L'Embuscade

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Le ciel était calme par cette fraîche nuit de printemps ; les deux gardes, bien a leur poste, surveillaient d'un œil vigilant la large travée menant au petit bosquet devant lequel ils se tenaient. Le clair de lune se reflétait sur leur équipement rudimentaire et dessinait sur fond de ciel noir les traits pâles de leurs visages émaciés. Ils portaient tous deux une armure légère, faite de diverses plaques d'acier et de bouts de métaux glanés dans les environs, et qui s'assemblaient en une sorte de cotte de mailles grossière mais qui leur offrait néanmoins une protection basique.

A cela s'ajoutait un casque, jaune, probablement volé sur un chantier après le grand départ. A leur mains pendaient un fusil automatique dont l'extrémité reposait sur leurs genoux. Un étrange signe décorait chaque pièce de leur équipement : un triangle rouge dont chaque pointe était inscrite dans un cercle de couleur blanche. Symbole de leur clan, ce sigle était inscrit sur leur front de telle façon qu'on le reconnaisse de loin. Leur visage se distinguait grossièrement sous la pâle lumière de l'astre lunaire, et le trait qui était souligné et du reste le plus marquant était leur âge.Les deux sentinelles avaient au plus une quinzaine d'années.

L'homme, qui depuis tout ce temps les observait caché derrière un arbre, s'avança à découvert, faisant craquer une brindille sous ses pieds. Aussitôt les deux enfants le mirent en joue en criant :


-Arrêtetoi ! Un pas de plus et tu crèvera sous nos balles !


Obtempérant,l'étranger s'arrêta bien en vue.

Les gardes continuèrent en lui lançant :


-Ne bouge pas, assieds toi sur tes mains et ferme là ! Et au premier geste suspect je te jure que même ta sœur ne pourra reconnaître ta dépouille !


L'homme s'assit ainsi que le lui avaient ordonné les gardes, mais en posant ses mains à terre, il activa une petite puce qui lui avait été greffée a l'intérieur du poignet. Les deux sentinelles s'approchèrent et sans même lui demander qui il était, le plus jeune leva son arme et lui assena un violent coup de crosse sur le crâne, l'assommant sans détour.


L'étrangerouvrit les yeux, les referma de suite, se trouvant ébloui par lalumière ambiante. Après quelques tentatives infructueuses, sespupilles se contractèrent, lui permettant d'avoir une vision clairede l'endroit où il était. Voulant se frotter les yeux de ses mains,il s'aperçut qu'elles avaient été attachées à ses pieds, euxmêmes attachés à un tronc d'arbre. D'un mouvement brusque, ilessaya de se mettre assis mais ne réussi qu'à faire rentrer sesliens un peu plus profond dans ses poignets. Le bruit de sa tentatived'évasion attira l'attention du garde posté devant lui. Celui-ci seretourna et une fois de plus d'un geste vif, fit plonger leprisonnier dans l'inconscience.


Le semblant de cellule dans laquelle était détenu l'étranger se trouvait en bordure d'un petit village fait de huttes et de maisons rudimentaires. Les constructions étaient toutes très hétéroclites,et il n'était pas rare de voir un mur commencé en briques et se terminant par une simple palissade de bois, ou par de la chaume,comme si, lassés de la construction, les ouvriers avaient cherché à finir le travail le plus vite possible en le bâclant. Ce village comportant en tout une vingtaine de ces constructions étranges était situé dans une clairière au beau milieu d'un bois. Autre fait marquant et non des moindres, le village n'était peuplé que d'enfants. Ça et là, on pouvait voir gambader des bambins de tous âges vaquant à des occupations d'adultes -taillant du bois,récoltant des fruits, ou encore tel nos deux premiers personnages,en tenue « militaire » assumant la fonction de gardes oude sentinelles- comme s'il ne dépendait que d'eux de faire survivre leur petite communauté.

Les OmbresWhere stories live. Discover now