Partie Unique

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LES MOTS DE LA LUNE A UNE AQUARELLE


Kim Taehyung x Park Jimin


Pensées de Kim le peintre rêveur


J'ai toujours été perdu dans mes pensées. J'avais les idées vaporeuses, je ne saisissais pas l'intérêt de ce monde terne. Je préférais les couleurs qui se peignaient à l'intérieur de ma tête, je préférais l'imaginaire. J'aimais imaginer.

Quand j'étais petit, mes parents me disaient que j'étais constamment dans la lune. Que je n'écoutais pas, que je n'étais pas assez attentif. Que je commençais à grandir et qu'il faudrait bien un jour que je devienne plus rationnel. J'avais bien essayé. J'avais tenté d'entrer dans ce monde qui ne me paraissait d'aucun intérêt.

Un soir, je m'étais rendu à un diner de mon entreprise, sapé comme un pingouin. Absolument mal à l'aise dans un pantalon droit étouffant mon ventre et un nœud pap' obstruant mes voies respiratoires. J'avais passé la soirée à discuter de mondanités absolument assommantes en compagnies de personnalités ennuyeuses qui ne voyaient que des choses ternes et ne discutaient que d'objets matériels. La nuit, quand j'étais rentré, j'avais le corps tremblant, les épaules courbés et mes talons n'étaient plus de ce monde à cause de l'étroitesse de ces chaussures trop strictes. Depuis lors que n'avais jamais réessayé de m'intégrer à cette société que je jugeais beaucoup trop droite pour mon esprit.

J'étais bien comme j'étais. Je m'entendais bien avec mon moi et cette compagnie seule me suffisait. J'avais besoin de liberté. J'avais besoin d'espace pour penser, de matière pour mes rêves, de toiles pour mes peintures, d'eau pour diluer mon aquarelle. Il me fallait de la fraicheur, du calme de la douceur et de l'air frais.

Je vivais mal dans cette grande ville bruyante et polluée. Le soir quand je me couchais et que la nuit n'était pas encore totale les lumières m'empêchaient de dormir, le bruit des pneus sur l'asphalte me faisait frissonner, les gens qui criaient dans la rue me rendaient triste. Ils troublaient le fil coloré de mes songes.

Je vivais mal ici. Et pourtant j'y restais.

Cet apparemment, je l'avais payé au prix de ma sueur. J'avais travaillé dur afin de réunir assez d'argent pour le loyer. Je ne pouvais pas l'abandonner, j'avais beau être mal, c'était ici qu'était ma vie. Je ne pouvais pas partir.

Et c'est pourquoi je rêvais.

Encore plus depuis que je vivais seul ici. Je rêvais car ainsi je pouvais m'échapper. Dans mes rêves, personne n'était là pour faire du bruit, il n'y avait pas de voix criardes ou d'air impur. Le ciel était bleu. L'horizon couleur arc-en-ciel. Les nuances de la nature étaient colorées, elles plaisaient à mes pupilles. J'étais seul mais je ne me sentais pas seul. J'étais libre et je pouvais aller où bon me semblais. J'étais léger et mon esprit pouvait divaguer. C'était souvent en me réveillant de ses rêves si doux que je me levais, allumais une bougie, saisissait mon chevalet et me mettait à peindre sur mon balcon.

Au beau milieu de la nuit.

J'aimais la nuit. La nuit les étoiles brillaient et la ville était plus tranquille, les voitures se faisaient plus rare, l'air était plus frais et moins pollué et mon esprit plus libre de penser. La nuit je pouvais dessiner des formes sur mes toiles, je pouvais diluer ma peinture, étaler mes couleurs pastels. La nuit était mon amie. Mais la nuit était éphémère. Il était fréquent que je ne finisse pas mes toiles avec le peu d'heures dont disposait la nuit. Il m'arrivais souvent de donner un dernier coup de pinceau aux instants où l'aube se levait. Ces instants de couleurs chaudes rayonnantes, où le monde dormait encore mais les animaux s'éveillaient. Lorsqu'on entendait les premiers champs des oiseaux. Lorsque le soleil chassait mon amie la lune pour son règne de chaleur et de bruit. L'aube signifiait le début de la journée pour moi et elle me rendait triste. Malgré ses belles couleurs je ne pouvais jamais m'empêcher de regretter mon astre pâle. Celui-ci même qui m'avait tenu compagnie toute la nuit.

◌ Les mots de la Lune à une AquarelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant