il en dégoulinait de sueur. les lèvres tremblantes par le froid, et les joues rougies de honte, il marchait tête baissée. je le dévisageai une seconde ou deux, J'entrepris même de le suivre ; sa silhouette se faisait dévorer par la foule pressée, les passants le bousculaient, mais il restait ainsi tete baissée devant le fait de sa petitesse qu'il ne comprit pas tout de suite, était sa faiblesse aussi faible était son corps et son esprit, il avançait dans la foule. Derrière lui, je l'écoutais marmonner et bégayer des leçons dont on sait qu'il n'y comprendrait rien. Oui le bon petit soldat maladroit qui voudrait bien faire mais qui ne sait sur quelle épaule déposer son fusil comme le bon petit soldat qui voudrait faire copain au lieu de comprendre que l'ennemi doit être anéanti et qu'il doit tirer. Oui ce petit être qui ne fout rien, mais qui observe. Ce qui avait de beau chez lui fit ses cheveux noirs. Un noir de jais, dont les boucles elles-mêmes s'entortillaient dans un entremêlement que l'on retrouverait bien dans ses balbutiements pour garder ses leçons bien en tete. Je redevrais plaisanter mais ce fut en effet très drôle de voir ce petit être encore tout engourdi déjà à terre, répéter comme un imbécile les mots que la science a donné pour acquis, ce petit être écrasé par la présence de ses camarades. 

En face d'eux c'est un petit animal que l'on s'apprête a dévorer. Oui un être qui inflige a mon cœur ce petit instant de pitié. Je photographiai son dos pitoyable et les magnifiques cheveux de jais. Je pense que lui et moi nous nous reverrons et ceci très bientôt.