Prologue

28 4 0
                                    



Elle avait six ans la première fois qu'elle usa des flammes voyageuses.

Ses parents l'avaient abandonnée pour la dernière romance présentée en salle. Leur fille avait été confiée aux soins du voisin du dessous, un jeune à peine sorti du nid, mais dont les parents étaient de vieilles connaissances. Pour ne pas qu'il arrive un quelconque problème, il avait été convenu qu'ils resteraient dans l'appartement de la petite.

Celle-ci s'était éclipsée dès qu'il s'était endormi devant le dessin animé qu'il avait lancé pour elle.

Arrivée dans sa chambre, elle s'était de suite sentie apaisée. Le papier peint couleur de nuit, les étoiles phosphorescentes collées au plafond et les nombreuses photographies de son père contribuaient à donner à la pièce une ambiance tranquille. Avec un soupir de soulagement, la petite s'était glissée sous ses draps. Elle était heureuse d'avoir délaissé le salon, la pièce d'accueil de tout visiteur, et la plus impersonnelle de toutes.

L'enfant avait laissé son esprit vagabonder quelques minutes au gré des images murales avant que le sommeil ne la cueille.

Cependant, le voyage au pays de Morphée escompté n'eut pas lieu. En lieu et place de la noirceur du somme apparut un paysage qu'elle aurait qualifié de paradisiaque, si elle avait eu le vocabulaire nécessaire.

Alors que son corps se trouvait sous la couette aux motifs de nounours, son esprit, lui, était enivré par des odeurs d'air frais et de fleurs. Toute étourdie par cet environnement incroyable, la fillette s'avança d'un pas.

Nulle trace d'immeubles, ni d'une quelconque ville ou de trace humaine, où qu'elle posât le regard, ce n'étaient que plaines à perte de vue. Un bruit porté par le vent lui parvint dans son dos. Elle se retourna, ce qui fit s'envoler les sauterelles, et vit un homme assis en tailleur à même le sol.

Un oiseau lança un trille, signal attendu, et, soudain, le feu et de sang envahirent le monde. Le paysage se défigura ; plus de prairies, de faune ni de flore. Le sol présentait des fissures nombreuses, les flammes coloraient le ciel d'un rouge sang, le rouge qui inondait la terre.

Il ne s'agissait plus du même endroit, ce n'était plus la même époque. Seuls persistaient le vent, qui soufflait avec une intensité redoublée, et l'homme au sol.

Celui-ci se leva, flamme vacillante de vie contre la mort ténébreuse et contempla un instant le désastre. Il saisit la hampe d'une lance à moitié calcinée, la garda en main, comme pour en apprécier la matérialité, puis la jeta d'un geste brusque dans un brasier, à quelques mètres de là.

La mort avait imposé son silence au monde, seuls le déchiraient le hurlement du vent et le ronronnement des flammes.

L'inconnu se retourna, le regard fixé sur un objet au sol, qu'il ramassa. La lumière se refléta un instant dessus, puis il leva les yeux, droit sur la fillette.

Lorsqu'il l'aperçut, il sourit d'un air triste, puis reprit son expression grave. Il lâcha un soupir, audible malgré les rafales, et lui désigna le paysage stigmatisé d'un ample mouvement de bras. Alors, il s'approcha d'elle d'une démarche raide, titubante, et posa sa main sur l'épaule de la petite. Elle n'avait toujours pas bougé.

-Regarde, Ruby, voici pour quoi tu dois te battre. Je t'attendais. Nous t'attendrons tous.

L'incompréhension se lut dans les prunelles de l'enfant, reflet de ses pensées. Mais l'homme n'eut aucune réponse. Il se contenta de reculer d'un pas, et de disparaitre. Lui, et tout le tableau qui l'accompagnait.

La fillette se réveilla, entourée d'une chaleur presqu'insoutenable. Encore un peu endormie, elle ne remarqua tout d'abord pas qu'elle n'était plus dans son lit, puis l'odeur âcre omniprésente se chargea de l'éclaircissement de ses pensée. Des bruits de pas lui parvinrent et elle fut soulevée par quelqu'un. Elle se retrouva bringuebalée sur l'épaule d'un adulte en train de courir. Mais il ne courrait pas. Il fuyait.

Des plaques rouges et des cloques maculaient son autre bras, qu'il serrait contre lui, tandis qu'il la maintenait de l'autre. Il respirait avec peine, asphyxié par la fumée noire qui s'insinuait dans ses poumons.

Et la petite, face au danger, pu contempler avec effroi son appartement, son chez-elle, être la proie des flammes, qui dévoraient toute sa petite vie d'enfant.

En lieu et place du rêve étrange qu'elle venait de faire, ce fut cette vision de l'incendie qui se grava en elle. À jamais.  

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Hello les gens !

Voici donc la nouvelle version de L'Ordre du Dragon, que je suis très heureuse de vous présenter.

Le chapitre 1 arrivera... je ne sais pas quand (ma publication sera toujours aussi aléatoire), mais il ne devrait pas trop tarder !

J'espère que ça vous plaira, bises à vous !

Yami ^^

L'Ordre du Dragon - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant