- Verre brisé, tête baissée -

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"- Tu sais Marco, tu as tellement de tâches de rousseur qu'on pourrait les relier entre elles.

- Je les adore perso, c'est comme des points lumineux dans la nuit, tu es en quelque sorte mon point lumineux à moi. "

Jean observait son compagnon, celui-ci à moitié endormi contre lui. Il aimait bien ce genre de moments, ceux où l'on a l'impression que le temps s'est arrêté. Ceux où on ne pense à rien d'autre qu'à celui qui nous occupe l'esprit.

Qu'est ce qu'il pouvait les aimer ces moments là. Le tâché tourna sa tête vers celui qui posait ses yeux ambre sur lui depuis près de dix minutes. Son visage prit une douce couleur rosée suite aux paroles du plus vieux.

Cela pouvait bien faire une paire d'années qu'ils étaient ensemble, ce genre de parole était toujours aussi touchante aux oreilles du brun.

Pour toute réponse à son compagnon il se colla plus contre lui. La lumière douce de l'orée du matin passa sur le visage de Jean faisant ressortir la pâleur de sa peau, la faisant briller telle une perle. Ses yeux couleur ambre faisaient ressortir tout l'amour qu'il portait pour Marco. Ces prunelles qui observaient le brun avec tant d'affection, qui le trahissaient lorsque le masque était porté durant la journée.

Jamais il ne s'était senti aussi bien que lorsque le tâché était à ses côtés. C'était tout bête, cette personne qui pouvait vois remonter le moral rien qu'en vous souriant. Marco avait cette capacité pour Jean.

Un bonheur presque irréel tant il était pur. Aucun des deux n'avait jamais autant aimé de leur vie.

Jean soupira. Passa sa main dans les cheveux bruns de son copain, ils étaient si doux, si soyeux. Aussi doux que dans son souvenir.

Il aurait voulu passer sa main toute la journée, savourer le bonheur présent, rien qu'en caressant le cuir chevelu de l'être aimé. Passer une journée entière à flâner, à profiter de la présence de l'autre, à rire aux éclats a chaque remarque ou blague, à juste s'aimer.

S'aimer comme au premier jour, s'aimer toujours, s'aimer encore, s'aimer à en crever.

Voilà ce que souhaitait Jean. Il ne souhaitait rien d'autre, tout simplement parce que son bonheur était déjà là, à ses côtés et ce, depuis plusieurs années.

Comment avait-il pu prévoir ce destin ?
Lui qui avait déjà imaginé toute sa vie.
Lui qui ne se voyait avec personne d'autre.
C'était tout bonnement impossible.
Jamais.
La vie était bien trop injuste.
Il n'avait rien demandé.
Ni lui, ni Marco.

Jean eut un sursaut, il bougeait tant. Son visage était tellement crispé. Il réussit à se détendre durant une dizaine de minutes puis son masque de douleur prit le dessus.

Il n'y arrivait plus.
La douleur.
Le sang, tout ce sang.
Il n'en pouvait tout simplement plus.
C'était trop.

Il finit par ouvrir les yeux, ces yeux ravagés par la douleur. Un visage d'une détresse immense était sous nos yeux depuis le début et personne ne l'avait remarqué.

La sueur perlait sur son front et ses cheveux restaient collés. C'était loin d'être la première fois qu'il se réveillait ainsi. Il était même devenu rare qu'il fasse des nuits entières et sans ces images horribles qui lui traversent l'esprit.

Seulement, cette fois Jean n'en pouvait plus. Ce cauchemar, cette chimère de sa vie passée aux côtés de sa moitié l'avait totalement vidé de l'envie de vivre. Il n'avait plus envie de résister. Il voulait juste lâcher prise. Laisser de côté cette carcasse vide qui lui servait de corps.

Son esprit vidé, son corps lâche, l'envie de remonter à la surface n'avait jamais existé pour Jean. De toute façon on ne pouvait pas dire que depuis que son compagnon s'en était allé, il ait réellement et concrètement "vécu". C'était même le contraire.

Il s'était laissé mourir, il n'avait plus eu aucun contact extérieur. Se laissant mourir à petit feu, ne se nourrissant que pour survivre.

Il vivait tel un revenant, n'ayant aucun but, aucun avenir, aucune volonté propre. Ne serai-ce que celle d'enfin rejoindre celui qui était parti bien trop tôt.

Alors ce soir, après toutes ces nuits à supporter ces cauchemars, à faire des nuits blanches suite à ces rêves qui ne le lâchaient pas, il avait décidé. C'était ainsi, il ne voulait plus lutter, c'était comme s'il accomplissait son véritable destin.

Les Parques avaient enfin coupé le fil. Il était libre. Il allait enfin atteindre son objectif, sa destinée était là, au bout de ses doigts.

L'eau était chaude.
Il put enfin devenir celui qu'il était.

Il plongea directement dedans, se brûlant la peau au passage.

Il allait enfin revoir sa moitié.

N'en faisant cure, il attrapa les lames.

Il sourit.

Il se mit à dessiner de jolies arabesques, une danse se mit en place, presque un ballet. Des boucles, tout était coordonné. À chaque passage la couleur s'intensifiait sur son poignet tandis que le reste du corps pâlissait.

Ses yeux se voilèrent peu à peu.

De douces gouttes glissaient le long de son bras, la douleur n'était que superflue. Il se laissa aller, et rejetta la tête en arrière.

  C'était enfin l'heure, le moment qu'il avait attendu pendant plusieurs mois sans réussir à y parvenir. Sa nature réelle se révélait enfin. Il tendit le bras, celui-ci retomba mollement dans l'eau devenue froide depuis.

  L'heure où les anges étendent leurs ailes et posent un baiser sur votre front. Le même ange qui vous a embrassé le jour de votre naissance, il vous a suivit, désormais vous deviendrez un des leurs.

  Jean sentit son coeur ralentir doucement, et il la vit. Cette douce lueur. Il eut l'impression que tout son être y réagissait. Il vit son bien-aimé lui tendre la main, une auréole scintillante à ses côtés.

  Il tendit également sa main.

  Il était de retour.

  La baignoire froide, le corps froid, le sang régnant en maitre, une scène de retrouvailles des plus sanglantes.

  Son esprit revivait, tandis que son corps mourrait.

  Un ange déchu venait de rentrer dans son pays. Ce pays où tout n'est qu'ordre et beauté, calme luxe et volupté.

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Ohayō ! Kon'nichiwa !

J'espère que je n'ai fait pleurer personne... Je suis fière (c'est sûrement la première fois que je le suis) de vous présenter cet OS JeanMarco bien qu'il soit triste.

  J'avais envie depuis tellement longtemps d'en écrire un ! J'espère sincèrement qu'il vous aura plu !
Je compte en réécrire d'autre si celui-ci vous a plu !

  La bizette
IlEtaitUneFoiis 🖊

[OS JeanMarco] - Verre brisé, tête baissée -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant