chapitre un : monochrome de blanc

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« J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges. »

Une saison en Enfer, Arthur Rimbaud, 1873.

Tout avait toujours été pour lui une histoire de couleurs.

Petit déjà il n'attendait que le coucher pour contempler la splendeur des cheveux de l'orient qui s'étendaient, flamboyants, grandioses, à couper le souffle sur les nuages en laine de mouton qui eux-même, stupéfaits, se paraient d'une robe rose. Rien n'était comparable à la révérence que tirait le soleil chaque soir aux yeux purs de Taehyung.

Et pour cause, cette passion d'enfance pour les tâches, le vif, les couleurs, il l'entretenait aujourd'hui dans ses études ; des études d'art en lesquelles il excellait. Ses parents d'abord réticents avaient dit, comme n'importe quels parents sensés l'auraient fait : « tu feras autre chose Taehyung, quelque chose qui mène à quelque part Taehyung, quelque chose qui paiera ton loyer et dont tu pourras vivre sans extra. » Mais lui, il était destiné. En fermant les yeux, ses beaux yeux prune.

Tiens, prune, quelle drôle de couleur d'iris.

En fermant ses beaux yeux prune naissaient ses prochains croquis dont les études étaient toujours terminées et immuables, et qu'il esquissait chaque fois les paupières closes comme maintenant ; en secret du reste du monde, c'était un dialogue de lui à lui-même.

Aujourd'hui eut lieu un cours spécial auquel il s'était accoutumé : l'esquisse de modèles vivants, autrement dit le dessin du nu. Il n'avait jamais été contre cela, malgré les gloussements des premières années avec lesquelles il, et le reste de sa classe, étaient mélangés, Taehyung ne comprenait pas l'embarras que certains trouvaient à cette pratique. Nous sommes nés comme ça, pourquoi faudrait-il en avoir honte, pensait-il bien souvent, et aujourd'hui encore lorsque les modèles du jours arrivaient. D'ordinaire il étaient tous différents selon les mois et les saisons. Il arrivait même que ces mannequins, rares étaient d'ailleurs les mêmes personnes, soient européens - ce qui, lorsque qu'il s'agissait de femmes, réveillait les hormones des plus charmeurs d'entre eux -.

Assit devant son Chevaleret à tailler son crayon HB02, il ne le remarquera pas de suite. Ce gringalet à la peau embrassée par le soleil, dont le visage était clair et droit, bâti si parfaitement qu'on le comparerait sans mal à un aigle. Il aurait fallu être aveugle pour ne percevoir la beauté transcendantale dont il était paré : un battement cil et les orbes prunes de Taehyung embrasèrent sa peau : ça y est, il l'avait vu.

La voix stridente de la professeure l'arracha de ses rêveries : « Notre sujet d'aujourd'hui s'appelle Jungkook, 22 ans, vous le dessinerez tous sous deux angles: face et de profil. Comme vous l'avez deviné chers étudiants il s'agit de réaliser un portrait, libre à vous quant au reste, vous avez carte blanche. »

Jungkook, hein.

Ce nom résonnait dans son esprit et qu'il le détaillait d'haut en bas.

Il avait de ces jambes pleines de chaires et formées ayant l'air fixées au sol comme des rochers, bien solides pour supporter sa carrure athlétique. Son thorax était large et saillant, maintenant qu'il avait fait tomber le haut sous les regards curieux des apprentis dont il suscitait visiblement l'attention. Son torse assurément doit être bien musclé avait pensé Taehyung, et oui, il l'était, musclé. Mais de ces muscles fins et si bien sculptés qu'on dirait un corps modélisé, un corps irréel, un corps parfait.

Il était nu, et la sonnerie venait de retentir, signe qu'il disposait à présent de quatre courtes petites heures pour réaliser ce portait double. Taehyung défricha sa chevelure d'un gris de velours vers l'arrière, réfléchissant, son crayon entre le rose de ses lèvres, mordues.

» spectrum | jjk x kth.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant