27 Juillet - 21h03

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À genoux devant les toilettes, il cracha une dernière fois à l'intérieur avant de s'essuyer sommairement la bouche. Puis, une fois le bout de papier souillé jeté dans la cuvette, il tira la chasse d'eau, dans un vain effort de faire diminuer les odeurs nauséabondes qui régnaient dans la pièce.

Il passa ensuite les manches de son pull sous ses yeux gonflés afin que les preuves de son mal-être disparaissent et soupira, totalement exténué par ce qui venait de se passer. Il n'était plus un enfant. Pourtant à l'heure actuelle, il ne rêvait que d'une seule chose, être avec sa mère. Il voulait plus que tout retrouver son étreinte si douce et sentir sa chaleur réconfortante l'envelopper alors qu'elle le protégerait de ce monde hypocrite et malsain dans lequel il était plongé depuis tant d'années.

Mais l'instant d'après, sa gorge se serra à nouveau. Jamais elle ne devait être au courant de ça. Jamais elle ne devait apprendre combien il était devenu faible. Faible, au point où à ce moment précis, il se retrouvait dans l'incapacité totale de se relever sans chuter la seconde suivante. Ainsi, d'un geste las et empli de fatigue, son front se posa contre son bras, lui-même étendu sur le siège blanc, dans l'attente que son cœur cesse de battre à un rythme aussi effréné et que les tremblements incessants qui parcouraient son corps, conséquence de ses actes précédents, se calment.

C'est après être resté de longues minutes dans cette position avec comme seuls bruits son souffle encore haché et son sang tapant avec force contre ses tympans, qu'il se mit debout. L'une de ses mains prit appui sur le mur pour soutenir ses jambes toujours vacillantes et il se dirigea lentement vers le lavabo. Tout le long il garda le regard plongé vers le sol, refusant obstinément de poser les yeux sur le miroir face à lui car sachant pertinemment l'allure peu glorieuse qu'il devait arborer.

Arrivé devant celui-ci, il se courba légèrement pour se rafraîchir et mit ses mains en coupe. Il laissa l'eau se répandre entre elles puis la versa entre ses lèvres gercées dans l'espoir d'apaiser quelque peu son œsophage irrité.

Il prit ensuite le temps de se laver les dents dans un réflexe purement instinctif et les bras tendus, les mains appuyées sur le meuble, il jeta pour la première fois un regard à son reflet ne pouvant s'en empêcher plus longtemps. Un rictus de dégoût apparut sur son faciès alors qu'il se jugeait de manière impitoyable, ne se laissant à lui-même aucune chance.

Il avait vraiment l'air lamentable. Ses cheveux, trempés par la sueur et l'eau, étaient collés au niveau de ses tempes et de son front, encadrant son visage et le rendant encore plus blafard qu'il ne l'était en temps normal. De plus, des cernes immenses avaient pris place sous ses yeux bouffis injectés de sang et ses joues commençaient à se creuser au fil des repas qu'il sautait ou régurgitait de plus en plus souvent. Quant au reste de son corps, il ne voulait même pas en entendre parler.

Parfois, quand il se regardait, il lui arrivait de penser qu'il méritait tous ces commentaires désobligeants. Parce que, comment pouvait-on apprécier sa musique alors que lui-même la trouvait si insipide et fade ? Comment pouvait-on le regarder avec sympathie alors que lui-même ne se voyait que comme un être dénoué de beauté et de qualités ? Comment pouvait-on simplement l'aimer alors que lui-même n'y arrivait plus ?

Ses mains glissèrent sur le rebord du meuble et se crispèrent dessus, ses jointures devenant livides sous la pression qu'il exerçait. Il baissa une nouvelle fois la tête, les yeux clos et serra aussi fort que possible ses paupières, dans l'espoir d'oublier sa propre image si abjecte pour tant de personnes y comprit lui. Des sanglots recommencèrent à le parcourir et il se demanda comme cela était-il possible qu'il puisse encore verser des larmes au vu de toutes celles qui avaient déjà parcouru ses joues.

« Tes parents doivent vraiment être honteux de t'avoir comme fils. »

« Le monde se porterait bien mieux sans toi. »

« Tu pollues notre air. »

« Tu ne sers à rien. »

« Va te pendre. »

« Crève. »

I'm Kim NamjoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant